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Jeudi, 16 Janv. 2025

Face aux nouveaux racistes, Sonia Mabrouk et Mathieu Bock-Côté lancent l’alerte

Auteur : Alexandre Devecchio et Victor Rouart | Editeur : Walt | Samedi, 10 Avr. 2021 - 00h51

Sous couvert d’antiracisme, la nouvelle gauche identitaire mène une véritable révolution racialiste, affirment la journaliste Sonia Mabrouk et le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté dans leurs nouveaux essais.

Certains n’y ont vu qu’une révolte de circonstance. Et si c’était une révolution ?

C’était le 6 juin dernier, alors que la France était encore à demi confinée. Dans les rues de Paris, on pouvait entendre des slogans aussi délétères que « Sibeth traître à sa race » ou encore « Mort aux Blancs ». Ce jour-là, 20.000 personnes défilaient pour rendre hommage à George Floyd, tué quelques jours plus tôt à Minneapolis par un policier… américain. Parmi les organisateurs de cette marche, le collectif « La vérité pour Adama » emmené par Assa Traoré, qui allait devenir l’égérie, en couverture du Time, d’un nouvel « antiracisme » fustigeant le « privilège blanc » et l’État français « colonialiste » et « esclavagiste »… La plupart des observateurs ne voulaient y voir qu’un épiphénomène. Cette manif antiraciste du troisième type pourrait, tout au contraire, avoir marqué le basculement dans une nouvelle ère : le début d’une révolution racialiste importée d’outre-Atlantique.

C’est la thèse magistralement défendue par le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté et la journaliste Sonia Mabrouk dans leurs nouveaux essais respectifs. Les deux lanceurs d’alerte sont convaincus que dirigeants et observateurs ont tort de ne pas prendre au sérieux le danger de ce fanatisme identitaire qui avance sous couvert d’« inclusion » et d’« antiracisme ». Bien que minoritaires, les « islamo-gauchistes », « décolonialistes » * et autres « indigénistes » ne sont plus cantonnés aux marges de la gauche radicale ni même dans les facs de sciences humaines, constatent-ils.

Délires victimaires

Peu à peu, leur vocabulaire « ethniciste » et « genré » se banalise dans les discours médiatiques et politiques, ils dictent leur loi au CSA, sont présents au cœur même de nos institutions, dans les conseils d’administration des grandes entreprises, dans le monde de la culture, jusque dans les manuels scolaires. Pas un jour ne se passe sans que ces ayatollahs du politiquement correct ne tentent d’entraver la liberté d’expression, d’imposer leur grille de lecture communautariste de la société, et sans que les élites ne reculent face à leurs intimidations, leur accordant toujours plus de concessions. Dernier exemple en date, Audrey Pulvar enjoignant aux Blancs de se taire dans les réunions réservées aux Noirs : l’adjointe d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris et candidate aux élections régionales était invitée à réagir à la polémique suscitée par l’organisation de réunions interdites aux Blancs au sein de l’Unef. Mais on pourrait multiplier les exemples à l’infini : de la volonté d’imposer davantage de « diversité mélanique » à l’Opéra et dans la musique classique au procès en « suprémacisme blanc » fait à Napoléon, en passant par la chasse aux sorcières menée contre les professeurs suspectés d’« islamophobie » à l’université.
À terme, ce sont les fondements mêmes de notre civilisation qui pourraient être ébranlés par ces délires victimaires, affirment les deux essayistes. Car, comme le souligne Mathieu Bock-Côté dans La Révolution racialiste (Presses de la Cité), l’offensive est menée sur fond de basculement démographique et de désintégration culturelle. « Décoloniaux », « écologistes radicaux », « islamo-compatibles » : dans Insoumission française (L’Observatoire), Sonia Mabrouk décrypte les différents courants qui composent la nébuleuse identitaire pour montrer leurs contradictions, mais aussi leur convergence dans une même haine de la culture occidentale. Qui dit révolution, dit aussi contre-révolution. Si les deux essayistes déconstruisent brillamment les déconstructeurs, leurs essais respectifs peuvent aussi se lire comme des manuels de résistance. En exclusivité pour Le Figaro Magazine, les deux insoumis sonnent le tocsin.

Vos livres dénoncent ce que vous nommez la « révolution racialiste » et appellent avec force à une insoumission face à elle. De quoi s’agit-il exactement ? Pourquoi y a-t-il urgence à réagir aujourd’hui ?

Mathieu Bock-Côté – Le régime diversitaire connaît aujourd’hui son « moment 1793 ». Il se radicalise en se racialisant et réduit de plus en plus la vie politique et sociale à un conflit fantasmé entre les « Blancs » et les « racisés » – les premiers devant consentir à l’abolition de leurs privilèges, les seconds étant invités à revendiquer leur conscience raciale pour déchirer la fiction universaliste des pays d’Occident. Si je parle de 1793, c’est aussi parce que le régime diversitaire affiche de plus en plus ouvertement sa tentation totalitaire, comme on le voit avec la mouvance woke, qui représente son avant-garde fanatisée. La peine de mort sociale est réservée aux contradicteurs du régime : les meutes lyncheuses s’animent notamment, mais pas exclusivement, sur les réseaux sociaux, pour ruiner la réputation de ceux qui n’embrassent pas les nouvelles catégories idéologiques à la mode, qu’il s’agisse du « racisme systémique », du « privilège blanc » ou de tout ce qui réfère de près ou de loin à la transidentité. Nous assistons à une forme d’américanisation mentale des sociétés occidentales d’autant plus qu’elles se sont transformées démographiquement : la mouvance indigéniste veut pousser la population issue de l’immigration à s’identifier à la communauté noire américaine, même si leurs parcours historiques ne sauraient aucunement être superposés ni même rapprochés. Pour retourner une formule à la mode, on pourrait dire des mouvements indigénistes et décoloniaux européens qu’ils s’approprient culturellement de manière illégitime l’histoire des Noirs américains, qui est effectivement tragique. Mais tel est le propre du racialisme : il vient abolir la diversité des nations, des peuples, des cultures, des civilisations et des religions, pour réduire les hommes à leur couleur de peau. Devant cela, les élites occidentales se couchent. Aujourd’hui, en Amérique du Nord, les grandes entreprises infligent des campagnes de rééducation à leurs employés, invités à confesser leur privilège blanc et à faire acte de repentance. Je veux alerter ceux qui ne comprennent pas la dynamique idéologique de la présente révolution, qui nous conduit directement à une exacerbation de la conscience raciale et peut accoucher d’une société à la fois liberticide et conflictuelle, en plus de réinventer dans un langage progressiste le principe de ségrégation raciale, comme le proposait récemment Audrey Pulvar en flirtant avec le principe des espaces racisés non mixtes, et surtout, en invitant les Blancs qui s’y trouveraient à se taire !

Sonia Mabrouk – Selon moi, il y a deux phénomènes. L’accélération de ces thèses indigénistes, que j’appelle plus largement « déconstructrices » et, en même temps, un affaissement et une faiblesse de notre part. Dans le débat médiatique, on entend dire que ce sont des minorités. Qu’entend-on par minorité ? À partir du moment où nous avons affaire à un entrisme de ces minorités dans les domaines social, sociétal, théologique et politique, une masse d’intérêts convergents se forme et a pour but de réécrire l’Histoire, de diluer le sentiment national et, selon moi, d’accélérer un phénomène qui me paraît très inquiétant, que j’appelle la « décivilisation ». Pour décrire ces thèses déconstructrices, il m’est apparu important de les analyser à travers leurs figures militantes et médiatiques. En quelques années, les nouvelles incarnations du militantisme contemporain, modèles d’une gauche radicale, ont fait une entrée fracassante sur la scène politique, idéologique et médiatique. D’Assa Traoré, complaisamment couronnée « nouvelle figure de l’antiracisme », à Alice Coffin, symbole du néoféminisme radical, en passant par Camélia Jordana, qui vomit sa haine des policiers, et le maire de Grenoble, Éric Piolle, maître d’œuvre de la « dégenrisation » des écoles de sa ville, sans oublier ceux qui ont renforcé l’entrisme islamiste, toutes ces figures ont en commun de vouloir faire tomber le « système » et de lutter contre les discriminations croisées. Les déconstructeurs ont un plan de bataille. Ils savent ce qu’ils font et où ils veulent mener la France. Leur idéologie inquisitrice s’infiltre désormais dans tous les interstices de notre société pour faire du peuple français un peuple étranger sur son propre sol. À coups de repentance et de contrition collective, il sera bientôt interdit de faire référence à l’Histoire sans en demander l’autorisation aux ligues autoproclamées de vertu racialistes. C’est ce moment que nous essayons d’analyser.

Tous ces mouvements apparaissent tout de même très différents et extrêmement minoritaires… La vraie menace ne vient-elle pas plutôt de la montée en puissance de l’islamisme conjuguée au basculement démographique dans certains quartiers ?

S. M. – Je ne comprends pas qu’on puisse se poser la question de savoir s’ils sont ou non minoritaires. À mon avis, la question n’est pas là. Je prends l’exemple de mon pays d’origine : la Tunisie. Lorsqu’il y a eu la menace islamiste, qui s’est traduite en Algérie par des milliers de morts, nous n’avons pas cherché à connaître le nombre d’islamistes. La question était de savoir s’il s’agissait d’une menace importante, hégémonique. Faudrait-il ne rien faire au prétexte que toutes ces théories dangereuses seraient minoritaires ? Il faut regarder les domaines dans lesquels elles s’implantent. Quand elles sont dans les médias, dans la politique, à l’université, il est déjà trop tard. Même en étant minoritaires, elles sont présentes dans des sphères hégémoniques intellectuellement, théologiques et autres. Exagérons-nous l’ampleur de ces mouvements ? Je pense que non. Je préfère insister sur une menace et ne pas venir ensuite constater qu’elle a pris trop d’importance. Faut-il comparer les mouvements ? Il le faut, dans la mesure où eux-mêmes appartiennent à la même mouvance. Qu’ils soient indigénistes, racialistes ou autres, ce sont les mêmes qui vont vous critiquer ou vous traiter d’islamophobe, de raciste, etc. J’y vois de fait une convergence. Quand vous analysez les discours des figures de ces mouvements, les connexions deviennent évidentes. Ce n’est pas nous qui en faisons un ennemi structuré, ils sont là. Ils disposent, selon moi, des mêmes convergences d’intérêts, avec le même discours et un projet identique.

M. B.-C. – Oui, les minorités idéologiques radicales font souvent l’Histoire. Les groupes racialistes et décoloniaux cherchent à profiter des changements démographiques engendrés par l’immigration massive : ils croient disposer désormais d’une base sociale pour agir. Leur objectif : créer un sentiment d’aliénation chez les populations issues de l’immigration et construire chez elles une conscience raciale révolutionnaire. Nos dirigeants devraient prendre au sérieux ce fanatisme identitaire. Ils ne prennent pas la peine de lire les textes de cette mouvance et de décrypter la manière dont elle impose son hégémonie idéologique. Le « wokisme », que je définirai comme une hyper

sensibilité revendiquée aux minorités, pour peu qu’elles se définissent contre la figure du Grand Méchant Homme blanc, s’empare de concepts dont la charge émotionnelle est très forte, tout en en modifiant intégralement la définition. C’est ce que dit Robin D’Angelo, qui avoue sans gêne que tout son travail consiste à changer la définition du mot « racisme » : et c’est ainsi qu’au nom de la lutte contre le racisme, on en vient à diaboliser des réalités sociales qui n’ont absolument rien à voir avec lui. La même méthode est utilisée avec le terme « discrimination », ou « haine », ou encore « suprématie blanche ». Le commun des mortels, qui ne s’intéresse pas forcément à ces concepts, va se retrouver à utiliser ce langage. Il en est de même de bien des analystes qui se veulent raisonnables et qui ne se rendent pas compte qu’ils se laissent entraîner par un jeu de définitions dans un univers conceptuel qui n’a plus rien à voir avec l’universalisme, la démocratie libérale ou les cultures française ou québécoise. Nous sommes devant une véritable manipulation du langage qui nous fait basculer dans un univers fantasmé dont nous ne parvenons plus à sortir.

Quelles solutions proposez-vous ? Certains réclament la dissolution de ces groupes. Est-ce une solution ?

S. M. – Cette idéologie est tellement ancrée dans certains esprits que même en procédant à la dissolution de ces instances, je ne suis pas sûre que ce soit suffisant, bien qu’il faille le faire. Dans mon livre, je fais référence à une phrase de René Girard, qui fut l’un de nos plus grands penseurs, qui devrait plus que jamais nous interpeller : « Il nous faut entrer dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les croisades sont beaucoup plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du second Empire. » Face à la multitude des dangers qui nous menacent, le contemporain de Levinas et de Lévi-Strauss en appelle à un changement de mode de pensée lié au changement de paradigme que nous connaissons. Il nous appelle à voir plus large, plus grand, à sortir du cadre de pensée instantané pour épouser une vision millénaire. Cette vision passe aussi par un retour vers le sacré. Un retour qui me semble nécessaire non par mysticisme, mais, au contraire, par rationalité.

À côté de cette thèse girardienne, je pense modestement qu’il est possible de penser le sacré en dehors du religieux, de manière immanente et non transcendante, et de proposer un projet. Je pense qu’il est possible d’opposer aux « déconstructeurs » non pas une idéologie mais ce type de projet. La question que je pose est : comment atteindre le cœur et la raison des Français et des individus pour leur faire comprendre que c’est une menace civilisationnelle ? L’objectif reste de convaincre ceux qui ne le sont pas. L’homme moderne a imaginé que le progrès pouvait tenir lieu de projet de société. Selon moi, ces conceptions sont révolues et ont été balayées. Comment et par quoi peut-on remplacer ces conceptions ? Ce qui succédera permettra de résister à ces théories et ces idéologies. Retrouver le sacré, le beau, tout ce qui est immanent. Seulement, les responsables politiques aujourd’hui n’osent pas aborder ce thème. C’est pourquoi je parle du sacré, débarrassé de tous ses oripeaux religieux, comme solution. C’est à cette condition qu’il est possible de faire entrer une communauté qui pourra adhérer, quelles que soient ses croyances, à la philosophie du christianisme.

L’ouvrage Ressources du christianisme,de François Jullien, m’a convaincue dans ce sens. Il explique qu’il faut saisir le sacré, il faut l’intégrer au politique, pour intégrer toutes les personnes issues de diverses croyances religieuses dans une démarche « inclusive », même si je n’apprécie pas ce terme, qui va faire appel à la foi, et celle-ci sera opposable aux déconstructeurs. Il n’est pas interdit de rêver, d’imaginer que le roman national français puisse être aimé. Je ne suis pas née ici mais j’ai un attachement à cette civilisation. C’est pourquoi j’utilise le terme « insoumission ». Ce n’est ni un appel ni un sursaut. C’est une pente naturelle qui devrait être prise aujourd’hui et qui ne l’est pas. Nous sommes responsables de cette situation, par cette paresse intellectuelle, par cette anesthésie, nous sommes nous-mêmes en train de procéder à cette déconstruction. Nous précipitons nous-mêmes ce mouvement de décivilisation. Un projet alternatif est possible, mais encore faut-il en accepter l’idée afin qu’il soit diffusé et diffus.

M. B.-C. – La question du régime est fondamentale : c’est mon côté aristotélicien. Le régime diversitaire dénature la démocratie libérale, et nous devons restaurer cette dernière. Je suis effaré par le caractère contraignant des lois encadrant la liberté d’expression en France, qui servent en fait à formater idéologiquement le débat public. Je suis effaré par certaines instances de contrôle de la parole publique, tel le CSA, qui prétendent faire le tri entre les discours autorisés et ceux qui ne le sont pas. La première étape, à court terme, est donc d’entreprendre la restauration de la souveraineté démocratique, notamment contre le gouvernement des juges, et de la souveraineté nationale, qui ne doit plus être harnachée par des « traités » qui relèvent moins du droit international que de la gouvernance globale. L’impuissance à maîtriser l’immigration en témoigne. On devrait aussi se demander dans quelle mesure il est légitime que l’État finance à même les fonds publics un nombre incalculable d’associations militantes qui font la promotion active du racialisme.

Mais parlons à plus long terme. Évidemment, l’action politique est essentielle, et je crois aux vertus d’une thérapie de choc pour se déprendre du régime diversitaire, mais elle ne suffira pas. Il est nécessaire de changer de temporalité. Nous ne choisissons pas notre époque. Notre époque est celle de la dissidence intellectuelle et culturelle contre la tentation totalitaire du régime diversitaire. Que faire ? D’abord tenir. Ne pas céder. Ne pas capituler. Garder vivants des principes essentiels et un certain patrimoine de civilisation. Tel est le rôle des hommes et des femmes de notre temps. Nous ne pouvons plus nous contenter de tenir tête au régime diversitaire au nom du sens commun : il faut savoir au nom de quoi nous nous battons. Sonia Mabrouk nous demande ce que nous tenons pour sacré. Quel est le sacré disponible pour nous, modernes ? Il s’agit, je crois, de notre droit à la continuité historique, à la fois comme peuples et comme civilisation. C’est une certaine profondeur existentielle au sein de la communauté politique. L’Histoire nous apprend aussi que nous ne saurions nous priver d’un vrai sens de la transcendance pour sauver la cité lorsqu’elle rencontre des périls existentiels. La démocratie libérale ne s’est jamais très bien défendue par elle-même. Elle a besoin d’un patrimoine de civilisation auquel s’alimenter pour ranimer le cœur des âmes, pour réveiller leur âme, pour les faire passer du domaine de l’« avoir » à celui de l’« être ». C’est un paradoxe, mais Churchill, de Gaulle et Soljenitsyne ont défendu la démocratie au nom d’idéaux, qui aujourd’hui entraîneraient leur condamnation. Au Québec, un mot fait partie de notre histoire : la « survivance ». C’est-à-dire persévérer dans son être dans un environnement global qui compromet jusqu’à l’existence de la nation, et peut la condamner à une forme de dissolution historique. Il est possible que nous nous retrouvions, aujourd’hui, dans un moment de « survivance » dans l’histoire occidentale.

La France n’est-elle pas le pays le mieux armé pour résister à toutes ces menaces ? Ses défenses immunitaires viennent-elles de son aspiration à l’universel ou au contraire de son identité nationale ?

M. B.-C. – La France incarne une résistance singulière dans le monde occidental qui est absolument admirable. Qu’on me permette d’y aller dans l’ordre pour répondre à votre question : il y a une culture française, des mœurs françaises, une identité française, qui portent une conception de l’universel, et qui sont travaillées par elle. C’est de tout son être que la France résiste à la révolution racialiste. Elle porte une expérience du monde qui va au-delà de toutes les idéologies : il m’arrive de me demander si les Français sont conscients de la profondeur existentielle de leur culture et de la vision du monde qu’elle exprime. La conception française de l’universel me semble particulièrement inspirante. Toutefois, cela dit : l’homme n’est jamais immédiatement universel, et s’il croit devoir renoncer à ses appartenances pour le devenir, il ne s’émancipera pas, mais se mutilera. C’est à travers une culture, des mœurs, une histoire, une sensibilité qu’il se projette dans le monde et peut interpeller ensuite les hommes de toutes les cultures. Mais soyons-en assurés : si la culture française s’effondre, la conception de l’universel qu’elle porte s’asséchera et dépérira.

S. M. – La France est universelle et son universalisme est singulier. Ce qui est formidable est que tous ceux qui épousent les idées de la France deviennent universels, non par la force des choses, mais par la force de l’Histoire et des croyances et convictions. C’est une sorte de contrat de mariage. Je pense que la France n’est pas universaliste par essence, mais elle pousse à le devenir – du moins ceux qui ont envie de cette reconquête existentielle.


- Source : Le Figaro

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