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La lanceuse d’alerte Chelsea Manning menacée de faillite par des amendes punitives

Auteur : Oscar Grenfell | Editeur : Walt | Mercredi, 26 Juin 2019 - 11h23

Jeudi dernier, les avocats de la courageuse dénonciatrice Chelsea Manning ont contesté en justice les amendes que lui a imposées le mois dernier un juge fédéral américain. Son équipe juridique a averti que ces pénalités financières sans précédent la menacent de ruine financière imminente.

Manning est emprisonné par l’administration Trump depuis le 16 mai pour avoir refusé de faire un faux témoignage devant un grand jury contre WikiLeaks et son fondateur Julian Assange.

Son emprisonnement s’inscrit dans le cadre de la tentative de Washington d’enfermer Assange en prison pour avoir révélé ses crimes de guerre et complots diplomatiques. Londres a donné le feu vert à des audiences en février 2020 pour l’extrader vers les États-Unis sur 17 chefs d’accusation en vertu de la loi sur l’espionnage. Il risque une peine maximale de 170 ans d’emprisonnement.

Dans une décision rendue le mois dernier, le juge Anthony Trenga a non seulement ordonné que Manning soit détenue en prison jusqu’à ce qu’elle accepte de témoigner devant le grand jury; il lui a également imposé des amendes de $500 par jour, à compter d’un mois de prison. L’amende passera à mille dollars par jour après deux mois d’emprisonnement.

Les sanctions sont entrées en vigueur le 15 juin. Manning a donc déjà été condamnée à une amende de 5.000$. Sa page Twitter, gérée par son équipe juridique et ses plus proches collaborateurs, a rapporté le 20 juin que Manning avait perdu son appartement.

Un Tweet subséquent déclarait: « Elle peut payer les $500 d’amendes journalières pendant 11 jours avant d’être ruinée ». Ainsi, si les amendes sont appliquées, Manning fera faillite cette semaine.

Jeudi, les avocats de Manning ont présenté un mémoire proposant des audiences pour évaluer sa capacité de payer les amendes. Son équipe juridique cherche à déposer des documents qui, selon elle, démontreront qu’en raison de sa persécution prolongée, Manning n’a presque pas d’argent.

L’administration Obama a poursuivi la lanceuse d’alerte pour avoir divulgué à WikiLeaks des documents et des vidéos diplomatiques et de l’armée américaine révélant des crimes de guerre en Irak et en Afghanistan, ainsi que les inégrences mondiales de Washington. Elle a été emprisonnée entre 2013 et 2017 et soumise à des traitements considérés comme de la torture par des experts de l’ONU et des organisations internationales de défense des droits de l’homme.

Le 8 mars 2019, Manning a été déclarée coupable d’outrage au tribunal et emprisonnée pour avoir refusé de participer aux audiences visant à lui porter de fausses accusations contre Assange. Elle a été libérée le 9 mai, à l’expiration du mandat de ce grand jury,puis immédiatement forcée à comparaître à nouveau et emprisonnée cruellement une semaine plus tard.

Dans une déclaration accompagnant le dépôt légal la semaine dernière, Manning a dit: « L’État pense, et peut-être le grand public, que j’ai des ressources simplement parce que je suis une personnalité publique. Or ce n’est tout simplement pas vrai. M’enrichir n’a jamais été ma priorité ».

Elle a conclu, « Je fais le travail que je fais pour la même raison de tout ce que je fais: parce que je veux faire bouger les choses. Mon incarécration a totalement interrompu mon travail. Je ressens certainement le coût de ces sanctions, mais je ne me suis jamais attendue à une vie confortable, et je préférerais être endettée à jamais plutôt que de trahir mes principes ».

Selon le Projet Sparrow, les avocats de Manning feront valoir lors de futures audiences qu’elle ne sera pas en mesure de payer les amendes, car elles sont beaucoup plus élevées que sa richesse actuelle ou potentielle. Ils relèveront aussi que «c’est inouï qu’une personne soit frappée d’amendes aussi lourdes, surtout lorsque l’affaire sous-jacente n’implique pas d’inconduite financière».

L’équipe juridique de Manning pourrait aussi faire valoir que les amendes, et son emprisonnement, sont illégaux, car elles ne la contraindront pas à coopérer avec l’investigation.

En vertu de la législation en vigueur, les amendes et les peines d’emprisonnement ne peuvent être imposées que s’il existe une possibilité raisonnable qu’elles forceront un témoin à témoigner. Sinon, elles sont considérées comme une punition illégitime.

Des questions de plus en plus nombreuses sont posées sur pourquoi Manning reste en prison, alors que le ministère américain de la Justice a déjà dévoilé son acte d’accusation contre Assange.

Selon lois britanniques et américaines, les personnes extradées du Royaume-Uni vers les États-Unis ne peuvent être accusées d’autres crimes que ceux qui figurent dans la demande d’extradition, ou qui auraient été commis après présentation de la demande.

En réponse à une requête déposée par l’équipe juridique de Manning pour que les sanctions contre elle soient reconsidérées, le ministère américain de la Justice a déclaré le 14 que «le témoignage de Manning demeure pertinent et essentiel à une enquête en cours sur des accusations ou des cibles qui ne sont pas incluses dans le nouvel acte d’accusation».

Cet acte d’accusation contient les accusations publiquement dévoilées contre Assange.

La réponse soulève la possibilité que les États-Unis cherchent à imposer d’autres accusations contre Assange, autres que celles qu’ils ont déjà révélées. D’autres chefs d’accusation à l’encontre d’Assange pourraient entraîner la peine de mort. Washington aurait intérêt à dissimuler de telles accusations, afin de contourner les dispositions interdisant l’extradition depuis le Royaume-Uni pour les chefs d’accusation passibles d’une peine maximale de la peine capitale.

La réponse est également un avertissement que le gouvernement américain prépare une attaque légale plus large contre WikiLeaks, et contre ceux qui l’auraient aidé, à la fois aux Etats-Unis et au niveau international.

Le ministère de la Justice prépare vraisemblablement d’autres actes d’accusation ciblant des collaborateurs de WikiLeaks. Selon un rapport publié dans l’Associated Press le 16 juin, des enquêteurs américains ont reçu du gouvernement équatorien la permission d’interroger Ola Bini, un programmeur suédois et ami personnel d’Assange arrêté le 11 avril par le régime équatorien de Lenin Moreno.

Bini a été détenu pendant près de deux mois sans inculpation ni preuve qu’il eût commis un crime. Libéré de prison la semaine dernière, il fait toujours l’objet d’une enquête. Les enquêteurs américains chercheraient à l’interroger à Quito ce mercredi.

The WSWS International Editorial Board last week issued a statement calling for a Global Defence Committee to coordinate a worldwide campaign to prevent Assange’s extradition to the US, and to secure his and Manning’s complete freedom.

Le Comité de rédaction de WSWS International a publié vendredi une déclaration appelant à la création d’un Comité de défense mondial pour coordonner une campagne internationale pour stopper l’extradition d’Assange vers les Etats-Unis et le libérer, avec Manning.

Dans le cadre de cette lutte cruciale, les Partis de l’égalité socialiste à travers le monde organisent réunions et rassemblements, y compris une série de manifestations en Australie à partir de samedi.

Les manifestations, à Sydney, Melbourne et Brisbane, exigeront que le gouvernement australien utilise ses pouvoirs diplomatiques et juridiques pour bloquer l’envoi d’Assange aux Etats-Unis et pour assurer son retour en Australie, avec une garantie contre toute nouvelle persécution politique.


- Source : WSWS

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