Pendant que Carrefour supprime des milliers de postes, son ex-PDG empoche près d’un million supplémentaire
Parti à la retraite en juillet 2017, Georges Plassat va percevoir une « part variable » de près d’un million d’euros au titre des performances de 2017. Sa retraite annuelle a également été augmentée à 517.810 euros annuels. Des zéros qui s’ajoutent à ceux déjà annoncés. Dans le même temps, Carrefour s’apprête à supprimer plus de 2.000 postes.
Ciel dégagé tout en haut de la cordée. Même si Georges Plassat a quitté son poste de PDG de Carrefour en juillet 2017, les millions d’euros continuent de s’amasser sur son compte en banque quand, dans le même temps, l’entreprise dont il était à la tête s’apprête à supprimer 2.400 postes. D’après CheckNews de Libération, qui s’est penché sur les rémunérations de l’ancien patron, près d’un million d’euros va même s’ajouter à sa fortune dans quelques jours…
En effet, après validation de l’assemblée générale des actionnaires ce 15 juin, l’ancien PDG touchera 896.593 euros de part variable au titre de 2017, une décision prise par le conseil d’administration le 11 avril. Soit, tout de même, près de 65 années de Smic net… alors que Georges Plassat est parti à la retraite en juillet 2017 ! Retraite qui, d’ailleurs, a également été revalorisée récemment : initialement prévue à 453.000 euros par an, elle a été augmentée lors du même conseil d’administration du 11 avril. Et s’élèvera finalement à 517.810 euros annuels.
Résumons : il y a deux mois, Carrefour a décidé d'accorder 896.593 euros de plus à son ancien PDG, et de lui donner 64.810 euros par an de retraite supplémentaire par rapport à que ce qui était programmé et raconté par MarianneMarianne. De quoi garder un peu de marge en cas de coup dur...
16 millions déjà touchés en 2017
Georges Plassat n'était pourtant pas exactement dans le besoin. Au titre de 2016, il a ainsi touché près de 10 millions d'euros, soit la plus grande rémunération du CAC40. Cette somme se décompose en rémunération fixe (1,5 million), variable (1,8 million), "rémunération à long terme pour l'exercice 2015/2016"(3,2 millions), jetons de présence (65.000 euros), avantages en nature (une voiture de fonction avec chauffeur) et 140.000 actions "liées à l'exercice 2016/2017", d'une valeur de 3 millions d'euros. La pêche a été bonne l'année suivante également... Lors de son départ à la retraite en juillet 2017, le sexagénaire a touché 13,2 millions euros et une prime de départ de 4 millions d'euros, pourtant déconseillée par le code Afep-Medef pour les dirigeants arrêtant de travailler ! Pas embarrassé, Carrefour a fait signer à Georges Plassat une "clause de non-concurrence" et lui a lié la prime de 4 millions afin de "contourner l'obstacle".
Autre cadeau de départ : 140.000 actions gratuites, valant 3 millions d'euros lors de leur attribution. 16 millions l'année de son départ pour Georges Plassat ; on a connu des pots d'adieu plus tristes.
Impossible de justifier ces cadeaux par la "concurrence" qui règnerait entre les grands patrons de ce monde et viserait pour les entreprises à attirer les meilleurs talents : Georges Plassat part à la retraite. D'ailleurs, ses rémunérations mirifiques ne se justifient pas spécialement par la virtuosité de ses performances à la tête de Carrefour entre 2012 et 2017. La firme de grande distribution a ansi raté le tournant du hard discount sous la direction de son fortuné patron. Visionnaire, celui-ci avait décidé en juin 2014 de faire racheter à Carrefour 800 magasins Dia. Début mai, l'entreprise a annoncé que 243 d'entre eux seraient fermés. Plus de 2.000 salariés sont menacés de perdre leur poste. Un plan de réorganisation qui n'a certes pas été décidé par Plassat, mais qui découle directement de ses décisions. Visiblement, ces erreurs stratégiques n'ont pas eu un grand impact sur les rémunérations du dirigeant. Il faut croire que les premiers de cordée ont toujours un piton auquel se raccrocher.
- Source : Marianne