«Le tsunami financier ou comment le système financier nous menace tous»
Pendant que les banques centrales de différents pays impriment sans cesse de nouveaux billets, Wall Street invente de nouveaux mécanismes complexes pour plonger le monde dans la dette - jusqu'à ce que la bulle éclate. Le spécialiste de la finance Ernst Wolff explique le mécanisme dans une interview à Sputnik.
Ernst Wolff, spécialiste de la finance et auteur de best-sellers remarqués par le magazine Der Spiegel, décrit de manière très simple et compréhensible dans son nouveau livre «Le tsunami financier ou comment le système financier nous menace tous» comment la branche financière s'est transformée en principale force motrice de l'économie mondiale. Il compare le système financier à un patient.
«Le patient a environ 75 ans. Notre système financier, en principe, a été fondé aux USA, plus exactement à Bretton Woods en 1944. Et le patient connaît de plus en plus de difficultés car un jour, en 1998, il a déjà failli mourir, puis une autre fois en 2007/2008. Depuis la deuxième crise il est maintenu en vie de manière artificielle».
D'après l'expert le système financier est actuellement au service de réanimation. Dans son livre, l'auteur se plonge assez profondément dans l'histoire. Pourquoi les décisions prises par des banquiers il y a cent ans restent-elles aujourd'hui d'actualité?
«De nombreuses personnes ignorent encore aujourd'hui que la Fed n'est pas une institution publique: elle est entre des mains privées. C'est un cartel bancaire contrôlé par plusieurs grandes familles très riches. Ce fait a été obstinément passé sous silence au cours de l'histoire».
Selon l'interlocuteur de Sputnik, les guerres ont toujours contribué à la croissance économique.
Exemple: après les guerres menées par les USA, ce sont les compagnies américaines qui sont responsables de la reconstruction ou les compagnies qui ont coopéré avec les vainqueurs.
Se souvenant du Plan Marshall, Ernst Wolff explique qu'il était tout sauf un projet désintéressé. «Il a été la première opération gigantesque de redistribution d'argent des contribuables entre les groupes américains. L'argent envoyé en Allemagne était l'argent des contribuables, et il était alloué à condition que ce soient les compagnies américaines qui reçoivent les commandes. Le conte de fées selon lequel le Plan Marshall était une grande action caritative des USA est aussi mensonger que l'affirmation de monsieur Schäuble, ces dernières années, selon laquelle l'argent accordé à la Grèce était une aide».
Alors que le dollar continue de jouer un rôle clef dans l'économie mondiale, il traverse une période difficile parce que les USA eux-mêmes vivent une période difficile, estime l'expert.
«Ils (les USA, ndlr) ont désormais de puissants concurrents sur le marché mondial, avant tout la Chine. Mais il faut du temps pour que le changement de la principale monnaie mondiale se produise. Ceux qui ont déjà tourné le dos au dollar ont payé le prix fort. Saddam Hussein fut le premier à avoir tenté de vendre son pétrole en euros — et il a été exécuté. Puis c'est Mouammar Kadhafi qui a essayé de faire la même chose, et nous savons comme il a fini. Le conflit avec l'Iran a commencé après que Téhéran a annoncé son intention de vendre son pétrole en euros. Ces derniers temps nous assistons à un conflit similaire avec le Venezuela», résume Ernst Wolff. Ainsi selon lui, l'ère du dollar n'est pas encore terminée, mais elle touche à sa fin.
«L'économie financière est infiniment plus grande que l'économie réelle, et elle s'en est complètement détachée. Pourtant, elle ne produit aucune valeur. Ces 30 dernières années, elle s'est transformée en «casino» gigantesque où l'argent se déplace en faisant des allers-retours».
Étant donné que ce système repose sur des prêts qu'il est nécessaire de rembourser, il faut constamment y injecter de l'argent. C'est ce que font les banques centrales, notamment le FMI et la BCE, qui sont donc les plus grands manipulateurs du système financier, estime le spécialiste. «Elles impriment tout le temps de nouveaux billets qu'elles proposent maintenant à taux zéro, voire négatif».
Le principal problème, selon l'interlocuteur de Sputnik, est que la plupart des gens ignorent tout simplement l'origine de nombreux problèmes.
«On parle beaucoup des réfugiés en Europe. Ils sont également le produit des processus à l'œuvre dans le secteur financier. Les deux principales raisons de la crise migratoire sont les inégalités sociales et les guerres. C'est le secteur financier qui en est responsable. Les grands investisseurs se font secrètement de l'argent sur les guerres et se partagent les pays du Tiers monde comme une bûche de Noël», conclut Ernst Wolff.
- Source : Sputnik (Russie)