Libéralisme moderne et trouble mental
Nous avons tendance à penser que l’étatisme et ce qui se fait passer pour du socialisme, sont des expressions de la politique moderne. Ces expressions prétendument politiques ne sont pourtant ni modernes, ni particulièrement politiques. Le dogme libéral moderne n’est rien de plus que le dernier symptôme d’un certain type de psychologie humaine.
Le temps a donné aux êtres humains, en particulier aux hommes, le désir de contrôler ce que fait autrui et leur environnement ; c’est pourquoi l’humanité a si bien réussi du point de vue matériel. Chez certains individus, cette tendance psychologique à contrôler devient si extrême, que nous la voyons comme une maladie mentale. Le trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive (TPOC) en est un bon exemple.
Il est parfaitement correct de dire que quasiment tous les politiciens présentent à divers degrés des caractéristiques du TPOC. Mais, dans le monde moderne, les libéraux manifestent-ils ces symptômes plus fortement que les autres ? Il y a de solides arguments en faveur de cela.
D’après les psychologues, le TPOC se caractérise ainsi : « Préoccupation du détail, de l’ordre et des règles ; perfectionnisme extrême, occasionnant des dysfonctionnements et de la détresse quand la perfection n’est pas atteinte ; désir de contrôler les gens, les occupations et les situations ; incapacité à déléguer les tâches ; rigidité et entêtement mental », et enfin, « inflexibilité sur la morale, l’éthique ou les valeurs ».
Tout cela ne semble-t-il pas familier ?
Traits typiques des personnes atteintes du TPOC, elles créent des modes de gouvernement autoritaires laïques, notamment des régimes socialistes. Mais les libéraux modernes souhaitent également toujours contrôler chaque aspect de la société et diriger jour après jour le moindre comportement des individus. Les quelques libertés qu’ils prétendent désirer promouvoir, ou ne pas supprimer, sont invariablement des libertés qu’ils apprécient personnellement pour eux-mêmes.
Les libéraux sont eux-mêmes convaincus que tout ce qu’ils font c’est pour notre propre bien. Il s’agit pourtant de la même illusion que se font la plupart des dictateurs, et aussi ces religieux qui cherchent à pénétrer dans l’esprit des gens. Ce qu’il y a vraiment derrière tout ça, c’est la mentalité de contrôle, et non pas de la charité ou un mode politique. Le socialisme, qui porte en lui la nécessaire justification, superficiellement attractive, de l’autoritarisme, est simplement une doctrine sympathique visant à accrocher.
En fait, la raison invoquée par de nombreux socialistes pour justifier le fait qu’ils ne donnent pas eux-mêmes aux organismes de bienfaisance, c’est que « c’est le rôle de l’État de s’occuper de nous ». Parfois, participant à ce qu’ils appellent « œuvre de bienfaisance », il ne font habituellement qu’une série de coups de pub promotionnels en faveur de leur propre programme de contrôle, de leur ordre du jour socialiste et de leur propre image publique. Par exemple, la manière la plus inefficace, la plus dégradante (mais, ce qui est plus important, qui assure le contrôle), d’aider les gens qui, à cause d’un malheur passager, n’ont pas d’argent pour manger, est de collecter pour eux de la nourriture et de la distribuant par l’intermédiaire d’une banque alimentaire.
Il y a des choses à dire sur la distribution de la nourriture donnée par les fabricants, nourriture en trop qui serait autrement jetée, mais cela n’a aucun sens que quelqu’un achète de la nourriture pour la donner à une banque alimentaire pour la redistribuer. La banque alimentaire doit stocker les aliments dans un entrepôt, garder la maîtrise des stocks et les emballer dans des boîtes appropriées pour les livrer à des bénéficiaires reconnaissants. Les coûts, avec l’immense temps passé en bénévolat, sont totalement disproportionnés par rapport au résultat. Certaines banques alimentaires reçoivent même des subventions de la municipalité !
Ne serait-il pas mieux de supprimer toute cette machine administrative et simplement donner de l’argent ceux qui sont sans le sou pour qu’ils s’achètent quelque chose au supermarché ? Le bénéficiaire peut ainsi acheter ce qui est en promotion, se concentrer sur ce dont il a besoin, et obtenir beaucoup plus en dépensant leur argent disponible que ce que la banque alimentaire ne pourra jamais lui donner. Posez cette question aux exploitants d’une banque alimentaire, et ils vous répondront : « Il n’y a aucune garantie que la personne dépensera l’argent de manière avisée. » Pourtant, simultanément, ils insistent sur le fait que la raison pour laquelle quelqu’un a besoin de don de nourriture est, en premier lieu, à cause de l’austérité, de la réduction des prestations, etc. Ces deux points de vue sont incompatibles. Ainsi, quelqu’un sans le sou, supposé affamé, ne pouvant pas compter sur un petit don d’argent pour se nourrir, serait dans sa situation parce qu’il préférerait choisir de dépenser son argent d’abord pour des choses que la banque alimentaire désapprouve.
La distribution de boîtes de nourriture, quelle qu’en soit la façon, constitue une meilleure publicité que de donner de l’argent au bénéficiaire pour qu’il achète ce qu’il veut. Cela permet aux exploitants de banque alimentaire d’apparaître dans les journaux et à la télévision, pour faire avancer leur propre agenda politique personnel et maintenir un contrôle de la plus haute importance sur celui qui reçoit la nourriture. Promouvoir et maintenir la dépendance est un moyen sûr d’exercer son contrôle ou, du moins, de maintenir l’illusion auto satisfaite que vos décisions en faveur de quelqu’un ont amélioré sa vie. La possibilité que le bénéficiaire de la nourriture, sachant qu’il obtiendra de la nourriture gratuite, puisse dépenser l’argent dont il dispose déjà pour autre chose, ou même vendre sa boîte de nourriture à quelqu’un pour pouvoir acheter des bouteilles de cidre, ne leur vient pas à l’esprit.
Parmi les caractéristiques de ceux qui aiment contrôler, il y a l’assurance arrogante de tout connaître. L’exploitant de la banque alimentaire s’arroge toujours le droit de juger les mérites de ceux qui viennent se nourrir. La possibilité que ces gens soient plus intelligents que lui n’est pas envisagée.
Les infirmiers sont apparemment obligés désormais de compter sur les banques alimentaires. Laissons de côté la question de savoir pourquoi les membres d’une profession – qui ont un salaire minimum de 23 000 livres sterling par an, et où il est facile de faire des heures supplémentaires – sont « forcés » de compter sur la banque alimentaire, alors que ne le font pas deux millions de retraités vivant uniquement de la pension d’État minimum, de moins de 8500 livres sterling par an. Pourquoi l’infirmier a-t-il besoin de choisir la banque alimentaire pour se faire donner de la nourriture ? Du point de vue des opérateurs de la Banque alimentaire, rien de cela ne compte. En distribuant de la nourriture, ils ont ce qu’ils veulent, tant du point de vue de la plénitude psychologique que de la publicité personnelle.
Quoi qu’il en soit, la nourriture a coûté jusqu’à dix fois plus (si ce n’est d’avantage), pour nourrir des individus qu’on laisse dans un réel désespoir à cause de cette humiliation. Alors que leur donner une petite somme d’argent leur permettrait au moins d’avoir le sentiment d’être indépendant.
Le Bon Samaritain avait emmené son blessé dans une auberge, avait donné de l’argent à l’aubergiste pour qu’il s’en occupe, et avait dit à celui-ci qu’il réglerait la différence en cas de dépassement à son son retour. Le Samaritain n’a pas essayé pas de gérer la nourriture autorisée au blessé, ni de lancer une campagne politique en faveur d’un monopole d’aide aux victimes d’agressions dirigé par l’État. Le don du samaritain était destiné à faire quelque chose pour la victime, au lieu de l’asservir ou faire d’elle matière à propagande.
Les bénévoles qui consacrent de longues heures aux banques alimentaires feraient beaucoup plus de bien s’ils travaillaient au salaire minimum quelques heures par semaine et donnaient de l’argent aux clients de la banque alimentaire. Mais cela implique qu’il n’y aurait plus de contrôle sur autrui, ni la récompense de si belles photos dans le journal local. Le « socialisme » et la pensée « libérale » moderne sont ainsi.
Ce genre de mentalité s’étend bien au-delà du simple contrôle d’autrui. L’obsession du contrôle fait que ceux qui en souffrent cherchent à maîtriser le sort de toutes les espèces vivantes, le temps [météo], et même, le cas échéant, le destin de l’Univers.
Le climat et la composition de l’atmosphère de la Terre, par exemple, ont changé depuis que la planète s’est formée il y a 4,5 milliards d’années. Mais les libéraux d’aujourd’hui supposent que sa composition exacte actuelle est idéale. Selon eux, si la température menace de monter de quelques degrés, c’est potentiellement catastrophique. On peut supposer qu’ils ressentent la même chose à propos de la tendance [météo], auquel cas ils ne seront pas déçus quand débutera le prochain âge glaciaire. Il n’y a pas de doute qu’ils insisteront pour que tout le monde mette en œuvre des moyens artificiels pour l’empêcher.
De la même manière, toutes les espèces doivent être préservées.
Tout ceci est-il dû à un désordre mental libéral, cela peut être discutable. S’agit-il d’une disposition altruiste, je dirais en gros, que non. Mais le TPOC est néanmoins une caractéristique mentale potentiellement dangereuse…
Traduction Petrus Lombard
- Source : The Ludwig von Mises Centre (Royaume-Uni)