Athlétisme : le drapeau russe interdit de JO
Le Conseil de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF), le 17 juin, a pris une décision sans précédent : il a sanctionné collectivement toute la fédération russe d’athlétisme, sans faire la part entre sportifs propres et dopés. Le drapeau russe ne pourra flotter aux JO de Rio, ce qui semble faire le bonheur des différentes fédérations occidentales - il sera plus facile d’avoir des médailles. Le dernier mot appartient au Comité international olympique qui pourrait autoriser la participation de certains sportifs russes à certaines conditions.
L’IAAF a pris une décision sans précédent dans l’histoire des JO, voire du sport. Alors que le dopage est un problème mondial et récurrent, l’on ne peut faire la liste des scandales de dopage tant elle est longue, c’est la première fois que toute une équipe nationale est santionnée. Comme équipe. Recourant à la responsabilité collective, parce qu’ils sont russes. Alors qu’en la matière la responsabilité individuelle est de mise.
Surprenant. Ils n’ont pas améliorés leur système, les résultats des contrôles de dopage ne sont pas fiables ? Intéressant, il faudrait alors sanctionner l’Agence anglaise antidopage UKAD qui depuis novembre et le début du scandale médiatique lancé par le journaliste allemand Seppelt s’occupe du contrôle du dopage des sportifs russes. Peut être cette agence n’est-elle pas efficace ?
Car ne l’oublions pas, comme le déclarait Seppelt, juge et procureur tout à la fois, ses films ayant tenu place et lieu d’enquête objective, les russes n’ont aucune raison d’être fiers de leur pays.
Sebastian Coe, le président de l’IAAF, a bien précisé les choses :
Aucun athlète ne compétitionnera sous le drapeau russe. (...) Des athlètes qui ne sont pas testés dans le système russe, mais dans des systèmes qui ont des programmes antidopage efficaces » pourront faire valoir leur cas sur une base individuelle. (...) Ces athlètes seraient autorisés à concourir sous la bannière olympique, comme « athlètes indépendants ». Le système russe a « abandonné » ses athlètes et « on ne peut pas conclure qu’ils sont dans un système sécuritaire pour pouvoir participer à des compétitions internationales »
Bref, le système est fautif, donc il faut sortir les sportifs russes du système sportif russe et s’ils renient leur drapeau et acceptent de concourir sous le drapeau olympique, on pourra faire preuve de grandeur d’âme. J’ai l’impression d’être face à une nouvelle inquisition ...
Au fait, certaines paroles n’ont bizarrement pas été traduites dans la presse française. Ainsi, S. Coe précise bien :
"Les athlètes qui n’étaient pas liés au système russe, ceux qui par exemple se sont entraînés à l’étranger, pour ceux-là une décision favorables peut être envisageable"
L’important est bien de couper le lien entre l’athlète et le pays qu’il représente, la Russie ne méritant manifestement pas ses athlètes aux yeux de l’IAAF. Bref, cela n’a plus rien à voir avec la lutte contre le dopage, dommage.
Pour autant de grands athlètes russes, et jamais contrôlés positifs, comme Elena Isinbaeva, double championne olympique à la perche déclare que cette décision reposant sur une responsabilité collective est inadmissible et viole les droits de l’homme, ce qu’elle contestera devant la justice. Il est impensable pour elle de participer aux JO sous un autre drapeau, ne regardera même pas ce qui s’y passe :
Personne ne nous a défendu. J’ai de sérieux doutes quant à l’intention de l’IAAF de défendre les intérêts des athlètes propres. L’on nous accuse de ce dont nous ne sommes pas coupables. Je pense que cette discrimination des russes est avant tout fondée sur la nationalité, parce que nous venons de Russie.
Pour sa part, l’autre champion olympique, jamais contrôlé positif, Andrey Silnov (saut en hauteur) a également déclaré ne pas aller aux JO :
"Pour moi, c’est une question de principe. Si je me retrouve aux JO, je ne vais pas concourir sous un quelconque drapeau olympique ou autre. Je me présente au nom de mon pays, la Fédération de Russie, Je ne vois aucun sens à particper aux JO sous les couleurs olympiques, je suis patriote de mon pays et si mon équipe nationale n’y va pas, moi non plus".
En attendant, la situation est claire. Qu’il y ait un problème de dopage, c’est fortement possible. Et pas uniquement en Russie, c’est un problème généralisé. Mais que la Russie soit sanctionnée comme pays, que l’équipe nationale porte une responsabilité collective, c’est une première. Et la russophobie ambiante qui frise l’hystérie n’y est pas étrangère.
PS : Puisque la télévision remplace la justice et fait pression de manière beaucoup plus efficace, rappelons que la veille, juste avant de rendre sa décision quant à la suspension de l’équipe nationale russe d’athlétisme, la BBC a sorti, par hasard (le hasard faisant bien les choses) un film mettant en cause la probité du président de l’IAAF,Sebastian Coe, justement en lien avec la Russie :
La chaîne de télévision affirme que le Britannique de 59 ans a été élu l’an dernier grâce aux voix rassemblées par le fils de son prédécesseur Lamine Diack, Papa Massata Diack, sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour son rôle dans le scandale du dopage en Russie. Oui, ce sont des méthodes de mafieux.
- Source : Russie politics (Russie)