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Chasse à la santé naturelle: Un herboriste condamné pour "exercice illégal de la médecine"

Auteur : SCIENCES ET AVENIR | Editeur : Stanislas | Samedi, 20 Févr. 2016 - 05h06

HERBORISTE. Il affirmait pouvoir combattre 80 % des maladies, dont le sida, avec des plantes : l'"herboriste" Jean-Pierre Raveneau a été condamné mercredi 17 février 2016 à un an de prison avec sursis pour "exercice illégal de la pharmacie en récidive". Le tribunal correctionnel de Paris l'a également condamné pour"commercialisation ou distribution de médicaments (...) dépourvus d'autorisation de mise sur le marché, ouverture d'un établissement pharmaceutique sans autorisation et contrebande de marchandises prohibées". Il a assorti la condamnation d'une mise à l'épreuve de trois ans. Un an de prison ferme et 50.000 euros d'amende avaient été requis à son encontre.

Une des plus vieilles herboristeries d'Europe

Tisanes, huiles essentielles, teintures mères... dans cette célèbre herboristerie parisienne près de la place Clichy, une des plus vieilles d'Europe, les amateurs pouvaient se fournir, entre balance en cuivre et pilon, en plantes médicinales en vrac et en mélanges préparés sur place dans un petit laboratoire.

Hypertension, virus H1N1, troubles de la prostate, psoriasis, paludisme, fibromes, herpès génital ou constipation extra-forte... Jean-Pierre Raveneau expliquait à ses clients pouvoir combattre 80 % des maladies. Un de ses produits, le Viralgic, interdit à la vente en France par une décision de justice en 2011, affirmait même "agir directement sur le virus" du sida "en renforçant les défenses immunitaires pour aider à le combattre".

Sauf que depuis 1941, la loi réserve aux seuls pharmaciens de l'ordre et à leurs officines le quasi-monopole de l'exploitation des plantes médicinales à l'exception de 150 d'entre elles, jugées non-toxiques. Le dernier herboriste diplômé a, lui, disparu en 2000 à 95 ans. Et Jean-Pierre Raveneau, bien que docteur en pharmacie, n'était plus inscrit à l'ordre et n'exerçait pas dans une officine. Il avait d'ailleurs déjà été condamné en septembre 2011 à un an avec sursis et 15.000 euros d'amende pour exercice illégal de la pharmacie pour la vente du Viralgic.

Les plantes peuvent aussi être du poison
"J'ai toujours estimé qu'il était possible avec un diplôme de pharmacien d'exercer dans l'herboristerie", avait justifié Jean-Pierre Raveneau à l'audience, expliquant avoir passé une bonne partie de sa vie à s'opposer au"monopole pharmaceutique" en obtenant la déclassification de la vitamine C, de minéraux et d'oligo-éléments, assimilés auparavant à des médicaments.Mercredi, le tribunal a également condamné la propriétaire de l'établissement et d'une autre herboristerie parisienne, Nicole Sabardeil, à trois mois de prison avec sursis et 2.000 euros d'amende et sa société Pharma Concept à 50.000 euros d'amende. Un revendeur, Mamadouba Camara, a écopé de 3.000 euros d'amende avec sursis. L'ensemble des prévenus devront en outre verser solidairement 2.000 euros de préjudice moral à l'ordre des pharmaciens qui s'était constitué partie civile."Pour vendre les produits retrouvés dans leurs herboristeries, M. Raveneau et Mme Sabardeil auraient dû être inscrits à l'ordre des pharmaciens", a jugé le tribunal. Leurs établissements ne sont pas des officines alors qu'ils dispensaient au détail "des médicaments" et qu'on y exécutait "des préparations magistrales ou officinales". "M. Raveneau a constitué un circuit parallèle en suivant la mode des médecines alternatives", avait expliqué à l'audience un contrôleur de l'agence régionale de santé. "Les plantes, c'est l'origine du médicament. Elles ont des vertus mais peuvent aussi être du poison. En 2009, on avait dit à Raveneau qu'il exerçait une activité illégale, il n'en a pas tenu compte.""Je ne délivre pas d'ordonnances, rien que des conseils. J'ai vendu des plantes et des mélanges, mais pas des médicaments. Mon but a toujours été d'apporter du bien-être. Quand je parle de combattre (une maladie), c'est s'y opposer mais je n'ai jamais prétendu guérir telle ou telle pathologie", avait plaidé le prévenu.

- Source : SCIENCES ET AVENIR

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