Les monstres de Monsanto - Plus d'un siècle à empoisonner le monde
Le géant de la biotechnologie Monsanto, l’une des principales firmes mondiales dans le domaine des cultures et des semences génétiquement modifiées, est l’une des compagnies les plus détestées au monde étant donné les nombreuses critiques formulées à l’encontre des préjudices pour la santé et des conséquences négatives sur l’environnement qu’entraîne la modification génétique des aliments.
Au jour d’aujourd’hui, le nom de Monsanto est principalement associé aux organismes génétiquement modifiés (OGM), mais, au cours de ses 113 années d’existence, l’entreprise a travaillé dans des domaines bien différents, produisant du plastique ou même l’agent orange. Les effets de ces travaux se ressentent toujours dans le monde et, dans certains cas, la science a déjà démontré qu’ils ont des conséquences extrêmement nocives sur l’environnement et la santé humaine.
À l’heure actuelle, Monsanto est le principal producteur de l’herbicide glyphosate Roundup et de l’hormone bovine de croissance, qui inquiètent pour leurs effets sur les animaux, les personnes et l’environnement.
D’après le site de l’entreprise, son principal défi est de « répondre aux besoins actuels et de préserver la planète pour le futur », mais les résultats de son activité sont des raisons suffisantes pour douter de cette affirmation.
Étant donné les effets nocifs des produits créés par Monsanto, la multinationale a rencontré une grande résistance au sein de la population mondiale, exprimée au travers de fortes critiques et de manifestations de masse qui se tiennent systématiquement dans le monde entier. De plus, l’entreprise a été accusée à de nombreuses reprises de falsification et de lobbying.
La voix du peuple a réussi à faire interdire dans certains pays l’activité de Monsanto et l’implantation d’organismes génétiquement modifiés tandis que, dans de nombreuses autres nations, la lutte continue et les citoyens, inquiets pour leur santé et celle de leurs enfants, sont loin d’abandonner la bataille.
Les monstres de Monsanto
Agent orange, armes nucléaires, PCB, hormone bovine de croissance, etc. L’histoire a démontré plus d’une fois les effets des créations de Monsanto. Voici une liste des dix monstres les plus dangereux que la multinationale ait lancés sur le marché.
1. La saccharine
En 1901, John Francisco Queeny a fondé la compagnie Monsanto Chemical Works à Saint-Louis (Missouri) pour produire des ersatz du sucre pour Coca-Cola. Plus tard, diverses études sur des rats de laboratoire ont démontré que la saccharine cause le cancer et, au travers des six études réalisées sur des humains par l’Institut national du Cancer des États-Unis d’Amérique, l’on a découvert que ceux qui consomment des édulcorants artificiels comme la saccharine ou le cyclamate souffriront probablement davantage d’un cancer de la vessie par la suite.
2. PCB (polychlorobiphényles)
Dans les années 20 du siècle passé, Monsanto a commencé à produire des polychlorobiphényles, élément du liquide réfrigérant des transformateurs électriques, des condensateurs et des moteurs électriques. Un demi-siècle plus tard, l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis d’Amérique a présenté des preuves selon lesquelles les PCB causent le cancer aussi bien chez les animaux que chez l’homme. En 1979, le Congrès américain en a interdit la production. La Convention de Stockholm sur les Polluants organiques persistants a interdit les PCB au niveau mondial en 2001.
En 2003, Monsanto a payé plus de 600 millions de dollars aux habitants d’Anniston (Alabama), où étaient fabriqués ces produits chimiques. Les résidents de la zone avaient souffert de graves problèmes de santé comme le cancer, des maladies hépatiques et des maladies neurologiques. D’après des enquêtes menées aux Etats-Unis d’Amérique en 2011, cet élément apparaît toujours dans le sang des femmes enceintes tandis que d’autres études lient les PCB à l’autisme.
3. Polystyrène
En 1941, Monsanto s’est concentré sur les matières plastiques et le polystyrène synthétique pour emballer les aliments. Dans les années 80, l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis d’Amérique l’a placé comme le cinquième produit chimique dont la production génère les déchets les plus dangereux, mais l’on en produit toujours.
4. Armes nucléaires et bombe atomique
En 1936, Monsanto a racheté Thomas & Hochwalt Laboratories, dans l’Ohio, et en a fait son département central de recherche. Entre 1939 et 1945, ce département a coordonné ses efforts avec le Comité de Recherche de la Défense nationale des États-Unis d’Amérique et s’est consacré à la purification et à la production de plutonium ainsi qu’à raffiner les substances chimiques utilisées comme détonateurs dans les armes nucléaires.
5. DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane)
En 1944, Monsanto a été l’un des premiers fabricants de l’insecticide DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane), destiné à combattre les moustiques transmetteurs de la malaria. Il a été intensément utilisé comme pesticide dans l’agriculture. Malgré des décennies de propagande de la part de Monsanto, qui insistait sur le fait que le DDT était sûr, ses effets cancérigènes ont finalement été confirmés et, en 1972, le DDT a été interdit sur tout le territoire des États-Unis d’Amérique. Au jour d’aujourd’hui, l’on sait qu’il cause l’infertilité et des dysfonctionnements dans le développement de l’embryon.
6. Dioxine
En 1945, Monsanto a commencé à promouvoir l’utilisation des pesticides chimiques dans l’agriculture et a fabriqué l’herbicide 2,4,5-T, l’un des précurseurs de l’agent orange, qui contient de la dioxine. Les dioxines s’accumulent dans la chaîne alimentaire, principalement dans les tissus adipeux des animaux. Elles ont un taux élevé de toxicité et peuvent provoquer de graves problèmes dans la reproduction et le développement, affecter le système immunitaire, interférer dans le système hormonal et, de cette façon, causer le cancer.
7. Agent orange
Dans les années 60, Monsanto était l’un des fabricants de l’agent orange, utilisé comme arme chimique durant la Guerre du Vietnam. Suite à l’utilisation de l’agent orange, environ 400 000 personnes sont mortes ou ont été mutilées, 500 000 enfants sont nés avec des tares congénitales et 1 million de personnes se sont retrouvées handicapées ou ont subi des problèmes de santé, dont le personnel militaire américain exposé à cette substance durant les attaques. Les rapports internes de Monsanto montrent que la compagnie était au courant des effets toxiques de l’agent orange lorsqu’elle l’a vendu au gouvernement des États-Unis d’Amérique.
8. « Engrais » à base de pétrole
Après avoir racheté une raffinerie pétrolière en 1955, Monsanto a commencé à produire des « engrais » à base de pétrole. Le problème, c’est que les engrais à base de pétrole stérilisent la terre puisqu’ils tuent aussi les micro-organismes profitables au sol.
9. L’aspartame
L’aspartame est un édulcorant non calorique 150 à 200 fois plus sucré que le sucre lui-même. Il a été découvert en 1965 par la multinationale pharmaceutique G.D. Searl. En 1985, Monsanto a racheté G.D. Searl et a commencé à commercialiser l’édulcorant sous la marque commerciale NutraSweet. En 2000, il a vendu la marque.
L’entreprise affirme que NutraSweet est présent dans 5 000 types de produits et est consommé par 250 millions de personnes dans le monde entier. En février 1994, le Département à la Santé et aux Services sociaux des États-Unis d’Amérique a publié une liste de 94 effets secondaires que la substance peut provoquer chez l’homme.
En 2012, à partir de données de l’Institut Ramazzini (Italie) qui sont parvenues à prouver les effets cancérigènes de NutraSweet sur des rats, la Commission européenne a demandé à entamer une nouvelle procédure de réévaluation de ce composé.
10. Hormone bovine de croissance
La somatropine bovine recombinée (rBGH) – aussi connue sous le nom d’« hormone bovine de croissance » – est une hormone génétiquement modifiée par Monsanto qui est injectée dans les vaches laitières pour augmenter leur production.
D’après plusieurs enquêtes, surtout européennes, il existe un lien entre le lait rBGH et le cancer du sein, le cancer du côlon et le cancer de la prostate chez les êtres humains. Ces enquêtes soulignent que le produit cause ses effets les plus graves chez les enfants pour deux raisons simples : ils boivent plus de lait que les adultes et ils ont une masse corporelle moindre, leur corps ne pouvant ainsi traiter les produits toxiques au sein du lait. L’hormone est interdite au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon, en Israël, en Union européenne et en Argentine.
Mythes et réalités
Sur son site pour le Mexique, la compagnie Monsanto démonte quelques « mythes » concernant les cultures transgéniques. Entre autres choses, il « dément » les croyances suivantes :
- que les aliments transgéniques soient nocifs pour la santé ;
- que les agriculteurs y perdent puisqu’ils ne peuvent conserver les semences transgéniques ;
- que les herbicides augmentent les effets négatifs sur l’environnement et nuisent à la biodiversité.
Cependant, pour tenter de distinguer le mythe de la réalité, il faut prendre en compte les nombreuses études scientifiques sur ce sujet ainsi que les critiques d’organismes internationaux et des personnes concernées.
Conséquences sur la santé
Concernant les dommages pour la santé provoqués par les aliments transgéniques, plusieurs études réalisées par des experts associent les régimes fondés sur des OGM à des tumeurs, des dysfonctionnements des organes, des lésions gastriques, des problèmes hépatiques et rénaux, des réactions allergiques sévères et même la mort prématurée.
Récemment, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé que le glyphosate, principe actif de l’herbicide Roundup, le plus utilisé de Monsanto au niveau mondial, est « classé comme probablement cancérigène pour les êtres humains ». Cette déclaration se fonde sur l’analyse des études d’exposition réalisées aux États-Unis d’Amérique, au Canada et en Suède depuis 2001, études qui ont apporté « des preuves limitées » selon lesquelles le glyphosate peut provoquer un lymphome non hodgkinien chez les êtres humains.
Le géant de la biotechnologie a nié ces accusations et organisé une réunion urgente avec des représentants de l’OMS. Néanmoins, d’après ce qu’on révélé les archives de l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis d’Amérique (EPA selon son sigle anglais), en 1981, Monsanto était déjà au courant que le glyphosate pouvait causer le cancer chez les mammifères.
Selon une autre étude récente réalisée par le MIT, les produits de Monsanto conduisent à l’altération du développement du cerveau chez les nouveau-nés et pourraient provoquer un taux plus élevé d’autisme aux États-Unis d’Amérique.
« D’après le taux actuel, d’ici à l’année 2025, un enfant sur deux sera autiste », a affirmé au cours d’une manifestation scientifique la chercheuse Stephanie Seneff, du MIT, citée par le portail « The Most Important News ».
De leur côté, des chercheurs égyptiens ont découvert que le régime à base de soja et de maïs génétiquement modifiés avec lequel ils ont alimenté des rats durant 30, 60 et 90 jours est responsable d’un large éventail d’effets toxiques. Parmi les conséquences négatives, l’on recense des dommages au niveau de l’ADN, du foie, des reins et des testicules, des spermatozoïdes avec des anomalies et des altérations du sang.
« Il existe des risques pour la santé liés à l’ingestion de régimes avec des composants génétiquement modifiés », concluent les auteurs de l’étude dans le Turkish Journal of Biology.
Pourtant, ce ne sont pas seulement les consommateurs mais aussi les travailleurs des champs de soja traités aux herbicides de Monsanto qui souffrent de dommages au niveau de l’ADN et de niveaux élevés de mort de leurs cellules, selon ce qu’a dénoncé un groupe de chercheurs dirigé par Danieli Benedetti. « Les données fournies par le test des comètes sur des leucocytes périphériques et du test micronucléaire sur des cellules buccales exfoliées ont mis en évidence des dégâts au niveau de l’ADN chez les travailleurs du soja », affirme son étude publiée sur le portail « Natural Society ».
Conséquences pour les producteurs
Le « mythe » de l’industrie biotechnologique qui affirme que, pour alimenter des milliards de personnes, il faut une agriculture transgénique a été contredit par un rapport publié au mois de mars dernier par l’organisation environnementale Environmental Working Group intitulée Alimenter le monde sans organismes génétiquement modifiés.
L’étude affirme que l’investissement dans les OGM n’a pas permis d’accroître la sécurité alimentaire mondiale et elle défend des méthodes traditionnelles « en montrant qu’actuellement, elles permettent de fournir davantage d’aliments et de réduire les effets négatifs sur l’environnement des cultures concernées ».
Durant les 20 dernières années, signale le rapport, les cultures mondiales n’ont crû que de 20% malgré l’investissement massif en biotechnologie. Par ailleurs, au cours des dernières décennies, la source majoritaire d’amélioration de la production est le croisement traditionnel « et il est probable qu’il en soit encore ainsi à l’avenir ».
Un exemple manifeste des effets de l’activité de Monsanto sur les producteurs est la vague de suicides chez les agriculteurs indiens, dans un pays où Monsanto contrôle 95% des semences de coton.
D’après ce qu’explique la philosophe et femme de lettres indienne Vandana Shiva, ce qu’a fait Monsanto a été de détruire les alternatives et d’établir un monopole sur les semences. Pour attirer les agriculteurs, le géant a promis un plus grand rendement et une réduction des dépenses en pesticides, ce qui ne s’est jamais vérifié.
Ce « système de monopole très coûteux et sans alternatives » a créé un contexte qui favorise l’augmentation des dettes et, par conséquent, l’épidémie de suicides chez les agricultures, surtout dans l’industrie cotonnière.
C’est dans le même sens que vont les déclarations auprès de Russia Today de l’activiste Jeffrey Smith, qui affirme que les agriculteurs indiens se suicident à cause de l’échec des cultures Bt (génétiquement modifiées). Des recherches indépendantes confirment qu’« environ 85% des foyers d’agriculteurs où s’est produit un suicide sont directement liés à l’échec du coton Bt et environ 10% y sont indirectement liés », explique Smith.
D’après l’activiste, la stratégie par laquelle Monsanto pousse les agriculteurs indiens à acheter ses semences génétiquement modifiées consiste à réaliser des essais in situ dans des conditions idéales, avec irrigation. Sans cette dernière, les semences ne sont pas aussi performantes. De plus, la corporation a gonflé ses statistiques pour promettre que ce type de semences est la garantie de la prospérité, nous conte Smith.
Le monopole dont parlent les experts a concerné les producteurs d’autres pays et, en premier lieu, des pays où existent des variations de la fameuse « loi Monsanto », qui régule les droits sur les organismes génétiquement modifiés et qui, selon ce que dénoncent les agriculteurs, favorisent les grandes entreprises transnationales en violant les droits des paysans.Ainsi, en janvier 2014, la Cour suprême des États-Unis d’Amérique a-t-elle entériné les droits de Monsanto sur les brevets de semences liées à l’ingénierie génétique et la capacité de l’entreprise pour traîner en justice les agriculteurs dont les champs abriteraient malencontreusement leurs OGM.
De la sorte, le haut tribunal n’a pas touché à une décision de la Cour d’Appel fédérale qui rejetait l’attaque contre Monsanto de la part des Producteurs biologiques de Semences, de l’Association du Commerce et de plus de 80 autres plaignants qui cherchaient à freiner la compagnie de produits agrochimiques dans sa volonté de traîner en justice toute personne dont le champ recèlerait des semences enregistrées par l’entreprise sans payer les droits liés au brevet. Le groupe de plaignants, qui incluait de nombreuses familles d’agriculteurs américains et canadiens, des compagnies semencières indépendantes et des organisations agricoles, cherchait une protection préventive contre les brevets de Monsanto étant donné que le géant biotechnologique avait présenté plus de 140 actions en justice contre des agriculteurs pour avoir semé des graines issues de l’ingénierie génétique de la compagnie sans permission. Les plaignants affirmaient que qu’ils ne voulaient pas des organismes génétiquement modifiés de Monsanto et qu’ils voulaient une protection légale en cas de contamination accidentelle par des produits de la compagnie. De semblables lois ont été adoptées dans d’autres pays, comme le Mexique, où cette loi est appelée « Loi de Biosécurité des Organismes génétiquement modifiés ». Au Chili, l’initiative a commencé à être traitée en 2009, durant le premier mandat de Michelle Bachelet, mais en 2014, alors que son second mandat est en cours, l’on a annoncé l’abandon de cette initiative. Ce ne sont pas seulement les agriculteurs américains et latino-américains mais également les agriculteurs africains qui pourraient être victimes de la « loi Monsanto ». Au début du mois de janvier dernier, l’on a été informé d’un projet de loi sur l’amélioration des semences qui avait reçu l’appui du parlement ghanéen et qui, de l’avis de nombreux experts, pourrait tenir en échec la souveraineté alimentaire du pays africain car il contient les règles qui restreindraient les pratiques ancestrales des agriculteurs. Une telle initiative interdirait aux paysans locaux le libre stockage, l’échange et l’amélioration des semences puisque l’on cherche à protéger les droits de propriété intellectuelle de la biotechnologie en faisant en sorte que les agriculteurs soient sujets à de fortes amendes s’ils cultivent quoi que ce soit d’autre que ce qui est « breveté », même si ces cultures proviennent d’une pollinisation croisée. « Les conséquences économiques sur la vie des agriculteurs seraient désastreuses […]. L’origine des aliments, ce sont les semences. Qui contrôle les semences contrôle toute la chaîne alimentaire », a assuré Duke Tagoe, porte-parole de l’association Souveraineté alimentaire du Ghana.
Les conséquences pour l’environnement
Les effets liés aux produits de Monsanto sur la nature ne cessent de préoccuper les écologistes et les activistes de l’environnement.
L’un des cas les plus récents à ce sujet est celui du papillon monarque, le plus emblématique d’Amérique du Nord, dont l’habitat est détruit par la faute des pesticides produits par l’entreprise.
D’après un rapport publié en février de cette année par des scientifiques du Centre pour la Sécurité alimentaire des États-Unis d’Amérique, l’usage intensif dans l’agriculture de l’herbicide Roundup la population américaine du papillon monarque au bord de l’extinction.
Les scientifiques expliquent que la technologie agraire qui combine l’usage du glyphosate (principe actif de l’herbicide) avec la culture de plantes génétiquement modifiées a décimé la principale source d’aliments de cette espèce de papillons : l’Asclepias linaria et d’autres plantes du même genre.
« Laisser le papillon monarque disparaître pour permettre à Monsanto de vendre son herbicide durant quelques années supplémentaires est tout simplement honteux », a déclaré le directeur exécutif du centre, Andrew Kimbrell.
Suite à ces accusations, le géant de la biotechnologie a déclaré qu’il destinera quatre millions de dollars à la sauvegarde de la population de papillons monarques.
Dans une autre affaire alarmante, survenue à l’automne dernier dans l’Ontario (Canada), plus de 37 millions d’abeilles sont mortes après la plantation dans la région de maïs transgénique.
Les apiculteurs accusent les néonicotinoïdes de la mort de leurs colonies, en particulier l’imidaclopride et la clothianidine, deux insecticides qui s’appliquent aussi bien sur les semences que dans les traitement foliaires et qui pénètrent dans le pollen et le nectar.
Aux conséquences pour la faune, il faut ajouter les émissions de produits chimiques toxiques issus des usines de l’entreprise.
Une bonne preuve de ce phénomène : au mois de mars dernier, l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis d’Amérique et le Département américain de la Justice ont annoncé un accord en vertu duquel le géant agricole payera 600 000 dollars pour ne pas avoir porté à leur connaissance l’existence de centaines d’émissions incontrôlées de produits chimiques toxiques dans son usine de phosphate située dans l’Idaho.
Ces émissions se sont produites entre 2006 et 2009 dans les installations de Monsanto dans la ville de Soda Springs. Parmi les produits chimiques émis, l’on trouve du cyanure d’hydrogène, du dioxyde de soufre, des oxydes d’azote et du mercure.
Le rejet de Monsanto
Monsanto a été et est toujours l’objet de fortes critiques et de manifestations massives qui se tiennent systématiquement dans le monde entier.
Les deux manifestations de plus grande ampleur se sont produites en octobre 2013 et en mai 2014.
Le 12 octobre 2013, Journée internationale contre Monsanto, des citoyens de différents États des États-Unis d’Amérique et du monde entier sont descendus dans la rue pour demander plus de clarté dans l’étiquetage et dénoncer deux choses : d’un côté, le caractère nocif des produits transgéniques et, de l’autre, le contrôle excessif et l’interventionnisme des multinationales comme Monsanto dans la politique américaine.
En mai 2014 a été organisé un événement mondial pour contrer les efforts du géant agricole pour dominer la fourniture mondiale d’aliments. Des millions d’activistes anti-OGM de 400 villes dans 52 pays ont uni leurs forces contre l’entreprise biotechnologique.
Dans l’un des cas les plus récents, en janvier 2015, des milliers de personnes ont manifesté à Berlin pour montrer leur rejet du traité de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique. Des agriculteurs et des écologistes ont dénoncé les risques que cet accord représente pour l’Allemagne, car ils craignent que le document n’ouvre le marché européen aux produits transgéniques et chimiquement traités en provenance des États-Unis d’Amérique.
Les risques que représentent les organismes transgéniques ont été dénoncés y compris par des personnalités de différentes sphères. Ainsi le célèbre acteur américain Chuck Norris choqué par les risques que représente pour la santé l’herbicide le plus populaire au monde, a-t-il attiré l’attention dans un article de WND Health sur le danger de ce produit fabriqué par Monsanto.
L’acteur a souligné le fait que, dans le cadre de la régulation du glyphosate, le gouvernement des États-Unis d’Amérique se fonde sur des données et des preuves fournies par Monsanto, qui considère que les risques sont insignifiants. « Mais j’ai une sensation de gêne lorsque j’entends des expressions comme « risques insignifiants » ou « preuves insuffisantes » lorsque le sujet concerne les conséquences potentielles et la prolifération continue d’un composant synthétique toujours présent et qui doit encore être objet d’une étude plus large et indépendante de la part du gouvernement des États-Unis d’Amérique », explique-t-il.
Rejeté dans des pays entiers
Face à l’importante résistance de la population européenne, Monsanto a annoncé en 2013 son retrait du marché européen, exception faite de trois pays : l’Espagne, le Portugal et la République tchèque.
En janvier 2015, après que le Parlement européen a voté une directive permettant à chaque membre de décider s’il interdit ou non les organismes transgéniques sur son territoire, le géant de la biotechnologie a confirmé qu’il ne dépenserait « pas plus d’argent à convaincre les gens de les utiliser ».
La Chine, un des principaux acheteurs de maïs américain, a fait preuve dernièrement d’une politique de tolérance zéro à l’égard de l’importation de produits génétiquement modifiés, favorisant la consommation de sa production nationale.
Selon de nombreux experts, Pékin a commencé à rejeter les approvisionnements de maïs américain en novembre dernier, lorsqu’elle a détecté une souche génétiquement modifiée qui n’avait pas été approuvée par le Ministère chinois de l’Agriculture.
En Russie, la Commission gouvernementale des Activités législatives a approuvé à la fin du mois de janvier un projet de loi qui interdit la culture de plantes et l’élevage d’animaux génétiquement modifiés sur le territoire national en dehors de la recherche scientifique. De plus, ce document donne le droit au gouvernement d’interdire l’importation de produits qui contiennent des OGM en se fondant sur les résultats du suivi et de la recherche scientifique.
La lutte contre la multinationale se poursuit dans d’autres pays, comme le Mexique, où les producteurs de maïs et les scientifiques s’efforcent d’empêcher que le gouvernement autorise des multinationales comme Monsanto à cultiver des graines transgéniques de maïs, l’un des aliments de base du pays.
« Ce maïs n’a pas de vie, ce maïs n’a pas d’esprit. Ce maïs n’est pas notre frère. C’est un étranger pour nous. Pour nous, notre maïs est sacré », a expliqué à Russia Today Amalia Sala Casales, productrice traditionnelle de maïs à Xochimilco.
En Argentine, divers partis et regroupements environnementalistes ont présenté en 2014 un projet de rejet contre l’entreprise Monsanto et ses produits.
Rodrigo Lampasona, porte-parole et activiste de la campagne « Je ne veux pas de produits transgéniques au Chili », a dit à Russia Today qu’il est très important que les citoyens d’Amérique latine participent à des mouvements contre les activités des multinationales transgéniques dans la région.
« Les compagnies ont besoin de vendre leurs produits chimiques. Ces entreprises ne se sont jamais consacrées à la production d’aliments, ce sont de grandes entreprises agrochimiques – Monsanto n’est que l’une des six firmes les plus connues – et ce qui les intéresse, c’est le monopole sur les aliments (si tant est que l’on puisse appeler « aliments » ce qu’ils fabriquent dans leurs laboratoires) car, dans ce domaine, il y a beaucoup d’argent et, bien entendu, ce que l’on recherche, c’est avoir un monopole sur les semences, sur les aliments », précise l’activiste. « C’est pourquoi, quelle que soit la stratégie adoptée par ces compagnies transgéniques, elles agiront toujours dans un total manque d’éthique », conclut Lampasona.
- Source : RT-Traduction News360x (Nicolas K)