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Jeudi, 07 Nov. 2024

L’interview de Lavrov à Newsweek résume de manière concise les positions de la Russie

Auteur : Andrew Korybko | Editeur : Walt | Lundi, 14 Oct. 2024 - 16h21

C’est peut-être la première fois que l’Américain moyen lit sans filtre les opinions d’un haut responsable russe…

Il est rare de nos jours que des responsables russes accordent des interviews à des médias occidentaux, à la fois parce que les premiers soupçonnent que leurs propos ne seront pas rapportés fidèlement et parce que les seconds craignent d’être «canceled». C’est pourquoi il est si important que le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov, vienne d’accorder une interview écrite à Newsweek.

Il a résumé de manière concise les positions de son pays sur le conflit ukrainien, la multipolarité et les prochaines élections présidentielles américaines, qui seront passées en revue.

En ce qui concerne le premier point, il a réaffirmé la position officielle selon laquelle Kiev devrait se conformer à la demande de cessez-le-feu formulée par Poutine au cours de l’été et que Moscou souhaitait s’attaquer aux causes profondes de ce conflit, et pas seulement le geler pendant un certain temps.

Le projet de traité de paix du printemps 2022 pourrait servir de base à la reprise des pourparlers avec l’Ukraine si cette dernière revenait sur son décret d’interdiction, même si certains détails devraient être modifiés. Il a également mis en garde contre le fait de laisser l’Ukraine utiliser des armes occidentales à longue portée à l’intérieur de la Russie.

En ce qui concerne le second point, Lavrov a mis l’accent sur la dimension régionale de la multipolarité en faisant référence à plusieurs blocs importants avant de décrire les BRICS comme un modèle de diplomatie multilatérale et de confirmer l’importance de l’ONU en tant que forum permettant d’aligner les intérêts de tous les pays. Le respect des intérêts des uns et des autres, une plus grande participation des pays en développement à la gouvernance mondiale et la coopération mutuelle sont considérés comme les moteurs de cette tendance. La Chine partage également le point de vue de la Russie à ce sujet.

Lavrov ne s’attend pas à ce que les relations russo-américaines changent après les élections, quel que soit le vainqueur, car les deux partis sont déterminés à contrer son pays.

Le Kremlin examinera les nouvelles propositions qui pourraient être faites dans ce cas, laissant ainsi ouverte la possibilité d’améliorer leurs relations si les États-Unis en ont la volonté et s’ils respectent les intérêts de la Russie. Il a terminé en espérant que les États-Unis cessent de chercher des aventures à l’étranger, mais cela apparaît comme un vœu pieux.

Il n’y a rien de nouveau dans ce qu’il a dit et ceux qui ont suivi ce conflit de près n’apprendront rien en lisant son interview, mais l’importance réside dans le fait que l’Américain moyen pourrait, pour la première fois, entendre parler des politiques réelles de la Russie sur ces sujets. Ils n’en ont pratiquement pas entendu parler, car jusqu’à présent, leurs médias n’en ont pas rendu compte avec exactitude. Newsweek a eu le mérite de diffuser les réponses de Lavrov sans éditorialisation, éliminant ainsi le filtre habituel.

Cela ne signifie pas que l’Américain moyen va soudainement approuver tous les objectifs de la Russie en Ukraine et dans le monde en général, ni qu’il va se défaire de la fausse perception selon laquelle la Russie s’ingère pour soutenir Trump, mais cela pourrait en sensibiliser certains à ces idées. En fonction de l’évolution du champ de bataille dans les mois à venir, du résultat de l’élection et du sommet du G20 à Rio le mois prochain, les contours d’un compromis réaliste pourraient enfin commencer à apparaître.

Dans ce scénario, d’autres médias grand public pourraient suivre l’exemple de Newsweek en demandant des entretiens avec Lavrov et d’autres responsables russes. L’objectif serait de conditionner le public à accepter que les objectifs maximalistes de l’Occident dans cette guerre par procuration ne sont pas réalistes et que certains des objectifs de la Russie ne sont pas aussi menaçants qu’ils ont été dépeints précédemment. Bien entendu, il est également possible qu’il ne se passe rien, auquel cas cette interview sera considérée comme une exception et non comme le début d’une nouvelle tendance.

Traduction: Aube Digitale


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