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Samedi, 28 Déc. 2024

Comment BFM s’est mobilisée pour Sarkozy dans l’affaire libyenne

Auteur : E&R | Editeur : Walt | Lundi, 15 Juill. 2024 - 14h10

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Tout commence le 16 octobre 2020, quand [Nicolas Sarkozy] est une nouvelle fois mis en cause dans l’affaire libyenne. Ruth Elkrief, alors l’un des visages de la chaîne, envoie un texto à Véronique Waché [l’attachée presse de l’ex-président]. « Chère Véronique, je suis là, je pense à vous, et si vous avez envie de vous exprimer je suis à votre disposition, on peut monter ce que vous voulez ! Je t’embrasse fort et transmets mes amitiés à NS », écrit Ruth Elkrief, selon Mediapart. 

Une demande qui intervient avant un moment clé du dossier. Le 11 novembre 2020, le sulfureux Ziad Takieddine, accusé d’avoir joué un rôle d’intermédiaire entre Nicolas Sarkozy et l’ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi, se rétracte et dédouane l’ancien président français, dans une courte déclaration diffusée par BFM. Sauf que ce revirement n’est pas sincère et s’est fait en échange de plusieurs centaines de milliers d’euros, selon un chiffre donné par les enquêteurs en avril 2023.

Et Mediapart dévoile comment, à ce moment-là, BFM TV se met en branle pour décrocher une interview exclusive de Nicolas Sarkozy. « Coucou Ruth peux-tu appeler NS ? Je t’embrasse », textote Véronique Waché le jour même. La journaliste parlera durant plus de neuf minutes avec l’ex-chef de l’État selon Mediapart.

S’ensuit un échange de messages entre Marc-Olivier Fogiel, le directeur général de BFM TV, et l’attachée presse, qui traduisent une relation de proximité et d’entente plus que cordiale. […]

[…]

Le plus surprenant arrive après la diffusion de l’interview de Nicolas Sarkozy par Ruth Elkrief, le 13 novembre. Un échange qui a été particulièrement tendu, selon les articles de presse à l’époque – dont celui du HuffPost, qui retranscrit l’échange entre l’ancien président et la journaliste.

« Un ancien président de la République, qui a un téléphone caché avec un faux nom, alors les plus gentils vont dire : "c’est une affaire de cour de récréation" ; et les plus méchants vont dire : "c’est une affaire de voyous". (...) C’est très étrange quand même ? », lançait alors Ruth Elkrief.

La réponse de Nicolas Sarkozy était cinglante : « Madame, faites très attention au vocabulaire que vous employez, parce que je ne suis pas quelqu’un qui plaisante. Donc vous ne parlez pas de moi comme un voyou, parce que moi je pourrais dire aussi qu’inviter M. Takieddine chez BFM comme vous l’avez fait, c’est une affaire de voyous. Donc mesurez votre vocabulaire, et les choses iront beaucoup mieux ».

Pourtant, Mediapart révèle que l’interview en question n’a pas déplu à Nicolas Sarkozy. Selon le site d’investigation, les figures de BFM TV s’assurent que l’ancien président était satisfait de son passage chez eux. « Ruth et Marco très satisfaits. J’espère que toi et le chef aussi », textote ainsi Arthur Dreyfuss, le directeur général d’Altice Media, propriétaire de la chaîne à Véronique Waché.

Elle répond : « Oh super !!! Oui tout s’est très bien passé ! Important moment me semble-t-il ! » Ruth Elkrief et Marc-Olivier Fogiel font la même chose et demandent à la collaboratrice de l’ancien président si les échos sont « bons ». « Excellent !!! Merci ma chère Ruth ! Émission décisive pour nous », répond-elle. « Sincèrement, je l’espère du fond du cœur », répond alors la journaliste, selon Mediapart.

[…]

Pour plus de détails, lire l’intégralité de l’article sur huffingtonpost.fr

***

BFM et le Figaro : un bel exemple de mésinformation pour servir les amis de la caste

On doit à Mediapart d’avoir illustré précisément, grâce à des révélations judiciaires, la façon dont une chaîne comme BFM ou un quotidien subventionné comme le Figaro façonnent l’actualité pour faire plaisir à leurs maîtres. C’est dans le cadre de la “rétractation” de Ziad Takieddine sur le financement libyen de Sarkozy, que les juges ont découvert les contenus de messages échangés entre l’attachée de presse de Sarkozy et l’équipe de rédaction de BFM. Une mine pour comprendre comment ces médias mésinforment pour complaire à la caste.

Même si nous n’apprécions pas les méthodes habituelles de Médiapart, il faut rendre hommage à la révélation faite par le journal concernant les faveurs que la chaîne BFM (et accessoirement le Figaro) ont accordées à Nicolas Sarkozy à l’occasion de l’affaire Takkiedine.

Plusieurs points sont à noter :

  • les journalistes prennent l’initiative de contacter les hommes politiques ou leur entourage pour caler une stratégie de communication qui arrange l’homme politique et ses intérêts
  • le déploiement de cette stratégie fait l’objet d’une communication constante
  • la hiérarchisation de l’information est calculée pour servir les intérêts de l’homme politique en question (choix de parler ou non d’un sujet, importance qui lui est accordée)
  • des pressions sont exercées pour désinformer (par exemple en écartant Edwy Plenel des plateaux pour ne donner qu’un seul son de cloche sur l’information)
  • lorsqu’un débat contradictoire est inévitable, il est truqué, avec des invités triés sur le volet qui disposent d’éléments de langage pour défendre la bonne position

Et voilà donc une illustration de plus de la connivence entre le cartel des médias subventionnés et la caste.

Source: Éric Verhaeghe - Le Courrier des Stratèges


- Source : E&R

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