Salvini fait rire les Italiens sur Macron le va-t-en-guerre
Depuis plusieurs semaines, Macron le va-t-en-guerre est une cible favorite de Matteo Salvini, L’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui figure importante du gouvernement Meloni, n’est pas aligné, loin de là, sur l’actuelle présidente du conseil italienne quand il s’agit de parler de guerre en Ukraine. Il est en l’occurrence beaucoup plus proche de ce que pense la société italienne et c’est de cette corde qu’il joue pour faire de Macron un bouffon matamore.
? Escalation militare e soldati italiani al fronte su ordine di pericolosi “bombaroli”? No, grazie.
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) June 4, 2024
? Sì all’impegno dell’Italia per la Pace, nel ripudio della guerra previsto dalla Costituzione, ispirato dalla coscienza morale collettiva e dalla nostra tradizione cristiana.… pic.twitter.com/jF6STt7KKf
Il y a bien sûr le plaisir du spectacle: on est en pleine “commedia dell’arte”, dans cette tradition de la comédie italienne où les personnages sont campés en quelques traits et deviennent un personnage-type.
Voilà notre Macron campé, depuis plusieurs semaines, en va-t-en-guerre, en Matamore, par un Salvini en verve:
« L’Italie n’est en guerre avec personne. Macron, tu veux déclencher une guerre ? Mets un casque, mets un gilet pare-balles et va en Ukraine, mais n’ennuie plus les Italiens ! Va te battre, mais laisse-nous tranquilles, nous qui voulons vivre en paix ».
Il Tempo;it, 29 05.2024
“Moins d’Europe. Plus d’Italie”
Au-delà du folklore, je suis frappé, quand je vois le montage de Salvini, par le titre: “Moins d’Europe. Plus d’Italie”.
Pendant longtemps, la construction européenne a été vécue comme un renforcement pour nos nations. Salvini pense le contraire: aujourd’hui, l’Union Européenne empêche l’Italie d’être elle-même.
Pour qui connaît un peu l’histoire et la mémoire de l’Italie, Salvini en appelle à deux images fortes: le refus de l’Empire, installé au nord, qui empêche l’Italie de s’épanouir. Et le danger du Français va-t-en-guerre qui, de François Ier à Napoléon, est venu troubler la péninsule par ses expéditions guerrières.
Certains s’étonnent du mélange des genres: mais quand Salvini parle de paix et brandit un rosaire, il en appelle à la Madonne, celle qui protège l’Italie des calamités, en particulier de la guerre.
L’atlantisme, ce grand diviseur des droites européennes
La Lega, le parti de Salvini, a siégé avec, entre autres, le Rassemblement National et l’AfD dans le groupe Identité et Démocratie au Parlement Européen. Les députés allemands viennent de s’en faire exclure, en toute fin de mandature, alors que l’Etat allemand persécute ce parti en cherchant par tous les moyens à prouver sa collusion avec la Russie et la Chine.
Sur le même sujet, on sent le Rassemblement National, un peu fragile, entre une Marine Le Pen essayant de maintenir une position d’indépendance française et un Bardella au fond très proche du macronisme sur le sujet.
Depuis de longues semaines, Matteo Salvini pointe l’effet désintégrateur du soutien à la guerre en Ukraine pour les droites européennes:
« J’espère que le centre-droit est uni, que personne du centre-droit ne préfère une alliance avec les socialistes ou avec Macron. Entre Macron le poseur de bombes et Le Pen la pacifique, j’espère que tout le monde sait qui choisir ». Les mots du vice-premier ministre Matteo Salvini, dans un point de presse, sont un avertissement clair aux tentations possibles du Parti populaire européen (lire Antonio Tajani, leader de Forza Italia et l’un des principaux représentants du Parti populaire européen) de poursuivre l’axe avec les socialistes au lieu de tenter une alliance plus naturelle (et révolutionnaire) avec les conservateurs et la droite.
Nous n’avons pas voté et nous ne voterons pas pour Ursula Von der Leyen à la présidence de la Commission européenne”, répète le secrétaire de la Ligue, “la Ligue est la seule, dans tout le paysage politique italien, à gauche comme à droite, à pouvoir dire cela”.
Liberoquotdiano.it, 25 mai 2024
Mais l’ancien homme fort de la politique italienne, sait quelle position cruciale il occupe auprès de Giorgia Meloni; petit partenaire dans la coalition, ses positions sur la guerre sont pourtant plus en phase avec ce que pensent les Italiens. Dans le contexte italien, c’est pilotable. Au plan du Parlement européen, avec un groupe ID déchiqueté et avec un groupe ECR où viendront siéger, éventuellement, des élus de Reconquête, acquis à la guerre contre la Russie, où se trouvent Fratelli d’Italia et où les Polonais de Droit et Justice jouent un rôle majeur, les droites partiront d’emblée privées de toute solidarité par la question de l’atlantisme.
- Source : Le Courrier des Stratèges