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Dimanche, 29 Sept. 2024

Nouvelle-Calédonie : Émeutes et couvre-feu à Nouméa

Auteur : Ümit Dönmez | Editeur : Walt | Mercredi, 15 Mai 2024 - 10h24

Un couvre-feu est instauré dans ce territoire français du Pacifique Sud pour contenir des manifestations violentes contre une réforme constitutionnelle.

Des troubles d’une «grande intensité» ont éclaté à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, suite à l’examen d’une réforme constitutionnelle à Paris, ce qui a conduit à l’instauration d’un couvre-feu par le haut-commissariat de la République. Les manifestations violentes ont débuté lundi, avec des véhicules incendiés et des pillages de magasins, en réponse à une réforme que les indépendantistes jugent défavorable aux intérêts kanaks.

Par voie d’un communiqué, le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a annoncé que le couvre-feu serait effectif de mardi 18 heures à mercredi 6 heures, et pourrait être prolongé si nécessaire. La mesure vise à rétablir l’ordre après que les manifestations ont pris une tournure violente avec des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants.

Les émeutes ont été déclenchées par la mobilisation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), qui s’oppose à une réforme visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales, selon le Huffington Post. «Cette réforme risque de minoriser encore plus le peuple autochtone kanak», a indiqué un porte-parole du FLNKS à la presse française.

En marge des protestations, des violences ont été rapportées avec des incendies volontaires, dont une grande usine d’embouteillage à l’entrée de Nouméa, totalement ravagée par les flammes lundi soir. Les forces de l’ordre ont également fait état de «nombreux blessés» dans leurs rangs et de l’arrestation de 36 manifestants, qui seront présentés à la justice.

Depuis le 4 mai, les indépendantistes ont intensifié leurs actions dans le cadre de l’opération «Dix jours pour Kanaky», rapporte Le Figaro. Le 13 avril, deux manifestations majeures ont rassemblé des milliers de personnes opposées et favorables à la réforme de la Constitution – environ 20 000 de chaque côté, d’après les forces de l’ordre. Cette mobilisation massive, sans précédent depuis quarante ans, s’est déroulée dans un archipel de 270 000 habitants. Cependant, les cortèges sont restés calmes.

Réforme constitutionnelle en Nouvelle-Calédonie

La réforme constitutionnelle, débattue à Paris pour la Nouvelle-Calédonie, propose de modifier les conditions d’accès au vote lors des élections provinciales et s’inscrit dans un climat tendu suite à trois référendums sur l’indépendance, tenus entre 2018 et 2021. Ces scrutins, remportés par les partisans du maintien dans la République française, ont exacerbé les tensions politiques locales. La principale modification envisagée consiste à élargir le corps électoral, une mesure qui suscite de vifs débats entre les différentes factions politiques de l’archipel. Les indépendantistes, majoritairement kanaks, perçoivent cette évolution comme une menace à leur représentativité, craignant d’être «noyés» dans un corps électoral élargi.

D’autre part, les loyalistes, soutenant une appartenance renforcée à la France, revendiquent une ouverture plus large du droit de vote pour garantir l’équité des droits civiques à l’ensemble des résidents de l’archipel. Selon eux, l’accès élargi au vote aux élections provinciales, qui sont les scrutins les plus influents localement, devrait refléter le principe d’égalité républicaine applicable sur le reste du territoire national français.

Les discussions autour de cette réforme constitutionnelle se déroulent dans un contexte où les équilibres politiques sont particulièrement fragiles. L’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie, marquée par des accords visant à apaiser les tensions et à trouver un chemin commun entre indépendantistes et loyalistes, montre que toute modification du cadre légal doit être maniée avec prudence.

***

Chaos en Nouvelle-Calédonie : Le projet de loi qui enflamme l’archipel

La Nouvelle-Calédonie est secouée par des violences sans précédent suite à un projet de loi visant à modifier le corps électoral, ravivant les tensions entre loyalistes et indépendantistes. Dans la nuit de lundi à mardi, des affrontements ont embrasé Nouméa, laissant derrière eux des scènes de chaos et de désolation, tandis que les appels au calme et au dialogue se multiplient.

La Nouvelle-Calédonie est en proie à des violences suite à un projet de loi sur le corps électoral divisant loyalistes et indépendantistes.

Un projet de loi controversé

Depuis des années, la population néo-calédonienne est scindée en deux camps : les loyalistes, souhaitant conserver le lien avec la France, et les indépendantistes, réclamant la souveraineté de l’archipel. Trois consultations populaires ont déjà eu lieu, avec des résultats serrés en faveur du maintien dans l’Hexagone. Cependant, le dernier référendum, boycotté par les indépendantistes, a été jugé nul. L’Assemblée nationale envisage donc de modifier une loi pour débloquer le corps électoral, permettant ainsi aux résidents de Nouvelle-Calédonie depuis plus de 10 ans, mais nés hors du territoire, de participer aux votes.

Une nuit d’émeutes et de destructions

Dans la nuit de lundi à mardi, des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants indépendantistes ont embrasé Nouméa, la principale ville de l’archipel. Des dizaines de bâtiments et des centaines de véhicules ont été incendiés en marge d’une mobilisation contre la réforme constitutionnelle examinée à Paris. La circulation a été entravée par des carcasses de voitures calcinées et des amas fumants de pneus et de palettes. Les témoignages des habitants, comme celui de Sylvie, calédonienne de plusieurs générations, révèlent l’intensité des violences : « Le commissariat voisin en feu, une voiture embrasée devant chez moi, des cris incessants et des explosions, j’avais l’impression d’être en guerre ».

Un bilan lourd et des appels au calme

Les pompiers ont recensé près de 1 500 appels et environ 200 foyers d’incendie durant la nuit. Des centaines de véhicules ont été détruits, ainsi qu’une trentaine d’entreprises, de commerces et d’usines, selon un regroupement des représentants du patronat. Au total, 82 personnes ont été interpellées. Face à la désolation, les témoignages de déception et de tristesse se multiplient, comme celui de Joëlle Vincent, gérante d’une société de gros en alimentation incendiée : « Toute notre vie était dans ce dock et tout est mort. J’ai de la déception et aussi du dégoût ». Dans ce contexte tendu, un couvre-feu a été instauré et les écoles ont été fermées.

Un débat politique national et local

Le projet de révision constitutionnelle, portant sur la question sensible du corps électoral propre au scrutin provincial de la Nouvelle-Calédonie, a suscité des réactions au niveau national. Mathilde Panot, cheffe de file du groupe LFI à l’Assemblée, a réclamé le « retrait pur et simple » du projet de loi. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a affirmé que « la priorité est de rétablir l’ordre, le calme et la sérénité », tout en semblant écarter la possibilité d’un report de l’examen du texte.

par Yoann - Le Média en 4-4-2


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