« Paysans, n’ayez pas peur de dénoncer la FNSEA et sa soumission au pouvoir ! »

Les jours passent, les tracteurs se regroupent et coupent les routes, mais un sentiment de malaise se fait jour ! Et si cette colère largement relayée était une manipulation (habile), orchestrée par la FNSEA et le pouvoir en place pour amuser la galerie et retirer quelques bénéfices annexes ? Nous expliquons ici pour quelle raison nous penchons vers cette analyse. Mais il pourrait s’agir d’un mauvais calcul, au résultat aléatoire, car une grogne bien plus profonde se fait jour : elle vise la connivence entre un gouvernement qui a besoin de dénouer un conflit social pour gagner du crédit auprès des Français, et la FNSEA, qui représente 25% des agriculteurs, mais surtout les plus “riches”. Peu de paysans osent aborder le sujet. Nous le faisons aujourd’hui avec Sébastien Béraud.

Nous l’avons évoqué aujourd’hui, mais ce sentiment m’est venu lors de mon passage sur le barrage de Carbonne. En apparence, le mouvement des agriculteurs est spontané. En coulisses, il est très encadré par la FNSEA, et le scénario de sortie de crise est déjà écrit. Mardi soir, nous avons listé les principales mesures que la FNSEA a négociées, et qu’elle obtiendra sans doute demain soir, avant de convaincre les paysans de retourner dans leurs fermes et de libérer les routes.

Entretemps, le gouvernement aura partiellement purgé la colère sourde des agriculteurs, il disposera de bons arguments pour justifier auprès de Bruxelles certaines dérogations aux normes environnementales, et Gabriel Attal pourra se présenter à sa déclaration de politique générale, le 30 janvier, avec, à son actif, le dénouement heureux et dans le calme de son premier conflit social. Bingo collectif, donc !

Sauf que, partout, un autre ras-le-bol s’exprime. Celui de la domination hégémonique de la FNSEA, qui co-gère l’agriculture comme le SNES co-gère l’Education nationale, dans un système finalement très à l’anglo-saxonne où seuls les syndiqués ont un accès plein aux mécanismes corporatistes que les gouvernements enrichissent et compliquent de façon continue depuis plusieurs décennies. Au fond, à la campagne, la FNSEA est une sorte d’Etat dans l’Etat, une charnière entre l’industrie agro-alimentaire, les producteurs et leur éco-système. Et la légitimité de cette charnière est de plus en plus contestée.

Peu osent le dire. Nous allons nous y atteler. Et, d’ici là, nous avons demandé à Sébastien Béraud de nous en parler. Suivez-nous dans les jours à venir : nous reviendrons abondamment sur cette question.