Aurélien Rousseau/Lilly : une connivence peut en cacher une autre
Alors que le nouveau ministre de la Santé Rousseau vient d’obtenir toutes ses indulgences contre le péché de « conflit d’intérêt », on apprend qu’il est, par sa belle-mère, lié au laboratoire pharmaceutique Lilly. Bonne occasion de comprendre que la tyrannie des connivents n’est pas un simple accident administratif dont on peut se prémunir par des moyens réglementaires, mais un cancer culturel qui appelle une réponse pour le moins politique.
Comme c’est souvent le cas dans un régime en bout de course, la machinerie administrative s’excite sur des broutilles, pendant que les comportements les plus toxiques se déploient dans un vide juridique que le système actuel n’est pas en mesure de combler.
Il en va ainsi d’Aurélien Rousseau, « grand serviteur de l’Etat », qui semble en effet issu d’une constellation de familles passées maîtres dans l’art de (se) servir. Désormais ministre de la Santé, il est, d’une part, en même temps le compagnon de Marguerite Cazeneuve, N°2 de l’Assistance publique : c’est de ce péché véniel que, après délivrance des indulgences (en macronien dialectal : déports) de Borne, la HATVP (blanchisseur officiel des connivents gouvernementaux) vient de le laver.
Dans la famille Cazeneuve, n’en demandons pas trop !
Seulement voilà : Marianne – qui, sur un ton mimant pourtant l’après-vente, semble bien décidée à balancer – nous apprend au passage que :
« Marguerite Cazeneuve est la fille de Jean-René Cazeneuve, député Renaissance élu (…), et de Béatrice Cazeneuve, ancienne cadre dirigeante (…) du laboratoire pharmaceutique Lilly. Elle est aussi la sœur de Pierre Cazeneuve, député Renaissance… »
Et d’ajouter, à la limite du sarcasme :
« – mais n’a aucun lien de parenté avec l’ancien Premier ministre (…) Bernard Cazeneuve. »
En d’autres termes : de par son alliance avec ce que, dans n’importe quelle satrapie pittoresque d’Asie centrale, on appellerait sans états d’âme « le clan Cazeneuve », notre nouveau ministre de la Santé a (quelle surprise !) des liens avec l’industrie pharmaceutique !
Or ces liens sont, naturellement, trop distants et informels pour qu’il soit possible, voire souhaitable, de les sanctionner administrativement, même dans le cadre de notre cauchemar bureaucratique « républicain ».
En revanche, on trouve encore des gueux capables de voter pour la Macronie – y compris ses nombreux députés Cazeneuve. Ce qui repose la délicate question – politique et culturelle – d’un nécessaire retour aux principes de l’ostracisme.
- Source : Le Courrier des Stratèges