Free de Xavier Niel, a hébergé 48 % des images d’abus pédophiles trouvées au cours d’une enquête de deux ans
Selon le Centre canadien de protection de l’enfance, Free, le géant français des télécommunications détenu majoritairement par le milliardaire Xavier Niel, ne fait pas assez d’efforts pour lutter contre la présence d’images d’abus pédosexuels sur ses serveurs. L’association à but non lucratif affirme que près de la moitié du matériel pédopornographique découvert au cours d’une enquête de deux ans était «physiquement hébergé» et téléchargé par l’intermédiaire des services de télécommunications de Free.
Le rapport de recherche, publié mercredi, s’est penché sur la disponibilité du matériel d’abus sexuel d’enfants et le rôle des fournisseurs de services électroniques dans sa diffusion, et a constaté que Free était utilisé par ceux qui «hébergeaient et partageaient» environ 1,1 million d’images ou de fichiers vidéo de CSAM présumé ou de contenu nocif-abusif entre 2018 et 2020.
Dans le rapport, intitulé Project Arachnid, le Centre canadien de protection de l’enfance indique que ceux qui ont l’intention de distribuer du CSAM «ont profité du service d’hébergement de Free pour stocker anonymement des médias en ligne, puis diffuser le lien de téléchargement direct sur des forums sur Internet».
Rien n’indique pour l’instant que Free ou son propriétaire majoritaire Xavier Niel, qui détient plus de 70 % du groupe mère Iliad, étaient au courant du problème. Xavier Niel et Iliad n’ont pas répondu à ces allégations, ni aux questions de Forbes après avoir été alertés du rapport ce matin.
Le Centre canadien de protection de l’enfance s’est lancé dans la lutte pour le retrait du MSC sur Internet en ciblant spécifiquement l’infrastructure des services Web sur laquelle il est téléchargé, à l’aide d’une plate-forme Web conçue pour détecter les images connues et émettre immédiatement des avis de retrait aux fournisseurs de services électroniques (FSE). Le projet Arachnide ne prétend pas avoir découvert la totalité de l’univers du MSCA sur l’internet. Il utilise des «robots d’exploration du Web», ou bots, semblables à de petits moteurs de recherche, pour accéder au contenu situé à des URL sur le Web clair et obscur. Lorsque des images sont trouvées, elles sont comparées à une base de données de médias préalablement vérifiés. Si le système détecte une correspondance – une image CSAM reconnue – un avis de retrait est automatiquement envoyé pour demander sa suppression. Au cours des deux dernières années, le système a trouvé plus de 5,4 millions d’images CSAM. Toutefois, les progrès sont lents et le groupe est confronté à un arriéré de plus de 32,5 millions de médias suspects qui doivent encore être évalués.
Free :
Le rapport désigne Free, dont la société mère Iliad est cotée à l’Euronext Paris, comme le «seul» fournisseur d’accès à Internet responsable d’un «volume très important» d’images d’abus pédosexuels, et qui ne fait pas assez pour s’attaquer au problème dans son ensemble. Le rapport ajoute que, au cours de son enquête, 48 % de tous les supports d’images d’abus d’enfants trouvés pendant les deux années de son enquête (images et vidéos) sont à la fois «liés» et physiquement hébergés sur le service d’hébergement de fichiers de Free.
Plus précisément, le rapport a constaté qu’en utilisant des forums de discussion basés sur Tor (une partie du «dark web») et des téléchargements directs plutôt que des pages web traditionnelles, «un nombre inconnu d’utilisateurs anonymes sont en mesure de visualiser les liens de téléchargement direct et les mots de passe nécessaires pour déverrouiller et accéder au contenu», indique le rapport. «La disponibilité totale connue de CSAM et d’images ou de vidéos nuisibles-abusives accessibles par le service d’hébergement de Free a déclenché plus de 2,7 millions de signaux», selon le rapport.
Free est l’un des fournisseurs d’accès à Internet les plus populaires en France, offrant des services Internet, de télévision et de téléphonie fixe aux foyers, ainsi que son propre réseau de téléphonie mobile. Dans ses résultats du premier trimestre 2021, Free a indiqué que 3 millions de foyers français étaient actuellement abonnés à son service haut débit Fiber Free. En mars dernier, le groupe Iliad a affiché un chiffre d’affaires consolidé pour 2020 en hausse de 10,1% à 7,15 milliards de dollars et des bénéfices de 511 millions de dollars. Le groupe a annoncé dans son rapport annuel que le dividende passera à 3,66 dollars par action.
Avertissement :
Les résultats de cette enquête ne tombent pas tout à fait du ciel pour Niel et l’équipe dirigeante d’Iliad, qui ont déjà été alertés par le passé de la présence de contenus problématiques – mais pas de MCAA – sur leur service. En octobre 2007, le service d’hébergement de fichiers de Free – dl.free.fr – a fait l’objet de critiques de la part du ministre français de la culture de l’époque pour avoir permis «aux utilisateurs de télécharger anonymement de gros volumes de matériel piraté» – notamment des films et de la musique piratés – «sur dl.free.fr». Les articles de presse de 2007 n’ont pas donné de détails sur la réponse d’Iliad, qui n’a pas ajouté de commentaire aujourd’hui.
La question a été discutée en ligne en France au moins une fois avant la publication de l’enquête aujourd’hui. Le Centre canadien de protection de l’enfance a dirigé Forbes vers un post Reddit d’octobre 2019 sur un forum de discussion d’intérêt général français, qui affirmait que le site d’hébergement de fichiers de Free, dl.free.fr, «est devenu le choix numéro 1» dans «l’échange de contenus pédopornographiques en ligne».
Un porte-parole du Centre canadien de protection de l’enfance a déclaré à Forbes que Free a une «responsabilité légale et morale» de s’assurer que ses services ne sont pas utilisés à mauvais escient pour nuire aux enfants, ajoutant que les données montrent que «le service qu’ils exploitent est utilisé pour rendre un grand volume d’images nuisibles disponibles sur Internet».
La Commission européenne a introduit le règlement intérimaire e-Privacy en septembre 2020, obligeant les entreprises en ligne à détecter activement et à supprimer les abus sexuels sur les enfants en ligne.
Traduction : ExoPortail
- Source : Forbes (Etats-Unis)