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Lundi, 23 Déc. 2024

Vacance à la chefferie de l’Etat

Auteur : Stratediplo | Editeur : Walt | Mercredi, 05 Août 2020 - 16h26

Il paraît que la chefferie de l’Etat est vacante, le chef de l’Etat s’étant accordé des vacances, qu’il estime bien méritées.

On ignorait que cela existait. Même Louis XIV, qui a présidé pendant dix septennats et gouverné pendant dix quinquennats, avec au moins un conseil de ministres par jour dimanche inclus, ne s’est jamais officiellement mis en retrait plus de quelques heures, en dépit de sa santé affaiblie décennie après décennie par les sévices médicaux quotidiens. Cumulant les fonctions représentatives de chef d’Etat mais aussi politiques de chef de gouvernement (contrairement à son prédécesseur), gouvernant près de six heures par jour sept jours sur sept et présidant pendant le reste de ses heures éveillées sans vie privée, avec une poignée de ministres centrés sur les fonctions régaliennes d’un Etat minimal il a fait d’une puissance continentale moyenne la première puissance mondiale. Aujourd’hui le chef d’un Etat intégral qui régit totalement la société et a absorbé la moitié de l’économie, fait entretenir trente à quarante ministres (en dépit de l’abandon des fonctions régaliennes), dont un premier ministre car le chef se contente de présider, pour prétendre tenter de ralentir la décadence d’un pays qui était encore la première puissance mondiale il y a un siècle.

On croyait pouvoir attendre dans certaines fonctions un dévouement absolu. Dans les armées dont ce contractuel temporaire à durée déterminée est le chef, comme il l’a publiquement rappelé un jour à l’un de ses subordonnés, les « temps de commandement », ces deux ou trois temps forts d’une carrière, inaugurés par une investiture dont les mots résonnent avec solennité, et durant chacun de l’ordre de deux à trois ans, sont des sacerdoces à temps complet. Le chef ainsi investi doit être joignable (et peut être dérangé) à toute heure de la nuit même hors jours ouvrables, et doit dans certains cas (selon l’armée et l’arme) résider sur son lieu de travail, parfois sans famille (en déploiement ou en mission). Bien qu’il ait théoriquement droit à des permissions annuelles, objet d’un intérim dûment enregistré dans un cahier d’actes officiels, il est fortement (officieusement) incité à ne pas les prendre, et peut même faire l’objet de sanctions disciplinaires, suivies d’interruption de carrière, si son remplaçant dûment investi du commandement commet une négligence professionnelle en son absence. C’est dire si le commandement de quelques dizaines à quelques milliers de personnes, même en temps de paix, est pris au sérieux dans cette puissance mondiale de plusieurs dizaines de millions d’habitants, en guerre depuis trente ans et dotée du feu nucléaire, présidée in absentia par le vacancier parti sur une île déserte même pas dotée (sauf erreur) d’une ligne téléphonique physique.

On pensait que 2020 était une année exceptionnelle, justifiant des efforts exceptionnels. On a condamné le corps médical de première ligne à la contamination en détournant les masques de protection pour la tentative (du 15 mars) de légitimation municipale du régime. Cela n’a pas empêché le corps médical et paramédical, habillé par improvisation personnelle, de faire preuve d’un immense dévouement, sans vacances, sans dimanches et parfois sans sommeil jusqu’à l’effondrement d’épuisement. On a assuré aux citoyens que le géronticide était nécessaire au maintien des décisions budgétaires du régime, sévèrement assénées dans la rue aux chefs de service d’urgence l’année dernière, puis on a assuré que l’accroissement brutal du taux d’endettement des générations futures était nécessaire au maintien des décisions immigratoires qui coûtent le double du budget de la défense. On s’apprête à accepter une nouvelle détention domiciliaire généralisée, nécessaire au maintien de l’illusion d’activisme gouvernemental par l’alternance accélérée des ordres et contre-ordres dont on ne tente même plus de recenser les pseudo justifications contradictoires depuis six mois.

A peu de distance de l’îlot de vacance présidentielle, les pompiers bénévoles de la lutte contre l’embrasement climatique chaque année plus concrètement notable (hors des villes jamais incendiées) se demandent s’ils doivent en appeler au volontariat, au front de flammes, des policiers des compagnies prétoriennes de sécurité qui réprimaient l’année dernière, dans la rue, leurs supplications de maintien de budget. Faute de trouver le temps de fonder de véritables corps de pompiers professionnels et équipés, en ce XXI° siècle où un régime totalitaxataire fort de millions de fonctionnaires regarde des bénévoles tenter d’empêcher le pays de brûler, on aurait pu penser qu’en dépit de son épuisement le salarié de l’Elysée pourrait donner l’exemple en donnant une semaine de son temps grassement indemnisé (certes il n’est pas roi désigné par le destin et ses cinq ans de suspension volontaire de sa carrière de haut fonctionnaire valent rétribution) à dérouler des tuyaux ou à coordonner un déploiement interdépartemental, selon ses compétences, plutôt que de faire valoir des droits statutaires à congés légaux.

Il paraît même que le sédévacantisme estival a touché l’ensemble du gouvernement, certainement satisfait de son bon travail printanier avant la reconnaissance programmée, au retour à Paris (le cas échéant), que la peste ne fait que commencer. Dans la mesure où il est encore difficile de deviner à quel moment, ou à combien de morts reconnues, le gouvernement complet adoptera la solution Collomb-Buzyn validée par Macron, certains peuples de France, s’il en restait debout, pourraient être tentés de prolonger la vacance en mettant en place un confinement sanitaire et salutaire de l’îlot de Brégançon. Cela leur épargnerait d’être livrés à la prochaine gouvernance mondiale, comme ils ont été livrés il y a quinze ans à un régime supranational (heureusement assez inefficace) malgré leur ferme refus, par un referendum qui restera le dernier puisqu’on ne les consultera plus.

Le mois prochain le secrétaire général António Guterres annoncera partiellement, à l’assemblée générale de l’ONU, le programme à venir pour l’humanité. La mise en oe?uvre commencera en janvier à Davos, au sommet du Forum Economique Mondial consacré à la Grande Réinitialisation, qu’on évoque dans le Quatrième Cavalier (qui vient de sortir chez le Retour aux Sources).

Bonnes vacances.


- Source : Stratediplo

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