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1 400 milliards d’euros d’intérêts, la France est-elle une vache à lait ?

Auteur : Laurent Brayard via radio La Voix de la Russie | Editeur : Stanislas | Jeudi, 27 Juin 2013 - 15h17

1 400 milliards d’euros, c’est la somme gigantesque que la France et les Français ont payé au titre des intérêts de la dette depuis le dernier choc pétrolier. Ce chiffre donne le tournis lorsque l’on sait que depuis le milieu des années 70, aucun budget de l’Etat n’a été positif ou même équilibré. A l’échelle de monsieur tout le mondem c’est un peu comme si un ménage avait accumulé des dettes depuis 40 ans en payant des intérêts faramineux, aggravant d’une manière significative sa situation. Ces intérêts toutefois ne sont pas perdus pour tout le monde, mais de qui s’agit-il ?

Hier, en France, l’opposition s’est attaquée aux mauvais pronostics du gouvernement par rapport à la dette de l’Etat pour l’année en cours. D’après des députés de l’UMP et de l’UDI, le déficit de l’Etat prévu pour 2013 à 61,6 milliards d’euros devrait exploser. Après une année sous l’ère d’un nouveau gouvernement socialiste, il devrait atteindre un montant de 80 milliards d’euros. Les députés en question expriment leurs inquiétudes sur les prévisions politiciennes des ministres socialistes. Ces accusations ont déclenché une avalanche de réactions de part et d’autre des partis politiques. Pierre Moscovici est monté au créneau en vain, pour indiquer que les chiffres de l’opposition étaient faux et mensongers. Par la suite, le gouvernement a avoué que le déficit prévu à la hauteur de 61,6 milliards atteindrait certainement les 67 ou 68 milliards… et cela dure depuis 1978 !

Malgré les allégations de Pierre Moscovici rejetant la faute sur la gestion lamentable des comptes publics sur l’UMP, un fait seul reste à prendre en compte : la France, durant cette période de dégradation et déprédation des fonds publics, n’a été gouvernée que par deux formations politiques : le Parti socialiste et les libéraux de droite. Actuellement, la dette totale brute dépasserait les 2 000 milliards d’euros pour se fixer au-delà de 90 % du PIB de la France et environ 40 % des richesses produites en France en une année. Ces chiffres effarants veulent simplement dire que l’impôt sur le revenu payé chaque année par l’ensemble des Français ne suffit même plus à payer les seuls intérêts de cette dette.

La dette et ses intérêts sont d’ailleurs un grand mystère pour les plus chevronnés des économistes même dans les sphères intéressées de l’Etat : mais à qui profite donc cette dette ? Par le jeu des rouages financiers et économiques, actuellement en France, personne ne serait en mesure de dire concrètement à qui la France et les Français doivent cet argent et à qui il profite réellement. Les sources publiques indiquent toutefois qu’environ deux tiers de la dette française sont détenus par des institutions et organismes étrangers à la France. L’essentiel du reste de la dette étant entre les mains de banques ou de compagnies d’assurance domiciliées sur le sol français, mais la loi française interdit à l’Agence France Trésor, l’AFT, qui s’occupe de gérer la dette, de communiquer les noms des détenteurs des bons du Trésor. Certaines sources invérifiables indiquent que les îles Caïmans, le Luxembourg et le Royaume-Uni seraient les trois pays plus gros détenteurs de la dette française, certaines autres citent le Royaume-Uni, le Japon et les USA.

Dans une telle situation et en prenant en compte dans sa globalité la situation de la France, il est clair que dans la marche à la mondialisation, la France est en train de détruire l’essentiel de ses leviers pour garder son indépendance. N’étant plus en mesure de contrôler ses frontières, n’étant plus en mesure d’assurer sa défense, tout en étant assujettie à des organisations internationales comme l’OTAN, ne contrôlant plus ses lois et sa législation en étant concrètement sous la surveillance et le contrôle de l’UE et de Bruxelles, ne sachant pas, ou ne voulant pas savoir où se trouvent les détenteurs de l’incroyable dette française, il apparaît qu’en détruisant l’idée de la Nation, pour satisfaire l’ultra-libéralisme et le courant mondialiste à l’œuvre dans le monde, la France participe à la destruction de sa souveraineté et à un plan plus large de féodalisation et de morcellement de la France et de l’Europe.

La dette en effet n’entre pas uniquement dans la sphère stricte de l’économie. Il est tout à fait évident et clair que celui qui contrôle la dette d’un pays contrôle celui-ci et peut en prendre les commandes à court ou long terme. Aussi, les députés de l’UMP et les Pierre Moscovici du PS peuvent bien jouter dans les médias français pour s’accuser mutuellement du désastre financier qui s’annonce, ce qui est en jeu ici dépasse, et de loin, les comptes d’épiciers des fonctionnaires des ministères de France et de Navarre. Cette situation n’est pas une fatalité. La France, ainsi que tous les pays d’Europe ont assez enrichi banques et assurances, grossissant des fortunes déjà immenses. Des économistes, comme l’atypique Frédéric Lordon proposent toutefois des alternatives. Ce brillant économiste donne pour exemple l’Islande, qui suite à la Révolution des casseroles, a bouleversé de fond en comble le pays en refusant de continuer à payer une dette et des intérêts éhontés à des banques étrangères…

Depuis novembre 2010, suite à des manifestations populaires jamais vues dans ce pays, les Islandais ont fait sauter leur gouvernement et fondé une assemblée constituante. Cette dernière a été formée d’une manière originale, 1 000 citoyens ont été tirés au sort, plus de 500 ont accepté d’être candidat et finalement 25 d’entre eux ont été élus régulièrement et ont refondé la constitution de l’Etat islandais. Parmi les résultats à effet domino de ce chamboulement, l’Islande, début 2013, a gelé les négociations d'entrée dans l’UE, tournant le dos résolument à l’euro, et ce pays ne connaît pas la crise. Si certains indiquent que l’Islande ne pourrait pas servir d’exemple à la France, nous pouvons bien nous demander pourquoi. N’est-ce pas ceux qui profitent de cet énorme gâteau qui contrôlent justement les médias traditionnels ?

Remarquons également qu’un autre effet positif de l’action des Islandais a été le renouvellement salutaire de la classe politique. L’ancienne a purement et simplement été balayée, par ailleurs sans la moindre violence. Banques et politiciens conservateurs sont repartis la queue basse et loin de sombrer, l’Islande affiche une belle santé financière et des indices tous dans le vert. Les Français seraient-ils plus passifs et moins courageux que les habitants de cette petite île du Nord de l’Atlantique ?


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