Avec Valls, démocratie ou passage en force des lois, c'est du pareil au même
Manuel Valls n'est pas un adepte du consensus et du dialogue. Il est enfermé dans sa tour d'ivoire, ivre de la puissance que lui accordent ses fonctions de Premier ministre. L'Assemblée nationale, et donc les Français, seront privés d'un débat en deuxième lecture sur la loi Macron. Ce texte est particulièrement controversé, et ce pour plusieurs raisons scandaleuses parfaitement objectives.
La loi Macron remet profondément en cause notre modèle économique et s'attaque à des secteurs qui n'étaient pas en crise. Cette loi fourre-tout, dont les sociétalistes font la promotion en expliquant qu'elle « modernisera l'activité économique », déréglementera des pans entiers de notre tissu socio-économique jusqu'alors préservés. Elle ne répond qu'à un objectif : préparer le terrain au traité transatlantique pour Bruxelles et Washington, et plaire aux marchés.
On peut sans trop se tromper parler d'« uberisation » de la vie économique nationale. Les monopoles et les trusts multinationaux vont dépouiller les cadavres des professions juridiques et de tous les secteurs visés par la loi. Était-il bien nécessaire, en période de crise, de menacer les millions de salariés des professions libérales ? Est-il utile de multiplier les mesures antisociales dans l'objectif de relancer la croissance ? Manuel Valls, soutenu par Pierre Gattaz, méprise le dialogue social et rejette toute idée de patriotisme économique, car cette loi ne favorisera que les grands groupes étrangers.
Les mensonges d'Emmanuel Macron ont d'ailleurs été détricotés les uns après les autres. Le plus grossier étant celui de l'augmentation du pouvoir d'achat. Partout où les États ont déréglementé, les tarifs ont augmenté. Le gouvernement trouve de bien commodes têtes de Turc avec les notaires ou les pharmaciens, les désignant comme « rentiers », en omettant sciemment que les principaux profiteurs de la crise sont les banques, les financiers et les sociétés transnationales échappant à l'impôt.
Il n'y a pas eu de concertation avec les professionnels concernés ; dont les professions, vieilles de plusieurs centaines d'années pour certaines, seront brisées sans ménagement. Ce projet date de plusieurs années, et avait été d'abord fomenté par Jacques Attali sous le règne de Nicolas Sarkozy. C'est à cette époque qu'Emmanuel Macron et Jacques Attali sont entrés en sympathie. Le ministre de l'Économie ne fait que reprendre les préconisations formulées par son vieux maître, qui se trompe pourtant sur tout.
Dans ces conditions, et compte tenu des énormes défiances suscitées par cette réforme injuste à gauche comme à droite, Manuel Valls se voit contraint d'utiliser l'article 49 alinéa 3 de notre Constitution. Il passera en force au mépris des Français et de leurs représentants parlementaires. Il passera en force au mépris de l'esprit de la Constitution.
- Source : Gabriel Robin