Le yuan chinois de plus en plus utilisé comme monnaie de règlement et de réserve en Afrique
L’internationalisation du yuan chinois va crescendo grâce notamment aux étroites relations économiques entre l’empire du milieu et l’Afrique. Après le Ghana, le Nigeria, Maurice et le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, pays le plus industrialisé du continent et premier partenaire commercial de la Chine en Afrique, vient de donner son feu vert à l’utilisation du billet rouge comme monnaie de règlement et de réserve.
Une première plate-forme d’échange entre le yuan et le rand sud-africain a été mise en place par les deux pays la semaine écoulée, à l’occasion de la visite du ministre chinois des affaires étrangères en Afrique du Sud. Cette plateforme permettra de faciliter les transactions entre les deux monnaies.
L’utilisation croissance du yuan comme monnaie de règlement et de réserve en Afrique s’explique essentiellement par le volume croissant des échanges commerciaux entre la Chine et le continent, qui a été multiplié par vingt depuis 2000, atteignant plus de 200 milliards de dollars en 2013, soit près de deux fois ceux avec les Etats-Unis.
Une bonne partie de ces échanges est libellée en yuan via l’Exim Bank, la banque chinoise d’import-export. Selon l’outil de suivi du RMB Swift, plus de mille banques dans 85 pays se servent déjà du yuan pour leurs transferts. La banque sud-africaine Standard Bank, dont la banque chinoise ICBC est actionnaire à hauteur de 20 %, autorise déjà les règlements commerciaux en yuan dans seize pays du continent et prévoit qu’au moins 50 % des échanges entre la Chine et l’Afrique seront libellés en yuan d’ici 2016.
La hausse des investissements chinois en Afrique devrait aussi contribuer à une internationalisation à marché forcée du yuan. En finançant directement ses investissements, la Chine renforce ses capacités monétaires, impose le yuan comme une monnaie étalon et affaiblit le dollar américain. De nombreuses banques centrales africaines, comme celle du Nigeria, ont d’ores et déjà l’équivalent de 10 % de leurs réserves en devises étrangères libellés en yuan.
Par ailleurs, la Chine va s’appuyer sur la future Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) qu’elle a lancée pour accélérer la cadence de l’internationalisation de sa monnaie. Pékin, qui dispose de 3700 milliards de dollars de réserves en devises étrangères, souhaite en effet que les investissements financés par l’AIIB (50 milliards de dollars dès la première année), le soient en monnaie chinoise. 57 pays, dont l’Afrique du Sud et l’Egypte, font partie des membres fondateurs de cette nouvelle institution.
Selon une étude de la banque HSBC, les échanges en yuan devraient compter pour 50% des transactions réalisées par la Chine à l’étranger d’ici 2020, contre 20% seulement en 2014.
- Source : Agence Ecofin