www.zejournal.mobi
Mardi, 26 Nov. 2024

L’économie à l’épreuve des balles de la Russie est-elle prête à décoller ?

Auteur : Phil Butler-Traduction Diane | Editeur : Walt | Vendredi, 17 Avr. 2015 - 13h48

Newsweek et d’autres médias dominants occidentaux sont en train de revenir sur leur comportement anti-russe déraisonnable. Les sanctions massives contre la Russie ont détruit des fortunes, mais n’ont pas conduit au résultat escompté par les dirigeants occidentaux.

Observer le cours de la politique étrangère, son déclin et le virage dans les affaires concernant la Russie est une expérience gratifiante pour tous les modérés dans le monde. Bill Powell, dans Newsweek, assure aux fidèles du journalisme sur la terre qu’il y a un espoir aujourd’hui même pour les médias dominants. Malgré les sanctions des États-Unis et de l’Union européenne destinées à paralyser l’économie russe, les dernières initiatives économiques de Vladimir Poutine ont apparemment sauvé le Jour de la victoire russe.

L’article de Newsweek, Quelles sanctions? L’économie russe se développe de nouveau, est symbolique à plusieurs égards d’une rupture dans le courant hostile envers la Russie. Powell accomplit en quelque sorte un acte de foi et de crédibilité en soulignant comment le récent dégel n’est «pas exactement ce que l’Ouest espérait». Contre ce qui semblait être des obstacles économiques insurmontables, le rouble de Poutine a rebondi, les réserves de change sont en hausse et les recettes du gouvernement russe ont même dépassé les attentes.

La Russie peut résister économiquement aux balles

Alors que les prix du pétrole brut et de l’énergie ont durement frappé les entreprises russes, ils ont permis à l’industrie russe d’atteindre les profits les plus élevés de son histoire récente. Cela et d’autres stimuli inattendus, comme résultat secondaire des sanctions, énonce une sorte de désastre politique à Washington, Londres et Bruxelles. On peut trouver la substantifique moelle de cette histoire de Newsweek dans l’index MICEX, et au niveau micro-économique, avec des sociétés comme le sidérurgiste Severstal (nouvel accord Renault-Nissan). Pour ceux qui ne sont pas familiers de l’industrie lourde, le prix de l’acier, pour les constructeurs automobiles et d’autres marchés, dépend des coûts de l’énergie utilisée pour le produire. Lorsque j’étais à Nucor Steel en Amérique, à part les coûts de la ferraille et d’autres matériaux bruts, la quantité d’électricité utilisée pour la production d’acier était énorme, un facteur critique de viabilité. La volatilité des coûts de fabrication, en univers concurrentiel, ouvre ou ferme les marchés. La plongée des prix de l’énergie, combinée avec d’autres bénéfices coût/revenu que Powell décrit ont permis au ministre des Finances de Poutine d’orienter la marge de manœuvre fiscale vers la croissance.

Les yeux doux des médias dominants

Bien que l’analyste de Newsweek soit loin d’être un modéré lorsqu’il s’agit de la détente entre l’Est et l’Ouest, sa conclusion sur Poutine est solide. Le dirigeant russe que les démocraties occidentales ont essayé de détruire par tous les moyens sait exactement où il va. Ce qui est tellement intéressant dans le papier du Newsweek, ce sont les informations qui contreviennent aux goûts de la BBC et d’autres du même acabit, dans une seule journée. Le gros titre de la BBC dit : «Les Russes se sortent de la crise économique», citant une correspondante diplomatique et experte reconnue de la Russie, Bridget Kendall. Vue la disparité entre la vision Newsweek/Bloomberg sur la résilience de la Russie et la position de la BBC, via Kendall, il apparaît que la concurrence journalistique est encore vivante et bien vivante. Pour sa part, Kendall n’a visiblement pas examiné les données économiques. Son article parle d’usines fermées et de commerçants en détresse, alors que ce n’est tout simplement pas le cas. Même ici, en Allemagne, on peut trouver des écriteaux à louer partout, des usines délabrées et fermées, et l’inefficacité récompensée par la faillite. Kendall semble être victime de la partialité de la BBC, ou alors on l’a aidée à le formuler.

Cependant, on s’appuie sur la réalité pour les décisions de placement, le gouvernement russe a clairement surpassé toute son opposition ces derniers mois. La guerre économique et médiatique contre Poutine et la Russie qui était si évidente lorsque le rouble s’est effondré il y a quelques mois, s’est délitée sous nos yeux, si je ne me trompe. Nous le voyons dans le manque d’harmonie, déjà mentionnée, entre la BBC et les opinions de Bloomberg, Forbes, et même du Washington Post récemment. Le tableau ci-dessous montre une réalité économique distincte. Le gourou de l’investissement de Forbes, Kenneth Rapoza, a signalé hier seulement le Brésil et la Russie avec la mention achetez dans un secteur censément en déroute. Rapoza est intelligent et à l’écoute du Saint Graal des investisseurs, le rendement. Je pourrais continuer, mais la tendance semble claire, le courant dominant a été forcé de revenir à la réalité.

Prends la mise… et tire-toi

Si on évalue ce qui est certainement une rupture dans la tonalité des articles des médias sur la Russie, et d’autres facteurs que nous voyons dans la politique de l’Union européenne et des États-Unis, on peut dire avec certitude que les sanctions contre la Russie ont été et sont une stratégie qui a échoué, et qui se retourne contre ses auteurs. Une intervention de Sahra Wagenknecht, vice-présidente du parti de gauche allemand Die Linke et députée au parlement – dont nous avons parlé l’autre jour – avait prédit ce retour de bâton. Éperonnée par Washington et Londres, l’UE a prononcé des sanctions censées forcer la main de la Russie. Aujourd’hui, nous voyons la Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Hongrie, la République tchèque et d’autres pays rejeter non seulement ces sanctions, mais aussi toute la rhétorique antirusse. Wagenknecht affirme que cette politique a détruit l’Ukraine et nui à l’Europe en même temps. Je pense qu’on dira probablement la même chose de l’Amérique et du Royaume-Uni, au bout du compte. L’euro a subi un gros coup, le dollar a de nouveaux concurrents, la Chine et la Russie, et un éloignement généralisé vis-a-vis des États-Unis en direction des BRICS est aujourd’hui une réalité majeure. Même en considérant le potentiel du marché économique et d’investissement interne de la Russie comme un cas singulier, aucun pays n’a davantage de potentiel de croissance aujourd’hui. Le tableau de Gazprom ci-dessous, montrant sa capacité énergétique en 2012 est un symbole.

Une fois tous les faits et les discours pesés, dans un futur proche, la stratégie téméraire à des fins douteuses sera pleinement révélée. Que la situation en Ukraine soit totalement réglée ou non, faire monter la tension Est-Ouest en punissant la Russie n’était pas une stratégie judicieuse. Le prochain geste des investisseurs sera de profiter d’un marché proche et à l’épreuve des balles. Après tout, l’économie de la Russie a été touchée, sauf l’évier de la cuisine. Je lève mon chapeau à Bill Powell et à tous ceux qui vivent dans le monde réel.


Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...