Les Etats-Unis jettent l’éponge. Ils vont coopérer avec la BAII
Les grands adorent le suspens. D’abord, la Russie, dont on savait pourtant qu’elle ne pouvait pas ne pas être membre de la BAII, qui n’annonce sa candidature qu’à quelques jours de la date limite, et maintenant les Etats-Unis, encore plus fort, qui attendent le tout dernier jour pour dire que, finalement, ils allaient coopérer avec la nouvelle banque qu’ils se sont pourtant acharnés à combattre.
Ce lundi 31 mars, la date butoir pour le dépôt des candidatures pour devenir membre fondateur de la BAII, le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a déclaré que son pays prévoyait de coopérer avec la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII). Cette annonce s’est faite après un entretien d’une heure que M. Lew a eu avec le Premier ministre chinois Li Keqiang ce lundi à Beijing, selon le vice-ministre chinois des Finances Zhu Guangyao. M. Zhu a confirmé, à l’Agence de Presse Xinhua que le secrétaire américain au Trésor souhaitait la bienvenue à la Chine pour jouer un plus grand rôle dans les affaires économiques internationales.
C’est une passation de pouvoir, pour ne pas dire une capitulation.
Après avoir vu ses alliés les plus solides partir, l’un après l’autre, rejoindre le projet chinois, les Etats-Unis ont fini par faire un constat amer ; ils ont été tout simplement ignorés et traités comme quantité négligeable dans cette affaire. Avec ou sans eux la BAII se fera, et le monde entier, hormis le fidèle japon et quelques petits satellites, sera là pour y participer. Que faire d’autre maintenant sinon tenter de de jouer avec les instruments qui sont encore en sa possession, le FMI et la Banque Mondiale, avec lesquels la BAII aura à coopérer d’une manière ou d’une autre ?
C’est d’ailleurs ce que propose M. Lew dans sa déclaration après son entretien avec le premier ministre chinois, dans laquelle il dit que la coopération ne peut être mise en œuvre qu’à travers le dialogue stratégique et économique Etats-Unis-Chine, la Banque mondiale et la BAII, ainsi qu’à l’aide d’autres mécanismes admis par les deux pays. Une manière de dire : « rien ne se fera sans nous », mais l’on sent bien que c’est juste une manière d’en sortir la tête haute, car la BAII a été créée précisément pour s’affranchir de toute dépendance vis-à-vis de la Banque Mondiale et le FMI.
- Source : Réseau International