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Un pâtissier coupable de « racisme colonial » selon le CRAN

Auteur : Caroline Artus | Editeur : Walt | Jeudi, 05 Mars 2015 - 15h49

La pâtisserie, ce n’est pas seulement une affaire de saveurs et d’esthétique. Pour Yannick Tavolaro, qui exerce ce noble et gustatif métier à Grasse, c’est aussi une affaire d’originalité. Et d’exotisme. Seulement voilà : par les temps qui courent, l’exotisme, on a le devoir de l’accepter – et accessoirement de le subir – mais pas de le représenter.

Témoins ses « Dieux et Déesses » africains qui ont déclenché le courroux du CRAN, lequel exige leur retrait immédiat sous la menace d’une plainte pour « incitation à la haine raciale ». Selon l’association, ces « friandises s’inspirent de fantasmes coloniaux » en ce qu’ils représentent les Noirs avec des regards ahuris, des bouches surdimensionnées et des organes sexuels protubérants. Pire : ces divinités tournent en ridicule les religions africaines. « De fait, pour le Conseil représentatif des associations noires de France, le pâtissier n’est pas seulement raciste – ce qui, en soi, est déjà une terrible accusation – mais a fait montre d’un “racisme colonial”. »

Peut-on conclure que ces mêmes « Dieux et Déesses » caricaturés sans les caractéristiques précitées auraient trouvé grâce aux yeux du CRAN ? Quand les « têtes de nègre » ont disparu des rayons pâtissiers, les réglisses en forme de masque africain ôtés de l’assortiment Skipper Mix de chez Haribo, ou encore le « Y’a bon » supprimé de Banania (dont le MRAP a eu la peau, en 2011), il y a de sérieuses raisons d’en douter.

D’ailleurs, pour Yannick Tavolaro, la démarche du CRAN, c’est du « terrorisme intellectuel ». Mais le brave pâtissier a tort de s’en inquiéter parce que c’est du terrorisme sélectif : le CRAN trouve-t-il à redire sur les « pets-de-nonne » ou les « religieuses », également commercialisées dans sa pâtisserie grassoise ? Et – supposition – que dirait le CRAN si, pour la fête de l’Aïd, le pâtissier décidait de fabriquer imams et mosquées en chocolat ou en sucre ? Ouverture à l’Autre ou… islamophobie ?

Drôle de mœurs qui, d’un côté, interdisent la création touchant à l’Afrique, mais qui, de l’autre, autorisent des œuvres d’un goût plus que douteux. Par exemple, quand pour Pâques un chocolatier britannique eut l’idée de fabriquer des « anus comestibles » à partir du moulage de vrais fessiers. Pas d’associations droits-de-l’hommistes pour s’offusquer d’une atteinte au « fondement » de la dignité humaine ?

Et si, chez nous, le désir créatif d’un honnête pâtissier doit désormais se trouver en conformité avec des officines largement subventionnées, en Suède, les ornithologues subissent l’antiracisme volatil des traducteurs. Plus de « nègres » mais des « noirs ». Plus de « kaffer » qui venaient de Cafre – êtres humains vivant à l’île de La Réunion, descendants d’esclaves et fiers de leurs origines ; plus de « gypsy bird » non plus, et plus d’Hottentots pour ne pas stigmatiser… les « bègues » !

Français ou suédois, l’antiracisme ne serait-il pas l’expression même du caractère raciste de ceux qui le promeuvent ? Pour l’heure, notre brave pâtissier se défend en menaçant de porter plainte pour diffamation. Il a bien raison.


- Source : Caroline Artus

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