Papy fait de la résistance au Grand Remplacement mental
L’évidence d’hier est devenue le blasphème d’aujourd’hui.
Les vieux sont une chance pour la France. Les constructeurs d’EHPAD vous le confirmeront, les fabricants de monte-escalier ou de tests Alzheimer aussi. Les baby-boomers et leurs grands frères ont de l’or gris dans les poches. Mais leur contribution au bonheur national n’est pas seulement économique. On parle beaucoup de liberté d’expression, ils l’exercent. Ce sont les derniers nababs du politiquement incorrect.
Même en laissant de côté Johnny, champion de la gaffe, et Brigitte Bardot, princesse de la provocation, les paroles des vieux détonnent aujourd’hui comme des pets de Belzébuth dans ce boudoir de bon ton qu’est devenu le débat public. Un Roland Dumas reproche tout haut à Manuel Valls d’être influencé par sa femme juive. Un Michel Galabru embarrasse la journaliste belge qui l’interroge en disant, de professionnels rencontrés dans certains films foireux : « Ils étaient tous pédés. »
Ce qui est remarquable, quoi qu’on pense des propos des uns et des autres, ce sont les commentaires choqués et sentencieux des jeunes journalistes. De même Anouchka Delon s’est-elle hautement désolidarisée de son père après que celui-ci a dit à Anne-Sophie Lapix, en parlant du mariage gay : « Oui, c’est contre-nature, je suis désolé. On est là pour aimer une femme, pour courtiser une femme, pas là pour draguer un mec ou se faire draguer par un mec. » Elle ne s’est pas griffé le visage ni lacéré la poitrine, mais elle avait l’air gêné de la bourgeoise devant un vieillard qui fait sous lui.
L’évidence d’hier est devenue le blasphème d’aujourd’hui ; la norme sociale a changé mais demeure contraignante. Chacun revendique la liberté d’expression pour soi et nie celle de l’autre. Et la fracture entre les générations révèle une rupture de civilisation. De même que l’invasion a provoqué un Grand Remplacement physique, de même l’Éducation nationale et les médias produisent-ils un Grand Remplacement mental, tout aussi abyssal. Ceux qui sont aux affaires ont sucé le lait d’une nouvelle intolérance. Aussi la « lepénisation » des anciens croît-elle : avant de mourir, ils jettent la dernière lumière d’une étoile morte, celle de la France qui s’en va.
- Source : Martin Peltier