Chute des cours pétroliers: un complot Riyad-Washington?
Les agissements imprévisibles des autorités saoudiennes en matière de politique pétrolière ont engendré, la semaine dernière, de nombreuses théories du complot sur ce pays de premier plan de l'Opep. L'une de ces théories avance que l'Arabie saoudite aurait l'intention de déstabiliser l'économie russe et iranienne, a écrit l'agence Reuters.
"Les marchés énergétiques s'interrogent: pourquoi ce leader de l'Opep n'empêche pas la chute du cours de l'or noir, qui a atteint son minimum depuis ces dernières années? Cela signifie-t-il que l'Arabie saoudite poursuit des fins économiques, voire géopolitiques?", rapporte l'agence.
Entre temps, des dirigeants saoudiens ont organisé des réunions secrètes de l'Opep à New York et Riyad en septembre et en octobre, rapporte Reuters, se référant à quatre sources dans les milieux commerciaux et diplomatiques. Des représentants de Riyad ont annoncé que le pays disposait de suffisamment de réserves de change pour ne pas s'inquiéter des tarifs de 70-80 dollars le baril pendant un an environ.
"Malgré les déclarations d'Ali Al-Naïmi (ministre saoudien du Pétrole), selon qui Riyad souhaite la stabilité du marché, les sources diplomatiques et commerciales indiquent que les représentants saoudiens ont déclaré lors des récentes réunions secrètes que le royaume pouvait se résigner pendant un certain temps aux tarifs actuels, voire à des prix plus bas", stipule l'article.
L'un des participants à ces réunions a déclaré à Reuters que par ses actes, l'Arabie saoudite souhaitait évincer du marché le pétrole américain, qui coûtera plus cher. Cependant, dans le même temps, les actions de Riyad pourraient viser la Russie et l'Iran pour leur soutien à l'ennemi principal de l'Arabie saoudite au Moyen-Orient – le président syrien Bachar al-Assad.
Selon d'autres versions, l'Arabie saoudite et les États-Unis chercheraient ensemble à faire baisser le cours du pétrole en dépit des affirmations des autorités des deux pays selon lesquelles cette affaire n'impliquait pas d'intérêts géopolitiques.
"Pourquoi les USA et certains de leurs alliés cherchent-ils à faire chuter les tarifs pétroliers? Pour nuire à la Russie", a déclaré Nicolas Maduro, président du Venezuela qui est membre de l'Opep.
Reuters rappelle également la réponse du secrétaire d’État américain John Kerry après sa visite en Arabie saoudite, à la question de savoir si le thème du cours pétrolier avantageux pour le budget russe avait été soulevé à Riyad.
"Les autorités saoudiennes savent parfaitement à quel point elles sont capables d'influer sur les tarifs mondiaux du pétrole", avait-il répondu.
Par ailleurs, comme le souligne Reuters, la plupart des pays de l'Opep - à l'exception de l'Arabie saoudite - sont intéressés par des tarifs pétroliers bien plus élevés pour stabiliser leur budget mais ne peuvent ou ne veulent pas réduire la production de l'or noir sur fond de ralentissement de la croissance économique en UE et en Chine, ainsi que de hausse de l'exploitation pétrolière aux USA.
La réunion annuelle des pays membres de l'Opep se tiendra à Vienne le 27 novembre. Ils décideront s'ils vont réduire leur production dans le contexte de la détérioration des pronostics de consommation de pétrole dans le monde, de l'augmentation significative de la production aux USA, ainsi que de la baisse conséquente du cours du pétrole. Les investisseurs pensent que la baisse du baril en-dessous de 80 dollars et la descente au plus bas des contrats à terme WTI et Brent depuis 2010 devraient pousser l'Opep à réduire sa production.
- Source : RIA Novosti