La polémique sur les lunettes trop chères et les "fraudes" à la mutuelle est tombée comme un heureux hasard. Paul Morlet, entrepreneur autodidacte de 24 ans, s'apprête en effet à lancer jeudi une bombe sur le marché des opticiens. Lunettes pour tous, sa boutique de 300 mètres carrés du 3, rue de Turbigo (1er arrondissement de Paris), ouvrira au public en milieu de journée après un an de travail dans le plus grand secret.
Le concept est relativement simple. "Nous allons proposer des lunettes entre 5 et 15 fois moins chères que le marché actuel", explique Paul Morlet, les traits cernés par des heures de préparation intense. Trente-quatre modèles de montures certes fabriquées en Chine, mais, assure-t-il, "au-dessus du standard de qualité", dont il ne veut pas dévoiler le prix avant l'ouverture. "Quelques euros", avance-t-il tout juste. Monture et verres compris, "attendez-vous à un prix détonnant". Autre garantie : la rapidité. Le client muni de son ordonnance pourra repartir 10 minutes après sa commande "contre 2h50 en moyenne actuellement". Pour les verres progressifs, la préparation, sur place, durera 48 heures. Les ateliers sont au sous-sol du magasin.
Briser le marché des lunettes
Le projet du jeune entrepreneur est, ni plus ni moins, que de "briser" les prix d'un marché français où le coût moyen des lunettes atteint 475 euros, et 600 euros pour les verres progressifs, dont la moitié du montant n'est pas prise en charge par les mutuelles. "Aujourd'hui, argumente l'entrepreneur, 80 % des Français ont besoin de lunettes mais 2 millions ne peuvent pas en acheter."
Pour tenir son modèle économique, Paul Morlet devra vendre "plusieurs centaines de lunettes par jour". Une gageure, d'autant qu'il ne compte pas vendre ses lunettes sur Internet. Il a investi toutes ses économies, "quelques centaines de milliers d'euros", pour monter son affaire, investir la boutique de la rue de Turbigo et embaucher une quarantaine de salariés, dont un optométriste. Le jeune homme ne renie pas la comparaison avec Xavier Niel, le médiatique patron de Free. "Il a démocratisé le marché de la téléphonie mobile. Un marché très important. Mais les lunettes sont, encore davantage, un produit de première nécessité." A 20 ans à peine, Paul Morlet, électricien de formation, s'était illustré avec ses "Lulu Frenchie", des lunettes "personnalisées" à bas coût arborant des marques sur les verres. Il en a vendu deux millions d'exemplaires dans le monde. Parmi ses clients : Lady Gaga, les Black Eyed Peas, David Guetta et les BB Brunes.