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Lundi, 25 Nov. 2024

Union bancaire - « Nous approchons malheureusement du grand soir où tous les épargnants seront taxés »

Auteur : Entretien avec Nicolas Lecoq-Vallon et Hélène Féron-Poloni réalisé par Lilian Delfau pour News360x- | Editeur : Walt | Vendredi, 08 Août 2014 - 04h33

La société d'avocats Lecoq-Vallon & Feron-Poloni est spécialisée dans la défense des épargnants, des emprunteurs et des investisseurs.

Ces derniers mois revient sur le devant de la scène médiatique et économique l'Union bancaire européenne, promise depuis plusieurs années par de nombreux dirigeants.

News360x – En tant qu'avocat, pensez-vous que cette union va améliorer ou fragiliser la sécurité des comptes des épargnants ?

En tant qu’avocats, nous sommes amenés à penser que c’est un facteur important de l’amélioration de la défense de leurs intérêts. L’expérience prouve qu’au niveau des directives et normes européennes, à partir du moment où il y a un enrichissement des règles, il y a amélioration des conditions de sécurité et d’information. Sur ce point, tout cela va dans le bon sens.

Dans le cas de Chypre, les comptes inférieurs à 100.000 euros ont été épargnés de toute ponction. En cas de crise, en sera-t’il de même à l’échelle européenne ?

Ce n’est pas certain. Les pauvres sont pauvres, mais ils ont cet avantage d’être nombreux. Nous avons à de nombreuses reprises évoqué le risque de voir émerger une « Taxe une fois pour toutes » afin de réduire brutalement l’endettement de certains états membres. On peut imaginer une sorte de « Grand Soir » où le gouvernement en viendrait à annoncer que tous les comptes de dépôt ou comptes courants sont ponctionnés de 10% ou plus de leurs avoirs pour faire face à ce qui serait qualifier d’urgence dans le service de la dette.

Ce n’est pas une simple hypothèse, puisque cette solution a été recommandée un temps par le FMI comme une solution au sur-endettement de certains pays, dont la France. Ainsi, si cela vient à se produire, alors il y a fort à parier que tous les comptes seront mis à contribution, car la masse d’avoirs qui pourraient être obtenue par des retraits « raisonnables » sur des comptes supérieurs à 100.000 euros ne serait pas suffisante.

Le cas de Chypre à ceci de particulier que le pays était devenu le réceptacle d’investissements étrangers importants, notamment russes, soupçonnés d’être constitués par de l’argent sale, ce qui est une hypothèse loin d’être similaire à celle que nous évoquions.

L’assurance-vie est-elle également concernée par ces possibles ponctions ?

Oui bien sûr, à ceci près qu’elle offre de meilleures garanties, notamment dans le droit français. Même si il sera difficile d’échapper à cette « Taxe une fois pour toutes » en cas de crise, il est évident que les marchés financiers subiront dans le même labs de temps d’importantes pertes.

Or, si quelqu’un possède un contrat d’assurance-vie en déficit, il peut encore aujourd’hui annuler les pertes subies sur ce contrat en y renonçant, et en demandant à l’assureur de restituer l’intégralité des primes versées jusqu’alors au titre d’intérêts. Plus de 40 % des français ont une assurance-vie et beaucoup trop d’entre-eux renoncent à leurs droits en cas de perte.

Si une crise bancaire mondiale venait à nouveau à se déclencher dans les mois à venir, les épargnants s’estimant floués par cette participation forcée au désendettement pourraient-ils porter plainte contre les institutions européennes ?

Ce serait extrêmement compliqué. Il n’y a actuellement aucun exemple de jurisprudence ou d’indemnisation obtenu par des épargnants contre des institutions de ce type à l’échelle européenne. Il y a des précédents qui concernent les États-membres, mais en l’état des textes, nous sommes très perplexes quant à la possibilité de voir un épargnant se faire rembourser dans un tel cas. Après, le droit évolue tous les jours. Il est théoriquement envisageable de porter plainte contre ces institutions dans un tel cas, mais cela reste une hypothèse, car il n’existe, je le rappelle, à notre connaissance aucun précédent.

Certains observateurs économiques font régulièrement part de leurs analyses et inquiétudes suite aux discours de plus en plus alarmistes tenus par certains responsables, à l’image de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, et du risque de « Reset ». Êtes-vous inquiets quant à la situation économique actuelle ?

Malheureusement oui, ce risque est élevé. On assiste depuis plusieurs mois à la dégradation du système bancaire, et à celle de la situation des finances publiques des États-membres européens. Une crise de confiance liée à une forte augmentation des taux sur le marché obligataire d’un des pays concernés est à craindre.

Il y a fort à parier que nous n’entrerons pas dans une situation de banqueroute, mais que nous approchons malheureusement du « Grand Soir » dont nous parlions précédemment, même si il s’avère encore difficile de savoir si tout cela est une question de mois, ou d’années.


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