Bienvenue dans un mondial de riches !
Le « fric foot » frappe décidément à tous les étages. La Coupe du monde de football qui débute le 12 juin au Brésil en est, une fois le plus, le parfait et triste exemple. Car rien n’est trop beau pour l’élite du ballon rond. Le pays organisateur a investi neuf milliards d’euros dans les nombreuses infrastructures mises à la disposition des joueurs et du public. On est loin, très loin, des 600 millions d’euros (dont 420 millions pour le Stade de France) investis par le gouvernement français en 1998. Le Brésil espère d’importantes retombées, au minimum 3 milliards d’euros directement en raison de l’arrivée de centaines de milliers d’étrangers. Cette coupe devrait aussi leur assurer un gain de croissance de 0,4% par an jusqu’en 2019, ont indiqué les prévisionnistes.
En attendant, les grèves se multiplient et bloquent le pays qui peine à assurer la sécurité de ses habitants, à leur procurer des revenus suffisants et les aficionados se lamentent du prix excessif des billets. Officiellement, ils se vendent entre 11 (1er tour) et 753 euros (finale), selon les compétitions et les catégories. Mais au Brésil, le marché officiel a fait long feu. Les billets se négocient déjà très cher au marché noir. Ceux du match d’ouverture (Brésil-Croatie) se vendent autour de 1.500 euros. Ceux de la finale frôlent et même dépassent 30.000 euros ! Une inflation de près de 4.000%…
L’explosion exponentielle touche aussi les droits de retransmission TV. En 1990, ils étaient d’environ 95 millions (équivalents) euros. En 2010, ils ont dépassé le milliard pour la coupe du Monde en Afrique du Sud. Combien en 2014 ? Top secret mais certainement pas moins ! Rien qu’en France TF1 a déboursé plus 130 millions d’euros avant d’en vendre une partie, pour 50 millions d’euros, à BeIN Sports.
Même les joueurs s’y mettent. Impossible pour eux, professionnels, d’honorer gratuitement le maillot national. Là encore, tout est une affaire de fric à faire tourner la tête. Les joueurs français toucheront 300.000 euros chacun en cas de victoire, 240.000 pour une deuxième place, 210.000 pour une troisième… Ils touchent déjà 75000 euros chacun pour être présents au premier tour. Peut-on vraiment croire le président de la Ligue de football quand il assure que « l’argent n’est pas un moteur pour les joueurs » ?
Il n’y a pas que les Français. Après avoir failli boycotter le mondial 2002 pour une histoire de primes, les Lions indomptables (Cameroun) ont remis ça le 7 juin. Même motif même punition. La Fédération camerounaise (FECAFOOT) a fini par lâcher du lest., quitte à recourir à l’emprunt ! Chaque joueur percevra donc au minimum 76.000 euros pour sa participation au mondial. Précision : le salaire moyen mensuel camerounais s’élève à 75 euros par mois. Et parmi les grévistes, il y avait le joueur le mieux payé du monde : Samuel Eto’o qui gagne 20 millions d’euros par an (hors sponsors !)
Dans ces conditions, plusieurs questions se posent : A quoi sert la redevance TV ? Pourquoi payer pour regarder des joueurs souvent décérébrés taper dans un ballon ? Où est passé l’esprit du jeu ? Qu’en pensent les responsables et joueurs des petits clubs amateurs ? N’ont-ils pas raison eux qui prennent chaque dimanche leur voiture personnelle et qui pestent (logiquement) contre le manque de moyens que la Fédération et./ou la Ligue nationale leur accorde ? etc. Oui vraiment, bienvenue dans un mondial de riches.
- Source : Henri Saint-Amand