La courbe du chômage va continuer de monter, monter...
Cinquante milliards d’économies ! Voilà l’objectif mille fois répété de Manuel Valls. En fait c’est plus puisque, nous dit la Cour des Comptes, les recettes fiscales ont été surestimées de quelques 15 milliards, mais bon… passons ! Les dépenses de l’Etat se décomposent ainsi : 31% pour les salaires des fonctionnaires, 40% pour la protection sociale et autres subventions à l’économie, 13% pour la charge de la dette et le reste (17%) pour l’investissement et les dépenses de fonctionnement. La charge de la dette est incompressible, quant au poste investissement et dépenses de fonctionnement on est à l’os. Reste la santé et la Sécurité Sociale sur lesquels l’Etat prévoit 22 milliards d’économie, et enfin le fameux « mammouth » qu’il va falloir dégraisser à hauteur donc de 28 milliards.
Avez-vous un seul instant entendu Manuel Valls nous dire quel impact ces économies auront sur l’emploi ? Moi non. L’immense majorité des français se sent rebutée dès que l’on parle d’économie, sauf que l’économie se résume parfois à de la simple arithmétique et qu’ils seraient bien avisés d’y jeter un coup d’œil.
Depuis 1990, 3,2 millions d’emplois ont été créés dont 1,7 million par l’Etat et les administrations publiques. Un chiffre cependant très insuffisant puisque sur la même période, le nombre de chômeurs (catégorie A uniquement) s’est accru de 1,5 millions. Depuis 2008 et le début de la crise financière 280.000 emplois ont été détruits dans le secteur privé alors que le secteur public a continué à créer des emplois, environ 90.000. Un solde négatif qui, ajouté à l’augmentation de la population active (environ 160.000 par an) explique l’augmentation du chômage (+1 million).
Combien coûte par an un fonctionnaire? réponse environ 48.000 euros. Ainsi, pour faire « seulement » 10 milliards d’économies il faut détruire 208.000 emplois publics, l’équivalent de la ville de Rennes !
Le verdict est sans appel, si l’Etat ne touche pas aux salaires de la fonction publique, il va devoir dégraisser massivement. Environ 500.000 emplois devront être supprimés par l’Etat sur les trois prochaines années. Ajoutons 300.000 jeunes entrants sur le marché du travail, c’est 800.000 emplois que le secteur privé va donc devoir créer, alors que, nous l’avons vu, il en a détruit près de 300.000 depuis 2008. Vous y croyez ? Moi, pas une seconde, car pour y parvenir il faudra atteindre le niveau de croissance des années 1998 à 2000 soit +3.5% par an en moyenne. Nous en sommes très loin.
L’Unedic prévoit encore 300.000 chômeurs de plus en 2014 et 2015. Mais au vu du niveau d’activité observé en cette année 2014 (PIB en progression de 0% en France au premier trimestre, -1% aux USA, +0.2% dans l’ensemble de l’eurozone), on serait même tenté de juger cette prévision encore bien optimiste.
- Source : Christophe Servan