Nouvelle loi de la député Caroline Yadan : la critique d’Israël et du sionisme bientôt interdite en France
La proposition de loi de Caroline Yadan vise à interdire toute critique d’Israël, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme. En réalité, ce projet va restreindre la liberté d'expression et dissuader tout débat critique sur la politique israélienne.
Dans une interview exclusive accordée à Le Point, Caroline Yadan, députée des Français de l’étranger, dévoile fièrement sa proposition de loi pour « condamner toutes les formes renouvelées d’antisémitisme ». En surface, cela semble être une réponse aux préoccupations concernant la pseudo montée des actes antisémites. Mais en lisant entre les lignes, on découvre une loi d’exception qui s’apparente à une mise au silence de toute critique envers Israël et des personnes de confession juive.
Une loi d’exception qui confond critique légitime et antisémitisme
Caroline Yadan précise que son objectif est de condamner des expressions spécifiques : « l’apologie du terrorisme, la négation de l’État d’Israël et la comparaison avec la Shoah. » Elle se vante également de viser des slogans et images spécifiques comme « From the river to the sea » – symbole de l’aspiration de nombreux Palestiniens pour une vie libre de l’occupation israélienne – et même d’interdire toute publication de cartes où Israël n’apparaît pas. En d’autres termes, toute critique du statut d’Israël ou de sa politique est, selon Yadan, une « négation de l’État d’Israël » – ce qui pourrait bien transformer des critiques de politique en actes passibles de la loi.
Le point de vue de Yadan devient encore plus troublant lorsqu’elle défend les termes de la loi en affirmant qu’aucun autre État n’est victime d’« appel à sa destruction ou de négation de son existence lorsqu’on critique sa politique » et ajoute : « cette proposition de loi n’empêche en rien de critiquer la politique du gouvernement israélien ». Il est difficile de ne pas voir l’ironie ici : alors que la loi veut réprimer toute comparaison de la politique israélienne avec celle d’autres régimes répressifs, la porte est laissée grande ouverte pour que d’autres États, y compris la France, soient comparés aux nazis ou accusés de répression totale.
Une protection spéciale pour Israël ?
Ce caractère exceptionnel devient plus frappant encore lorsqu’on lit les déclarations d’Haïm Korsia, grand rabbin de France, invité sur BFMTV. Il avait justifié l’offensive israélienne qui a coûté la vie à plus de 180 000 civils gazaouis, expliquant que cela n’a rien à voir avec les pertes israéliennes et ajoutant même qu’« Israël doit finir le boulot ». Ces propos, qui relativisent un nombre colossal de morts, sont passés presque inaperçus. Avec la loi Yadan, une déclaration similaire qui viserait Israël entraînerait des sanctions lourdes, alors que Korsia, lui, semble bénéficier d’une impunité légale. De son côté, Anne Sinclair aura tout le plaisir de déclarer : Les 50 000 morts à Gaza ne constituent pas un génocide, mais le 7 octobre a des relents de génocide.
La comparaison avec la Shoah : le verrou de la critique
La fervente députée sioniste ne s’arrête pas là. Elle insiste sur le fait que toute « comparaison de l’État d’Israël au régime nazi serait sanctionnée comme une banalisation outrancière de la Shoah ». L’idée même que cette comparaison soit considérée comme un acte d’antisémitisme montre que cette loi pourrait être utilisée pour censurer toute discussion historique ou politique, même lorsqu’elle repose sur des faits ou un débat légitime. Rappelons que la communauté internationale, par la voix de la Cour internationale de justice (CIJ), a reconnu la gravité de certains actes commis par Israël. La CIJ a rappelé qu’Israël doit prévenir tout acte de génocide, et un mandat d’arrêt international a été lancé contre Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le comble, c’est qu’en qualifiant toute critique de la politique israélienne de potentiellement antisémite, Yadan crée elle-même une équivalence dangereuse entre un État et une communauté entière.
La menace pour la liberté d’expression
Si cette loi passe, il sera pratiquement impossible de dénoncer des actions israéliennes, même lorsqu’elles touchent des populations civiles. Le plus grave est que cette loi, censée protéger une communauté contre la haine, risque surtout d’interdire tout discours critique sur la politique d’Israël. Dans le même temps, les défenseurs de cette politique pourront librement étiqueter d’autres États, y compris la France, de « nazi » ou de « fasciste » sans risquer de sanctions.
Elle cite également Jankélévitch, en disant que « l’antisionisme est l’antisémitisme justifié », pour appuyer l’idée que la critique d’Israël est une forme d’antisémitisme déguisé. Elle positionne ainsi toute remise en question radicale d’Israël comme une attaque contre les juifs dans leur ensemble, selon elle pour les protéger de la haine sous une nouvelle forme qu’elle appelle « l’antisémitisme d’aujourd’hui ». Yadan établit un lien direct entre la critique d’Israël et ce qu’elle considère comme une montée de l’antisémitisme, en insistant sur le fait que l’antisionisme, ou le rejet politique de l’État israélien, est une forme d’antisémitisme envers les juifs.
Un avenir inquiétant pour le débat démocratique
Sous couvert d’une lutte nécessaire contre l’antisémitisme, Caroline Yadan et les cosignataires de cette loi d’exception risquent de mettre en place un système où critiquer un État, en l’occurrence Israël, pourrait devenir un acte illégal. La phrase de Yadan, affirmant que cette proposition « doit être celle de tous les Français qui, dans leur grande majorité, comprennent que ce qui se joue est l’avenir de nos démocraties », résonne comme une ironie amère. Ce qui est en jeu ici, c’est plutôt la fin de la démocratie dans ce qu’elle a de plus précieux : la liberté d’expression et le droit à un débat libre et ouvert.
- Source : Le Média en 4-4-2