Bezalel Smotrich déclare que laisser 2 millions de Palestiniens mourir de faim est « justifié et moral »
Le ministre Bezalel Smotrich soutient le blocage de l’aide humanitaire de vivres à l’enclave assiégée, mais ajoute qu’Israël manque de “légitimité internationale” pour y parvenir.
Une affiche de campagne à Tel Aviv où figurent, de gauche à droite, Itamar Ben-Gvir, Benjamin Netanyahou et Bezalel Smotrich. (Photo : Jamal Awad)
Le ministre israélien Bezalel Smotrich a déclaré qu’il est “justifié et moral” de laisser mourir de faim deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza.
S’exprimant lors d’une conférence organisée par le journal Israel Hayom lundi, il a exprimé son soutien au blocage de l’aide à la bande de Gaza, mais a déclaré qu’Israël ne disposait pas de la légitimité internationale pour le faire.
“Nous apportons de l’aide parce que nous n’avons pas le choix”, a déclaré le ministre d’extrême droite, selon le Times of Israel.
“Nous ne pouvons pas, dans la réalité mondiale actuelle, gérer une guerre. Personne ne va nous permettre de faire mourir de faim deux millions de civils, même si c’est justifié et moral, jusqu’à ce que nos otages nous soient rendus”, a-t-il ajouté. Et encore, qu’Israël avait besoin d’une “légitimité internationale pour cette guerre”.
Bezalel Smotrich.
— L'oeil Medias (@LoeilMedias1) August 5, 2024
"Il pourrait être juste et moral de laisser mourir de faim 2 millions de Gazaouis, mais le monde ne nous laissera pas faire". pic.twitter.com/LfwuOx6n2a
Depuis près de dix mois, l’armée israélienne impose un blocus inhumain à la bande de Gaza, limitant considérablement l’acheminement de denrées alimentaires et de produits médicaux indispensables à la survie de la population.
L’acheminement de l’aide humanitaire est rare, non protégé et restreint. En juin, des enquêteurs indépendants des Nations unies ont déclaré qu’Israël utilise la famine sur la population palestinienne comme une arme de guerre. La crise de la faim a entraîné la mort de dizaines de personnes, principalement des enfants, pour cause de malnutrition.
Un risque élevé de famine persiste dans la bande de Gaza, car la quasi-totalité de la population est confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë ou pire, dont un demi-million de personnes souffrant de famine, a déclaré en juin le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), soutenue par les Nations unies.
Des déclarations génocidaires
Smotrich est l’un des nombreux ministres et responsables israéliens ayant fait des déclarations qualifiées de génocidaires à l’encontre des Palestiniens de Gaza depuis le 7 octobre.
Le 9 octobre, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait déclaré qu’Israël se battait contre des “animaux” en annonçant un “blocus total” de la bande de Gaza. “Il n’y aura ni électricité, ni nourriture, ni carburant, tout est bouclé”, déclarait alors M. Gallant.
D’autres ministres et fonctionnaires ont préconisé l’utilisation d’une bombe nucléaire sur Gaza, la transformation de l’enclave en “abattoir” et encore de “rayer la bande de Gaza de la surface du globe”.
L’Afrique du Sud a déclaré que ces déclarations étaient la preuve d’une intention génocidaire dans le cadre de l’affaire en cours devant la Cour internationale de justice, qui accuse Israël de génocide à Gaza.
Israël nie l’accusation de génocide.
Smotrich a également été accusé de faire des déclarations génocidaires sur la Cisjordanie occupée. En mars 2023, il a déclaré que le village palestinien de Huwara, près de Naplouse, “doit être anéanti”.
Traduction ASI
- Source : Middle East Eye (Royaume-Uni)