Comment McKinsey et la CIA ont infiltré l’éducation nationale
Ancien ponte du cabinet McKinsey, Arnaud de Bertier a décidé de rejoindre l’Éducation nationale dans un collège d’éducation prioritaire de l’Essonne. Cette histoire à dormir debout est un classique de l’entrisme de la CIA qui nous explique que quitter le faste de l’élite pour aider les miséreux est avant tout une vocation.
Le bon sens nous apprend que McKinsey a infiltré le ministère de l’Éducation pour casser les codes et transformer la stratégie d’enseignement et formater au plus profond nos chères têtes blondes.
«Après trente années de ma vie à travailler avec des adultes, j’ai ressenti le besoin de m’occuper d’enfants. Le collège m’est apparu comme le lieu idéal qui accueille tous les enfants, puisqu’il n’y a pas encore eu de sélection. Je suis enseignant de mathématique en éducation prioritaire, où la proportion d’élèves en difficulté est très importante. Parmi les 28 élèves de ma classe, une dizaine sont en difficulté, hors éducation prioritaire, ils ne seraient pas plus de 5 par classe».
Ecolhuma, soutient les enseignants et chefs d’établissement dans la réussite scolaire des élèves.
Ecolhuma est une association d’intérêt général, indépendante, apolitique et non-confessionnelle.
L’association Ecolhuma (anciennement appelée SynLab) est née en 2012 d’une idée simple et forte : les enseignants sont la meilleure chance de réussite pour les jeunes défavorisés.
Sa mission est de soutenir les enseignants et chefs d’établissement, pour faciliter la réussite des 12 millions d’élèves en France, notamment à travers différents dispositifs d’accompagnement, en ligne ou en présentiel.
Dans l’optique d’un changement à grande échelle, Ecolhuma utilise le levier du numérique et fait le pont entre les acteurs de terrain et les décideurs éducatifs.
SynLab était une organisation indépendante dont la mission était de donner vie à de grandes idées novatrices dans le domaine de l’éducation.
Le lien entre McKinsey et Ecolhuma, c’est le numérique, dont le cabinet lié à la CIA a opéré la transformation de la France par la digitalisation de la vie administrative et économique.
Cette histoire nous rapproche de celle de la JP Morgan qui donne 23 millions de dollars au département de Seine Saint Denis pour suppléer les services de l’État.
La banque et fondation américaine JP Morgan a annoncé en 2018 un investissement de 26 millions d’euros pour soutenir l’emploi et le développement économique des quartiers prioritaires de Seine-Saint-Denis. La fondation souhaitait notamment renforcer son soutien au développement des petites entreprises, en favorisant, par exemple, l’accès à des locaux commerciaux à prix abordables.
«Pourquoi les États-Unis arrosent la banlieue parisienne à coups de millions de dollars ?
À travers une foule de programmes culturels, l’ambassade américaine à Paris cajole les quartiers populaires d’Ile-de-France. Une générosité qui séduit mais aussi interroge…
Cette année encore, un soldat américain peut se cacher derrière le costume du Père Noël. Comme en 2018 à Sevran, (Seine-Saint-Denis), d’authentiques Marines en uniforme sont attendus ce lundi à Stains pour une distribution de cadeaux aux enfants dans une cité de banlieue parisienne». Le Parisien
La philanthropie a permis à Bill Gates de s’emparer de la santé mondiale, la banque JP Morgan veut s’emparer de l’aide sociale en Seine Saint Denis avec le modèle de la communauté. McKinsey veut s’emparer de l’éducation.
Ces trois étapes annoncent le futur de notre vie avec la privatisation des services de l’État français avec l’aide d’Emmanuel Macron qui est un «Economic Hit Man» (assassin financier).
Arnaud de Bertier explique que la philanthropie a un grand rôle à jouer pour permettre aux acteurs associatifs de renforcer l’efficacité des politiques publiques.
Les États Unis nous volent nos ressources, nous empêchent de travailler avec le droit extra territorial, et nous infiltrent pour laver le cerveau de nos élèves.
Il est temps de reprendre l’éducation et l’instruction de nos enfants.
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Arnaud de Bertier : «Chez McKinsey, je ne faisais pas partie des meubles, mais des murs !»
Une trentaine d’années au compteur de McKinsey. Alors senior partner, Arnaud de Bertier change de voie il y a 5 ans. Et il n’opte pas, en fin de carrière, pour la facilité. C’est un doux euphémisme. Sa destinée : prof de maths de collège en zone d’éducation prioritaire. Rencontre avec un homme réfléchi qui dit avoir trouvé sa – nouvelle – place.
Sa vie pro, il l’a quasiment entièrement réalisée chez McKinsey. Entré dans les bureaux milanais en 1990 pour des «raisons personnelles» après 2 ans comme ingénieur commercial chez Alstom (où il a vendu des centrales électriques dans des pays émergents), Arnaud de Bertier, 59 ans, y a réalisé une carrière pleine que l’on peut qualifier d’exemplaire. «Je ne faisais pas partie des meubles de ce cabinet, mais des murs !», ajoute-t-il même avec une pointe d’humour.
La voie «naturelle» du conseil
Ce polytechnicien (promo 1982), de l’École nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA – 1987) a fait le choix du conseil en stratégie à la suite d’un MBA de l’INSEAD (1990), où il découvre le secteur, et sent d’emblée qu’il est «mon sport naturel qui mobilise de nombreuses qualités naturelles».
Entré donc dans ce cabinet en 1990 comme consultant junior au bureau de Milan, Arnaud de Bertier y a été élu partner très rapidement, 6 ans plus tard, puis a rejoint le bureau français en 1998 (et ses quelque 20 partners, plus de 70 aujourd’hui), avant d’être élu senior partner en 2003. Au fil de l’eau, le consultant s’y est spécialisé dans les secteurs de la pharma et de l’assurance, «un hasard des débuts», même s’il reconnait avoir beaucoup résisté à la spécialisation forcée du secteur. «J’ai toujours eu envie de faire des choses très différentes. Les dernières années comme consultant, j’ai participé à des missions autour de grandes fusions, un champ très différent de mes expertises. J’ai fait partie d’une génération où l’on pouvait encore le faire, c’est moins vrai aujourd’hui». Le senior partner de McKinsey jusqu’en 2019 intervenait ainsi notamment auprès des compagnies d’assurances et des labos pharma en France et en Europe, et a dirigé la practice Assurance Europe, puis Monde du cabinet. Encore un hasard pour ce fils d’assureurs…
Arnaud Bertier, très impliqué dans le management du cabinet, a souhaité également dès que possible être membre des comités d’évaluations de la firme, chargés d’élire les futurs partners et senior partners au niveau mondial.
Prof : le métier de la maturation
À 55 ans, en 2019, c’est le déclic. Il a trouvé sa grande cause. Après 29 années passées chez McKinsey, dont 16 comme senior partner, pour «accompagner les adultes, clients comme collègues», Arnaud de Bertier a trouvé sa nouvelle voie professionnelle, être auprès des jeunes, et plus particulièrement «je m’étais vite focalisé sur l’idée d’être là où ça avait un sens, où c’était important». C’est un film, «Entre les murs», vu lors de sa sortie en 2008, resté dans un coin de la tête du consultant, qui a lentement forgé sa conviction qu’un jour, il tenterait cette aventure. «Cet enseignant qui tente des choses, rien ne marche vraiment. Je n’étais pas sûr que je ferais mieux, mais je sentais que ce serait ma place un jour…»
Le consultant expert de McKinsey décide donc de postuler comme prof de maths débutant pour un collège en REP, Réseau d’éducation prioritaire, «l’enseignement le plus naturel pour moi, même si j’aurais adoré l’histoire-géo, mais je n’avais pas la formation pour…».
Arnaud de Bertier postule ainsi, «grâce à un coup de main du Choix de l’École (asso accompagne celles et ceux qui souhaitent se reconvertir dans l’enseignement public, ndlr)» auprès de l’Académie avec laquelle il a un entretien. Et sans surprise, au vu du parcours du nouveau futur prof et des besoins de l’institution, l’expert pharma et services financiers de McKinsey décroche un poste en collège à Massy (Essonne), «la classe d’âge 11-15 ans est vraiment importante, car il n’y a encore pas vraiment un tri». Après une formation de prof plus qu’express, grâce à «trois profs sympas qui m’ont initié deux matinées dans leurs classes et une après-midi de questions-réponses», le prof de maths débutant se retrouve un jour face à des collégiens… «Bonjour, je suis votre prof de maths ! C’est un peu théâtral de dire cela. On plonge dans quelque chose de nouveau, avec un peu de trac. Avec un nouveau sentiment de responsabilité devant ces 5 classes et 140 élèves, avec des niveaux très hétérogènes, certains perdus dès l’arrivée en 6ème». Parmi les 28 élèves de chacune de ses classes, une dizaine est en difficulté ; pas plus de 5 par classe dans les établissements hors éducation prioritaire.
À l’image d’un coach sportif
Le quotidien de ce prof de maths de collège en REP ? Comme celui de milliers de profs en France «avec des élèves qui sont déjà dépassés, et quelques-uns, les bons, qu’il faut aussi tirer vers le haut», et au-delà être confronté au quotidien «aux grands problèmes de société, d’égalité homme/femme, de discrimination, de laïcité, de drogue, de harcèlement…» Alors, pour motiver les plus en difficulté, le prof propose une partie d’exercices faciles. «Mon objectif est de les amener de 6/20 à 10/20. Le jour où ils obtiennent 10, c’est une grande victoire. C’est une expérience passionnante au quotidien, une plongée dans un monde que je ne connaissais pas, et dans lequel j’essaie d’apporter quelque chose, où je me sens à ma place, même si je sens que je suis très loin d’avoir l’expérience nécessaire pour être un bon prof, car cela nécessite des années». Arnaud de Bertier se voit comme un coach sportif, circulant au maximum pour encourager les élèves un par un. Un contact individuel essentiel, «car ces élèves ne prennent pas la parole en public». Un prof qui se veut aussi plutôt cool, c’est en tout cas le retour qu’il peut avoir de ses élèves. «L’une d’entre eux m’a dit un jour que la méthode, plus on est dur, plus les enfants apprennent, ça ne fonctionne pas. Si vous étiez plus dur, nous aussi on le serait, m’a-t-elle affirmé. En fait, je fais ce que je pense être bien».
Deux mondes, des qualités communes
Un nouveau travail de prof en collège qui a cependant quelques similitudes avec celui de consultant. La première d’entre elles l’écoute. «Ce que l’on aime comme consultant, c’est comprendre les problèmes, aider dans des situations difficiles et compliquées et on essaie de convaincre, dire que tout est possible, que l’on peut réussir avec le travail, pour peu que les élèves se concentrent et fassent des efforts». Autre qualité essentielle à la fois du consultant et du prof, savoir s’adapter aux situations et aux personnes également…
Et des défis, l’expert en problem solving en affronte aussi tous les jours. En particulier, gérer l’hétérogénéité des classes, en poussant l’aide aux devoirs, la mise en place aux pauses déj’ de clubs de maths pour les plus forts et des rencontres avec d’anciens élèves qui ont «réussi», des rôles modèles très efficaces. Le défi, c’est aussi de mobiliser les parents et les éducateurs, et ce afin de «créer une coalition d’adultes autour des enfants, notamment autour du sport». Et quid du langage ? Le conseil en stratégie, un monde où les codes, notamment langagiers, sont légion… «Je n’ai jamais pensé à cela. Je n’ai jamais changé ma façon d’exprimer les choses. On les explique plus simplement, mais on ne réduit pas son niveau de langage. Il n’y a aucune raison de baisser la barre de ce que l’on enseigne. D’autant que les élèves adorent les nouveaux mots…»
Un prof pas nostalgique
Le secteur du conseil en stratégie, il ne le regrette pas, même s’il a «passé 30 années formidables, rencontré des personnes extraordinaires». Arnaud de Bertier ne compte plus le nombre de missions qu’il a effectuées. Mais deux, emblématiques, restent particulièrement en mémoire. La première «comme toujours», alors qu’il était tout jeune consultant à Milan, une mission de stratégie entre la France et l’Italie dans le secteur des composants électroniques. «Elle était extrêmement complexe et les senior partners avaient des idées différentes les uns des autres. À un moment, ils se sont tournés vers moi, le jeune gars qui a étudié les chiffres et fait les analyses pour savoir ce que j’avais à dire. Et là, j’ai compris ce que voulait dire la non-hiérarchie de McKinsey. Quand on est autour de la table pour travailler à un problème client, la parole de chacun a le même poids». La seconde, l’une des dernières, dans l’industrie pharma menée entre la France, les États-Unis, l’Allemagne et le Japon, où il s’agissait de trouver une méthodo cohérente sur la stratégie d’un produit entre ces pays à cultures diverses. «Il fallait trouver des indicateurs cohérents et communs tout en prenant en compte les approches thérapeutiques différenciées dans le traitement de la maladie. Passionnant !»
Comment vit les «affaires McKinsey» celui qui décrit un lien si particulier avec le cabinet mondial ? Comme un observateur, aujourd’hui extérieur, «toujours avec un immense respect pour McKinsey». Mais il le partage volontiers, «si des erreurs regrettables ont été commises», le cabinet devra rendre des comptes.
Le prof de maths, en pause d’enseignement cette année pour développer un nouveau projet pour l’instant top secret, reste très actif auprès de trois associations axées jeunesse/éducation/égalité des chances dont il est membre : Unis-Cité (association française qui propose aux jeunes un engagement solidaire d’au moins 6 mois à temps plein), d’Article 1 (issue de la fusion de Frateli et Passeport Avenir, qui aide les jeunes issus de milieux populaires à s’orienter, réussir et s’engager), et Ecolhuma, qui soutient les enseignants et chefs d’établissement dans la réussite scolaire des élèves.
Une chose est sûre : il va revenir très vite à l’enseignement en collège, dès la rentrée prochaine, toujours en zone d’éducation prioritaire. Ce dont l’ex-consultant devenu prof de maths est le plus fier en fait, le regard des élèves, «le seul truc qui compte».
source : Barbara Merle - Consultor
- Source : Geopolintel