Israël bombarde un jardin d’enfants à Rafah alors que la guerre gagne le sud de la bande de Gaza
Les Palestiniens de la ville frontalière risquent les bombes israéliennes ou l'expulsion vers l'Égypte, alors qu'Israël poursuit son offensive.
La perspective d’un assaut terrestre à Rafah a suscité des craintes quant à la sécurité de la population. L’ONU a récemment déclaré que la ville devient “une cocotte-minute du désespoir”.
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Le 4 février, des avions de combat israéliens ont bombardé un jardin d’enfants dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, tuant deux enfants et en blessant des dizaines d’autres, a rapporté l’agence de presse WAFA.
Le centre accueillait des civils qui cherchaient à s’abriter des bombardements israéliens dans d’autres parties de l’enclave assiégée, selon des sources locales et médicales qui se sont entretenues avec l’agence.
Israel's military targeted a kindergarten in the so-called safe area in Rafah last night, killing two-year-old Alia Abu Taqiyyeh. pic.twitter.com/tcOfQZi1zK
— Quds News Network (@QudsNen) February 4, 2024
Les Palestiniens ont également indiqué que deux fillettes ont été tuées dans une maison à la suite de frappes aériennes et de tirs de chars israéliens, a rapporté Reuters le même jour.
Lors des funérailles des enfants, un parent, Mohammed Kaloub, a déclaré que la frappe aérienne avait touché une pièce remplie de femmes et d’enfants dans le quartier Al-Salam de Rafah.
“Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, de la barrière à la barrière (frontières du nord au sud), il n’y a plus aucun lieu sûr”, a-t-il déclaré à l’agence de presse Reuters.
Des dizaines d’autres personnes ont été blessées après que des avions de combat israéliens ont bombardé une zone résidentielle à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
D’autres blessés ont été recensés lorsque les forces israéliennes ont pris pour cible une maison appartenant à la famille Masran dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Au même moment, des frappes aériennes ont touché plusieurs quartiers de la ville de Khan Yunis, où les affrontements entre les troupes israéliennes et les groupes de résistance palestiniens se poursuivent.
Après presque quatre mois de guerre, quelque 90 % des habitants de Gaza ont été déplacés de leurs maisons, y compris ceux qui se sont déplacés vers le sud à Rafah pour échapper aux bombardements israéliens et aux violents combats dans le nord et le centre de la bande de Gaza.
Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a toutefois promis la semaine dernière d’étendre les opérations militaires israéliennes à Rafah.
Defense Minister Yoav Gallant declares the Israeli ground invasion will continue into Rafah, where 1.9 million civilians are currently sheltering. One Palestinian tells Reuters, “If the tanks storm in, it will be a massacre like never before.”https://t.co/L4XLTb1G9U
— Mondoweiss (@Mondoweiss) February 2, 2024
La progression sur Rafah inquiète également Le Caire, qui a déclaré qu’il n’admettrait aucun afflux de réfugiés palestiniens dans ce qu’il décrit comme une tentative d’empêcher toute expulsion permanente des Palestiniens, comme cela s’est produit lors de la Nakba de 1948.
Un responsable israélien a déclaré à Reuters que l’armée tenterait d’évacuer la plupart des personnes déplacées vers le nord avant toute opération de nettoyage de Rafah. Mais de nombreux quartiers du nord ont été détruits, et Israël a souvent bombardé des zones qu’il prétendait sécurisées et vers lesquelles il encourageait les Palestiniens à fuir.
Le responsable de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a mis en garde contre les conséquences d’un assaut élargi sur Rafah, déclarant qu’environ un million de Palestiniens
“ont été progressivement déplacés vers la frontière égyptienne. Israël a prétendu qu’il s’agissait de zones sécurisées, mais en fait, nous constatons que les bombardements qui touchent la population civile se poursuivent, entraînant une situation particulièrement désastreuse”.
La perspective d’une guerre terrestre à Rafah a suscité des craintes quant à la sécurité de la population. L’ONU a récemment déclaré que la ville devient “la cocotte-minute du désespoir”.
"If the tanks storm in, it will be a massacre like never before during this war."
— Al Jazeera English (@AJEnglish) February 2, 2024
Israel’s defence minister says Israeli forces will next target Rafah, the southern area it designated as a ‘safe zone’ for Palestinians in Gaza https://t.co/VNK6rUrlqr pic.twitter.com/V1itZgG3ds
Une telle attaque pourrait pousser les réfugiés vers l’Égypte, ce que beaucoup de responsables israéliens ont déclaré être leur objectif. De nombreux pans de la société israélienne sont favorables à l’expulsion forcée des 2,3 millions d’habitants de Gaza vers l’Égypte ou ailleurs. Ils souhaitent qu’Israël annexe Gaza et y construise des colonies juives.
Un correspondant d’Al-Mayadeen a fait état d’un “mouvement de déplacement inverse, depuis Rafah vers la région centrale de la bande de Gaza”.
L’assaut israélien sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre a tué plus de 27 238 personnes, en majorité des femmes et des enfants, et en a blessé plus de 66 451, dans le cadre d’une campagne désormais largement considérée comme un génocide.
Photo d'illustration: Une photo aérienne montre des Palestiniens déplacés qui ont fui Khan Yunis et s'installent à Rafah, plus au sud, près de la frontière de la bande de Gaza avec l'Égypte, le 7 décembre 2023 (Crédit photo : Mahmud Hams / AFP)
Traduction : Spirit of Free Speech
- Source : The Cradle (Liban)