Médias français : Atlantisme sélectif et mensonges par omission
Le rapport au réel du système médiatique français est faussé depuis longtemps, et lorsque l’on intervient pour pointer un certain nombre de faits ou d’événements, on est immédiatement accusé qui de défendre Poutine, qui Sarkozy, qui Tariq ramadan (on en reparlera) et en la circonstance Donald Trump. Alors on sacrifiera au préalable nécessaire en indiquant que «The Donald» n’est pas la tasse de thé de l’auteur, mais qu’il considère d’abord que c’est une affaire américaine, ensuite qu’il est la caricature de ce que l’américanisme peut produire. Mais chez nous, on le déteste quasi unanimement depuis l’origine, et les médias relaient immédiatement les moindres nouvelles négatives qui peuvent le concerner restant muets sur ses succès politiques, car il y en a. Et pratiquent vaillamment le mensonge par omission.
Le bloc élitaire français et sa presse système démontrent depuis le début de la guerre en Ukraine qu’ils sont mûs par un atlantisme sans faille. Le conflit a servi de révélateur, les élites françaises, à commencer par nos gouvernants, affichant vis-à-vis des États-Unis une servilité sans complexe. Tous ceux qui avaient quelques réserves et avaient manifesté parfois quelques sympathies pour la Russie se sont complètement alignés comme le montrent par exemple les interventions publiques des têtes d’affiche du Rassemblement national ou du mouvement d’Éric Zemmour. Sans parler bien sûr des insultes proférées par Fabien Roussel à l’égard de Vladimir Poutine, ou du bellicisme militant des verts. Le NPA de Poutou demande qu’on envoie des armes aux héritiers des néonazis ukrainiens, et les Mélenchonistes quant à eux évitent de trop se mouiller. Les paroles isolées de Thierry Mariani ou François Asselineau résonnent dans le désert et plus personne n’écoute le pauvre François Fillon. Les médias claquent la porte au nez de ceux des «experts» qui ne sont pas alignés au millimètre sur la Doxa.
Atlantisme sélectif
Mais avec le traitement de l’actualité américaine passablement agitée actuellement, on constate que cet atlantisme est très sélectif. Le seul qui vaille chez nous, est celui du Parti démocrate flanqué de sa composante «néocons». Ce terme qualifiant une sorte de secte belliciste dont George Bush père avait placé les dirigeants dans les caves de la Maison-Blanche en les traitant de «cinglés du sous-sol». Dès son élection en 2016, Donald Trump, ce «cocktail Molotov politique» comme l’avait décrit le cinéaste Michael Moore, avait été l’objet de ce côté-ci de l’Atlantique d’une aversion sans limite. Sa défaite dans des circonstances finalement assez troubles en 2020 sera saluée par des acclamations et son successeur, vieux politicien fourbu parmi les plus corrompus du système américain, fut porté au pinacle. Comme en plus celui-ci sacrifiait à la religion woke pour constituer ses équipes, nos élites étaient en extase. Se moquant bien, malgré les conséquences prévisibles que la secte des néocons ce soit réservés les postes stratégiques et la rédaction des discours ânonnés par Biden, entre deux saluts à ses amis imaginaires.
Le problème c’est que comme le canard de Robert Lamoureux ou le matou de Steve Waring, Donald Trump est toujours vivant. Mettant l’establishment démocrate et en partie républicain en rage. Et ce d’autant que le cocktail Molotov vient de marquer des points assez sérieux et le débat politique américain en est quand même passablement secoué. Deux événements mettent actuellement les démocrates dans des difficultés assez sérieuses.
On se rappelle que dès les débuts de son mandat, Donald Trump avait été accusé par ses adversaires et la presse démocrate d’avoir bénéficié d’un «complot russe» pour être élu. C’était le fameux «Russiagate» dont le feuilleton a pourri l’essentiel de son mandat. Nommé en 2019 John Durham un «procureur spécial» a enquêté pendant quatre ans et vient de déposer un rapport de 300 pages accablant pour le FBI. Par ailleurs, la majorité républicaine de la chambre des représentants a lancé une procédure d’enquête concernant la possible corruption de la famille Biden en Ukraine et en Chine. Curieusement, la presse française est restée d’une discrétion de violette sur l’ensemble de ces informations qui démontrent pourtant que les institutions américaines ne sont pas en grande forme et ensuite que le consensus politique fondement de l’alternance des pouvoirs aux États-Unis est probablement anéanti.
Que nous dit John Durham dans son rapport ?
Qu’il s’est penché sur «Crossfire Hurricane», l’opération de contre-espionnage du FBI, nommée ainsi en hommage à une célèbre chanson des Rolling Stones. Qui a vu la police fédérale enquêter sur des liens entre des responsables russes et des membres de la campagne présidentielle de Donald Trump de 2016. Les conclusions de John Durham ne portent pas sur l’existence de cette collusion. En 2019, un autre procureur spécial Robert Mueller avait déjà affirmé dans son propre rapport l’inexistence d de la collusion entre la Russie et l’équipe de Donald Trump. Mais affirme Durham «le FBI et le ministère de la Justice doivent reconnaître qu’un manque de rigueur analytique, un biais de confirmation et une trop grande confiance envers des sources liées à des opposants politiques ont empêché les enquêteurs de considérer des hypothèses alternatives et d’agir avec l’objectivité appropriée». En termes choisis, on nous explique donc qu’il s’agissait d’un complot…
Après avoir pointé la faiblesse des éléments initiaux ayant déclenché l’enquête, il accuse aussi le FBI d’avoir agi selon un système de deux poids, deux mesures. «La vitesse et la manière dont le FBI a décidé d’enquêter sur Donald Trump contraste avec l’approche adoptée précédemment dans une affaire sur une possible ingérence étrangère dans la campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton». Et fort aimablement John Durham stigmatise «l’attitude cavalière» des enquêteurs. C’est gentil, pour la mise à l’abri d’Hillary Clinton des lourds soupçons de corruption (y compris russe) qui pesaient sur elle, un juriste pointilleux aurait pensé à une autre qualification…
La presse américaine se bagarre autour de cet événement. Le Washington Post, considéré depuis son rachat par Jeff Bezos l’ancien propriétaire d’Amazon comme le porte-parole officieux de la CIA, affirme qu’il n’y a rien de nouveau. The Wall Street Journal quant à lui y voit «un compte rendu accablant de la corruption du FBI et de ses complices». Tout ceci n’a évidemment aucun intérêt pour les médias français qui considèrent que cela ne saurait intéresser leur public. Ils ne démordront pas de leur feuille de route dans la perspective de l’élection présidentielle américaine de 2024 : Donald Trump vilain, Joë Biden gentil.
La firme de la famille Biden
Le problème c’est que Joë Biden est peut-être très gentil. Mais il semble que sa petite famille et lui sont quand même passablement corrompus. Sous la présidence de James Comer le comité de surveillance de la chambre des représentants a installé la famille Biden dans ses collimateurs. Et ce qu’il révèle est quand même croquignolet. Il faut lire le communiqué du comité du 10 mai dernier tout simplement titré : «Comer révèle de nouvelles preuves dans les stratagèmes de trafic d’influence de la famille Biden». Bigre.
Nous avons déjà parlé dans ces colonnes de Jonathan Turley, professeur de droit constitutionnel appartenant au parti démocrate, mais pratiquant l’honnêteté intellectuelle. Il faut à nouveau se tourner vers lui à propos, tant des révélations incontournables concernant le président des États-Unis et sa famille, que du comportement de la presse.
«La Chambre a montré que des millions de dollars allaient à au moins neuf Bidens comme les dividendes d’une entreprise familiale. En tant que critique de longue date du trafic d’influence parmi les républicains et les démocrates, je n’ai jamais vu l’égal des Bidens». Tout l’article, bardés de références est à l’avenant. La presse démocrate, New York Times sans tête, continue à soutenir l’insoutenable en prétendant qu’aucune preuve n’a été rapportée de l’implication directe de Joë Biden. C’est simplement risible, puisque comme le dit mon confrère Turley, démontrant à cette occasion que sur certains points les droits américains et français sont les mêmes : «Le but du trafic d’influence est d’utiliser les membres de la famille comme boucliers pour les fonctionnaires corrompus. Au lieu de verser un paiement direct à un politicien, ce qui pourrait être considéré comme un pot-de-vin, vous pouvez donner des millions à son conjoint ou à ses enfants». Et ce déni médiatique est d’autant moins acceptable que dans de nombreux e-mails saisis dans le fameux ordinateur du fils Biden, figurent de nombreuses références à son père. Lui-même se plaignant que «son père prend la moitié de tout ce qu’il ratisse» !
C’est assez vertigineux, mais le plus stupéfiant est finalement le refus du réel d’une partie des médias. La presse d’opinion est une chose utile dans une démocratie, la subjectivité dans le traitement des informations tout à fait recevable, mais ici c’est autre chose. On est en présence d’un mensonge et du déni d’une réalité pourtant évidente. C’est dire l’état du consensus politique qui était un des piliers du fonctionnement de la démocratie américaine.
Ce que nous venons de décrire agite, et de façon parfois féroce la presse outre-Atlantique. Il n’y a pourtant chez nous quasiment aucune répercussion. Le système médiatique français opère un black-out quasi total sur ces informations. Alors qu’il relaie à grand son de trompe la moindre anecdote judiciaire ou pas concernant Donald Trump et les comportements sexuels qu’on lui prête.
Tout à son atlantisme militant et servile, ce système ne va pas jusqu’à adopter les comportements de la presse démocrate en niant certaines évidences. Il s’en dispense préférant garder le silence.
Le mensonge, même par omission, est toujours un mensonge.
- Source : Vu du droit