Godot : en attendant la parité
C’est quand une université hollandaise interdit la représentation de En attendant Godot de Samuel Beckett « pour manque de parité » qu’on réalise de quoi le féminisme occidental est réellement le nom.
A une époque où la profession d’acteur est ouverte aux femmes comme aux hommes, en écrivant une pièce explicitement réservée aux acteurs masculins, l’auteur n’a pourtant fait que reproduire dans le domaine de l’art des mécanismes bien connus par ailleurs dans le fonctionnement de la société – où les femmes militaires sont presque aussi rares que les hommes sages-femmes. Dans cette pièce intégralement consacrée à l’illustration du concept de finitude, la présence sur scène d’une femme – potentiellement capable de donner la vie – est aussi indésirable que sur les champs de bataille.
Et le drame de cette interdiction n’est pas simplement celui des testaments trahis : l’article de Elle rapportant l’incident fait justement remarquer que d’autres adaptations (infidèles) destinant, quant à elles, la pièce à un casting intégralement féminin ont elles aussi été interdites. Ce qui se cache derrière le slogan de la « parité », c’est donc un idéal de totale substituabilité – donc d’annulation de la différence sexuelle. Le trans est l’avenir de la/du féministe.
Début de la parité et fin de partie
Du coup, le mal est loin d’être confiné à ces campus où, dans sa mutation la plus avancée (aussi dite « woke »), le féminisme extrême a pris une forme conceptuellement affirmée. Tout autour de ces universités, c’est un autre drame qui – sans être, pour l’instant, formellement interdit – est de moins en moins joué : celui de la natalité – qui implique lui aussi que la complémentarité des sexes soit reconnue et acceptée. Ce qu’Alain de Benoît a nommé « culture du même » est donc essentiellement une culture de la mort.
Et ce, indépendamment de la perception idéologique du phénomène woke et des exploitations politiques auxquelles elle donne lieu : dans l’ensemble du monde blanc et féministe – de la France woke d’E. Macron jusqu’à la Russie « conservatrice » de V. Poutine (1,4 enfant/femme) –, la guerre des sexes semble devoir s’arrêter prochainement – faute de combattants.
- Source : Le Courrier des Stratèges