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Lundi, 24 Nov. 2025

Réponse à la « menace russe » : Emmanuel Macron relance le service militaire pour les jeunes de 18 ans

Auteur : Yoann | Editeur : Walt | Lundi, 24 Nov. 2025 - 12h20

Emmanuel Macron s'apprête à officialiser la création d'un service militaire volontaire d'une durée de dix mois, ciblant les jeunes de 18 ans et plus pour une mise en œuvre dès 2026. Présenté comme une réponse à un environnement international dégradé – imputé à Moscou sur la base d'affirmations plus que de preuves –, ce dispositif masquerait mal une réalité plus prosaïque : la nécessité de colmater les brèches d'une institution militaire érodée par des décennies de restrictions budgétaires.

Les rouages d’une mobilisation

Ce programme, rémunéré entre 900 et 1 000 euros mensuels, se substituerait au Service national universel (SNU), dont l’échec est acté. L’exécutif nourrit des ambitions chiffrées : former 10 000 jeunes annuels dès 2030, avec un objectif à terme de 50 000 volontaires. Intégrés à l’armée de terre, ces derniers constitueraient un vivier de réservistes immédiatement mobilisables. Notre cher Président pourrait officialiser ce projet dès le 27 novembre, en y adjoignant des crédits universitaires (ECTS) pour séduire un public étudiant. Cette manœuvre s’inscrit dans un plan plus vaste visant à porter les effectifs totaux à 210 000 militaires d’active et 80 000 réservistes d’ici la fin de la décennie.

La menace commode

La justification géopolitique avancée par l’Élysée repose sur un narratif bien rodé : un monde dangereux où la Russie incarnerait l’épouvantail suprême. L’augmentation du budget de la défense de 3,5 milliards d’euros pour 2026 fut déjà justifiée par cette « menace » aux contours étrangement élastiques. Pourtant, au-delà des incantations des rapports officiels, aucune preuve tangible d’une menace directe et imminente contre le territoire national n’est jamais produite. Cette diabolisation systématique sert de paravent commode à des réformes structurelles, alimentant un climat de peur propice à l’acceptation de mesures autrement controversées.

L’armée en crise, seul moteur réel

La rhétorique sur les périls extérieurs dissimule imparfaitement l’urgence intérieure : l’armée française, saignée par des années de sous-investissement, peine à maintenir son rang. Ce service volontaire représente avant tout une solution économique pour constituer une réserve opérationnelle sans engager de coûts de formation prohibitifs. Si certains experts plaident pour un cadre clair et non-pénalisant pour les jeunes, la gauche dénonce un renoncement et prône une conscription citoyenne, tandis que la droite juge l’option du volontariat insuffisante, sans oser prôner le retour à l’obligation.

Une opinion publique sceptique

L’annonce, filtrée avec soin, provoque des réactions mitigées. Sur les réseaux sociaux, les interrogations fusent : s’agit-il d’une opération de communication pour habituer les esprits à l’idée d’un conflit ? Les exemples allemands ou belges sont invoqués, mais les questions fondamentales – le pourquoi du sacrifice et son bénéfice réel – demeurent sans réponse convaincante. Les jeunes, première cible de ce dispositif, oscillent entre indifférence et crainte de voir leur liberté entravée pour un projet aux finalités troubles.

Une perspective européenne ?

Cette relance française s’inscrit dans une mouvance continentale où la conscription refait surface. L’idée d’une « garde européenne », chère à la macronie, pointe à l’horizon. Reste à savoir si cette nouvelle mouture du service national parviendra à séduire une jeunesse déjà méfiante, ou si elle se résumera à un coup d’épée dans l’eau, simple cautère sur une jambe de bois stratégique. La mesure, en définitive, en dit long sur les faiblesses de l’appareil de défense et les errances d’une diplomatie française otage d’un atlantisme revivifié.


- Source : Le Média en 4-4-2

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