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Mardi, 22 Juill. 2025

Loi Duplomb : Le retour des empoisonneurs

Auteur : Jacqueline | Editeur : Walt | Mardi, 22 Juill. 2025 - 12h46

On avait eu la loi sur « la fin de vie » au lieu d'une loi sur l'euthanasie, des vaccins « sûrs et efficaces » au lieu de produits expérimentaux dangereux. À présent, on a la loi Duplomb, pour « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Comment s'opposer à tant de bienveillance ? En réalité il s'agit de réintroduire l'acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018. Il est toxique pour les abeilles, les souris de laboratoire, les lapins. Et pour les agriculteurs ?

Loi Duplomb : les affaires sont les affaires

Le sénateur Laurent Duplomb, qui a déposé la loi, jouit d’un CV éloquent : représentant de la FNSEA, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Loire, président du groupe laitier Sodiaal (chiffre d’affaires 2024 : 5,8 milliards d’euros), membre du conseil de surveillance de Candia… Il a même proposé de supprimer l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique.
Il voit que les autres pays européens utilisent l’acétamipride font une concurrence déloyale aux agriculteurs français. Il ne s’agit pas de sécurité sanitaire, mais de rentabilité.

Le Rassemblement national a soutenu le gouvernement

Tous les partis avaient fait le plein à l’Assemblée nationale ce mardi 8 juillet. LFI a voté contre : 71 sur 71 ! Les Ecologistes 38 sur 38. Les socialistes 65 sur 66. À voter pour cette loi, les députés du RN ont été 119 sur 123, en soutien à Ensemble pour la République, La Droite républicaine, Les Démocrates et Horizon.

Les noms des votants sont là. Et c’est à eux que la romancière Agnès Ledig, dont le fils est mort d’une leucémie sans que les causes de sa maladie soient recherchées, a écrit cette lettre dont voici des extraits :

"Vous avez applaudi, vous vous êtes réjouis quand la loi a été adoptée […] vous vous réjouissiez en pleine conscience de détruire des familles entières qui lutteront contre des cancers de plus en plus nombreux, de détruire la biodiversité, de détruire la VIE. […] vous avez été élus pour protéger les citoyens que nous sommes, pas pour leur nuire. [Vous] osez affirmer que la réintroduction de l’acétamipride ne comporte aucun risque pour la population. Mais vous savez évidemment que ce n’est pas le cas. Tous les scientifiques sont d’accord pour conclure à sa dangerosité. Le vote de cette loi est donc une décision criminelle". […]

Le Conseil constitutionnel va-t-il rejeter la loi Duplomb ?

Plus de 60 députés et plus de 60 sénateurs ont saisi le Conseil constitutionnel contre l’adoption définitive de la loi Duplomb. On se doute un peu de la décision. Dans cette institution chacun des neuf Sages est redevable à celui qui l’a nommé. Leurs salaires s’élèvent à 2,16 millions par an. Richard Ferrand, président du Conseil constitutionnel, va-t-il contrarier Emmanuel Macron qui l’a nommé à un poste à 15 039 € brut mensuels cumulables avec une retraite ? Philippe Bas (13 697,49 € bruts mensuels), défenseur de Big Pharma, va-t-il contrarier le président du Sénat Gérard Larcher qui l’a nommé ? Laurence Vichnievsky (13 697,49 € bruts mensuels elle aussi) va-t-elle contrarier Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale qui l’a nommée ?

Comment enterrer plus d’un million et demi de signataires d’une pétition

Malgré l’obligation d’utiliser France Connect, donc de donner toutes ses informations personnelles sous prétexte d’anonymat, une pétition contre cette loi a recueilli 1 574 802 signatures sur le site de l’Assemblée du 10 au 17 juillet 2025. Du jamais vu !

La Conférence des présidents de l’Assemblée peut décider — sans y être obligée — d’organiser un débat public sur une pétition à condition qu’elle ait recueilli au moins 500 000 signatures, issues d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer. À l’issue du débat, un rapport enterrera le problème, à moins que la pétition soit directement classée au fin fond des archives.
Il y a eu un précédent. Le 15 janvier 2019, après avoir crevé les yeux des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron avait tenté la méthode douce : l’ouverture de cahiers de doléances en mairie. Total : 200 000 textes manuscrits et 1,5 million contributions en ligne. Tout cela a été soigneusement archivé. Qui en a entendu parler depuis ? Personne.

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L’art d’éviter un référendum

La pétition contre la loi Duplomb a franchi le seuil d’un million de signatures. Si Macron n’avait la fâcheuse habitude de mentir, au lieu d’aboutir à un débat, elle aurait pu donner lieu à un référendum. En effet, lors d’une conférence de presse, jeudi 25 avril 2019, s’il n’avait pas cédé sur une des revendications des Gilets Jaunes, le Référendum d’initiative citoyenne, il avait cependant promis d’« aller plus loin sur le référendum d’initiative partagée », en faisant passer son seuil de 4,5 millions de signatures à un million. Paroles, paroles…

Les médias n’ont rien contre les pesticides

Une façon simple d’enterrer le problème est utilisée par la plupart des médias : ils insistent sur le nombre de signatures en omettant de mentionner le contenu de la pétition.

France 24, le plus objectif, interroge deux paysans, l’un qui est pour la loi, l’autre contre.
Contre : un apiculteur, contre les pesticides ont ruiné l’exploitation.
Pour : un éleveur de porcs qui développe une critique im-pa-ra-ble de la pétition : « Si moi on me demande il y a la fermeture d’un hôpital demain et cetera, je ne vais pas me prononcer, je vais pas signer parce que je suis pas compétent pour connaître les tenants et les aboutissants de ça ».

Beaucoup d’autres médias n’ont pas autant de scrupules. TF1 interroge Julien Odoul (RN) : « Cette pétition est une désinformation total orchestrée par l’extrême gauche ».
Pour Raphaël Legendre sur BFMBusiness la pétition est : « le poison du dogmatisme, de la désinformation ».

Histoire de faire passer une actualité mineure mais récente au premier plan, les médias s’intéressent vivement à une pétition contre une supérette qui devrait s’ouvrir rue Vavin, Paris VIe, un chic quartier (11 000 € à 30 000 €/m2). Signée par plus de 30 000 bobos, elle fait rire, occupe de la place et fait oublier l’autre pétition. Inutile de préciser que les signataires du quartier Vavin ne voient aucun inconvénient à la réintroduction d’un pesticide dans l’agriculture. Ce n’est pas dans leur quartier.


- Source : Le Média en 4-4-2

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