Indignation après la mort des neuf enfants d’une pédiatre de Gaza dans une frappe israélienne

Une pédiatre palestinienne a reçu les corps calcinés de sept de ses enfants alors qu’elle était en service, après qu’une frappe israélienne a touché sa maison à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, provoquant une vague d’indignation.
Vendredi, le Dr Alaa al-Najjar, pédiatre à l’hôpital al-Tahrir du complexe médical Nasser, soignait des victimes des attaques israéliennes en cours dans la bande de Gaza lorsqu’elle a découvert avec horreur que ses propres enfants et son mari venaient d’être amenés à l’hôpital.
Les enfants, âgés de six mois à 13 ans, ont été gravement brûlés dans le bombardement.
Les équipes de la protection civile ont retrouvé sept corps calcinés dans les décombres et les ont transportés à l’hôpital où leur mère œuvre. Deux autres enfants, dont le nourrisson, seraient toujours prisonniers des décombres.
Les enfants s’appelaient Yahya, Rakan, Ruslan, Jubran, Eve, Revan, Sayden, Luqman et Sidra.
Eve al-Najjar (à gauche) et Ruslan al-Najjar (à droite), tous deux tués dans une frappe aérienne israélienne, photographiés avec leur père, le Dr Hamdi al-Najjar (au centre).
Adam al-Najjar (à gauche), seul enfant survivant de la famille al-Najjar, photographié avec ses sœurs Sidra (au centre) et Rivan (à droite), toutes deux tuées dans une frappe aérienne israélienne.
Peu avant l’attaque, Najjar était partie travailler avec son mari, le Dr Hamdi al-Najjar, qui était ensuite rentré chez lui.
Peu après, un bombardement israélien a frappé leur maison dans le quartier de Qizan al-Najjar, au sud de Khan Younis, tuant neuf de leurs dix enfants et blessant le dixième. Adam se trouve actuellement dans l’unité de soins intensifs réservée aux cas modérés.
Le seul enfant survivant du docteur Alaa al-Najjar est alité à l’hôpital Nasser de Khan Younis après qu’une frappe aérienne israélienne a touché leur maison. © Hani Alshaer/Anadolu
Le mari de Najjar, gravement blessé, est toujours en soins intensifs.
Le médecin palestinien Alaa al-Najjar rend visite à son mari Hamdi, blessé, dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Nasser de Khan Younis, à Gaza, après qu’une frappe aérienne israélienne a touché leur maison. © Hani Alshaer/Anadolu
“Nouvelle phase du génocide”
Après l’attaque, l’armée israélienne a affirmé avoir frappé des combattants présumés opérant depuis une structure située à proximité de ses forces, dans une zone où les civils avaient été évacués.
“Les allégations concernant des blessés parmi des civils non impliqués sont en cours d’examen”, a ajouté l’armée.
Le rapporteur spécial des Nations unies pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a condamné l’attaque contre la maison des al-Najjar, la qualifiant de “pratique sadique” et de “nouvelle phase du génocide” auquel sont confrontés les Palestiniens dans l’enclave assiégée.
Le Dr Munir al-Bursh, directeur général du ministère palestinien de la Santé, a déclaré dans un message publié sur X :
“C’est la réalité à laquelle notre personnel médical est confronté à Gaza. Les mots sont trop faibles pour décrire la douleur. À Gaza, ce ne sont pas seulement les travailleurs de la santé qui sont visés : l’agression d’Israël va plus loin, elle anéantit des familles entières”.
Youssef Abu al-Reesh, haut responsable du ministère de la Santé, a déclaré que le Dr Najjar avait laissé ses enfants à la maison pour
“faire son devoir et répondre l’appel de tous ces enfants malades qui n’ont nulle part où aller à part l’hôpital Nasser”.
M. Reesh a déclaré qu’à son arrivée à l’hôpital, il l’a vue
“debout, calme, stoïque, sereine, le regard plein de résignation. On ne pouvait entendre d’elle que quelques murmures (glorifiant Dieu) et (implorant le pardon)”.
Le médecin norvégien Mads Gilbert a accusé Israël de commettre des crimes contre l’humanité à Gaza et a appelé à une intervention internationale urgente.
“Voilà ce qui se passe actuellement à Gaza. Le massacre impitoyable de familles entières, la liquidation des travailleurs de la santé, la famine et les souffrances de 2,1 millions de personnes”.
Dr. Alaa and Dr. Hamdi Al-Najjar’s home was targeted, 9 of their 10 children brutally killed, the surviving husband, and one child seriously wounded. Dr. Alaa received her killed children while at work in Nasser Hospital.
— Dr. Mads Gilbert (@DrMadsGilbert) May 23, 2025
Dr. Alaa is a paediatrician.
She’s keeps working.
The… pic.twitter.com/ncUUI3aR6C
La journaliste américaine Abby Martin a décrit l’attaque comme
“l’horreur quotidienne inimaginable de la guerre d’extermination menée par Israël”.
Depuis le début de l’offensive en octobre 2023, l’armée israélienne bloque l’entrée de fournitures médicales et de médicaments vitaux dans la bande de Gaza, bombarde des hôpitaux et d’autres installations médicales, tue et kidnappe du personnel de santé et prend pour cible des ambulances.
Selon la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS), au moins 1 400 professionnels de santé et 111 agents de la défense civile ont été tués dans les attaques israéliennes.
L’organisation Physicians for Human Rights Israël (PHRI) a déclaré que plus de 250 professionnels de santé palestiniens – médecins, infirmiers, ambulanciers et autres membres du personnel médical essentiel – ont été arrêtés par Israël pendant la guerre, et que plus de 150 sont toujours en détention.
Les professionnels de santé à Gaza travaillent dans des conditions extrêmement difficiles et stressantes, devant pratiquer des amputations, des césariennes et d’autres interventions sans anesthésie, sans électricité et sans la plupart des produits médicaux d’urgence. Les experts de l’ONU ont qualifié la guerre contre le système de santé de Gaza de “destruction totale des infrastructures sanitaires”.
Traduit par Spirit of Free Speech
- Source : Quds News (Palestine)