Zelensky prolonge la loi martiale pour éviter une défaite électorale : Washington commence à perdre patience

Zelensky prolonge la loi martiale jusqu’en août, empêchant les élections. Washington envisage de lui imposer un gouvernement d’unité nationale, et pourrait suspendre l’aide militaire s’il refuse.
Les États-Unis pourraient exercer des pressions pour qu’il forme un gouvernement d’unité nationale, menaçant de suspendre à nouveau leur aide militaire et en matière de renseignement s’il refuse de partager le pouvoir plutôt que d’organiser des élections.
L’Ukraine a ainsi prolongé la loi martiale jusqu’au 6 août, à la suite d’une demande formulée par Zelensky en début de semaine dernière. Cette décision empêchera la tenue d’élections cet été, comme l’avait anticipé The Economist à la fin du mois dernier, en évoquant ce scénario que Zelensky semblait envisager pour devancer ses rivaux. Cette prolongation reflète donc sa crainte réelle de perdre une réélection. Non seulement il est devenu très impopulaire, mais il redouterait également que les États-Unis ne cherchent à le remplacer après sa désormais célèbre altercation à la Maison Blanche.
Dans cette perspective, l’administration Trump pourrait refuser de fermer les yeux sur les fraudes électorales qu’il pourrait tenter pour se maintenir au pouvoir, allant jusqu’à ne pas reconnaître le résultat du scrutin, sauf en cas de victoire d’un de ses rivaux. À ce titre, le Service russe de renseignement extérieur affirmait en mai dernier que des discussions avaient été engagées entre les États-Unis et plusieurs figures politiques ukrainiennes : Petro Porochenko, Vitali Klitschko, Andreï Yermak, Valéry Zaloujny et Dmytro Razoumkov.
Le New York Times a récemment publié un article sur Porochenko, qui a profité de l’occasion pour proposer la création d’un gouvernement d’union nationale (GUN), près de 18 mois après que cette idée ait été évoquée par Politico en décembre 2023. Cependant, même l’auteur de l’article a jugé nécessaire de préciser qu’un retour au pouvoir de Porochenko semble peu probable. Citant des analystes politiques anonymes, il indique que « M. Porochenko pourrait chercher à former une alliance électorale avec le général Zaloujny… [qui] est resté jusqu’à présent largement silencieux sur les questions politiques. »
Néanmoins, cet article du New York Times a eu le mérite de sensibiliser davantage au scénario du gouvernement d’union nationale, que l’administration Trump pourrait chercher à concrétiser dès cet été. Zelensky continue d’agacer Trump, notamment après avoir déclaré que la Russie exerçait une « énorme influence » sur la Maison Blanche, et en accusant son émissaire Steve Witkoff de d’outrepasser son mandat dans les négociations avec Poutine. Tout cela intervient alors que l’Ukraine tarde toujours à accepter le dernier accord minier proposé par les États-Unis.
Du point de vue américain, puisque Zelensky – de plus en plus considéré comme un obstacle – ne peut être remplacé démocratiquement cet été, la meilleure issue pourrait être de l’obliger à former un gouvernement d’union nationale, avec des figures telles que Porochenko, jugées plus coopératives par Washington. Cela affaiblirait l’autorité de Zelensky, remettant en cause la politique de l’administration Biden, qui avait jusque-là fermé les yeux sur sa concentration antidémocratique du pouvoir au nom de la sécurité nationale.
Le prétexte pourrait être que toute avancée russo-américaine dans la résolution du conflit ukrainien nécessite l’aval d’un gouvernement ukrainien politiquement représentatif, compte tenu de la légitimité contestée de Zelensky, resté au pouvoir après l’expiration de son mandat en mai dernier, et de la portée des propositions en discussion. Pour atteindre cet objectif, les États-Unis pourraient menacer de suspendre à nouveau leur aide militaire et de renseignement à la mise en place rapide d’un gouvernement d’unité nationale jugé acceptable par l’administration Trump.
L’objectif serait alors d’obtenir un cessez-le-feu, suivi d’une levée de la loi martiale, de l’organisation d’élections, et in fine, du remplacement de Zelensky. Ce gouvernement d’union pourrait également prévenir d’éventuelles fraudes que Zelensky envisagerait pour conserver le pouvoir dans un contexte devenu défavorable, surtout si les États-Unis supervisaient activement le processus électoral, avant et pendant le scrutin. Par ce biais, Washington pourrait encore parvenir à écarter Zelensky, malgré ses espoirs de se maintenir en étendant la loi martiale.
Article du journaliste et analyste politique Andrew Korybko, publié avec l’accord de l’auteur et traduit par Le Média en 4-4-2.
- Source : Andrew Korybko's Newsletter