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Lundi, 27 Janv. 2025

La France en perdition morale : De la lepénisation à la sionisation des esprits

Auteur : Professeur Chems Eddine Chitour | Editeur : Walt | Samedi, 25 Janv. 2025 - 13h14

«J’ai maintes fois écrit, souhaité que la honte d’avoir été le témoin impuissant d’une violence d’État haineuse et organisée puisse se transformer en honte collective. Je voudrais aujourd’hui que le souvenir des crimes monstrueux du 17 octobre 1961, sorte de concentré de toutes les horreurs de la guerre d’Algérie, soit inscrit sur une stèle, en un haut lieu de toutes les villes de France, et aussi, à côté du portrait du président de la République, dans tous les édifices publics, Mairies, Commissariats, Palais de justice, Écoles, à titre de mise en garde solennelle contre toute rechute dans la barbarie raciste». ~ Pierre Bourdieu, ancien professeur au Collège de France

Introduction

Le témoignage du professeur Pierre Bourdieu mesure mieux que discours et plaidoyers ce que fut la colonisation, un concentré de haine tenace avec ce se sentiment pour ces Français d’une France qui veut dicter la norme du bien et du mal forte de l’impunité de ses assassins, et ses tueurs patentés vit encore dans le délire et le fantasme de l’AOF et de l’AEF. Cette contribution a l’ambition de donner un éclairage de sur cette «peste brune» encore revendiquée à la mort de Jean Marie Le Pen. Ainsi, on constate que l’extrême droite s’est senti pousser des ailes, malgré la diabolisation de surfaces et les rares voies qui se sont réjoui de son décès.

Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français, a qualifié ces scènes de liesse de «honteuses». Ce n’est pas la première fois que la figure de Jean-Marie Le Pen provoque de telles réactions : déjà au printemps 2002, des manifestations massives avaient eu lieu en France suite à sa qualification au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac.

Fondateur du Front national, il demeure omniprésent dans le RN d’aujourd’hui, par filiation, malgré tout ce qui est fait et pactisé avec les lobbies sionistes pour effacer toutes traces de l’antisémitisme constitutif de son ADN. Marine, sa fille l’a écarté de manière opportuniste et conservée de son héritage, en apparence, seule la haine des arabes et des noirs confondue dans une lutte obscure contre l’immigration, l’antisémitisme n’étant plus à l’ordre du jour.

La France à la quête de son identité ou la lepénisation des esprits

Parmi les mythes fondateurs, l’histoire de France a eu de la peine à trouver ses repères. Des générations d’historiens ont chaque fois tenté de consolidé un socle par l’écriture d’un récit national comme ce fut le cas avec Renan et son idée de Nation. La France était au creux de la vague, elle avait perdu l’Alsace et la Lorraine et le Chancelier Otto Von Bismarck déclarait l’empire allemand à Versailles dans Paris occupé le 18 janvier 1871.

Au-delà du fait que l’identité est un terme assez vague, il demeure que les races qui ont fait et qui font la France sont nombreuses. Pendant des siècles, l’identité, de la France s’est faite par absorption d’autres identités, voire d’autres civilisations. l’identité française ce n’est pas uniquement celle d’Astérix assiégé à Alésia. Il faut savoir que, comme tout pays, l’histoire de France s’est construite sur des mythes fondateurs convoqués, à tort ou à raison, pour consolider ce désir d’être ensemble comme le dit si bien Renan quand il parle de la Nation.

«On ne sait pas grand-chose sur la Gaule sinon qu’elle fut amenée à épouser la civilisation romaine après la conquête de César en 50 avant J.-C. On évoque ça et là Vercingétorix le. Bien avant cela, vers 200 avant J.-C, régnait de l’autre côté de la Méditerranée, dans l’Algérie, le grand Aguellid Massinissa qui battait monnaie.

Un autre mythe fondateur fut la bataille de Poitiers, dont la date a changé au gré des contingences et des maquillages des pouvoirs parlant de la position de la ville – aussi de Sarrasins ayant tendu une embuscade à Roland vers la fin du VIIIe siècle. Il a fallu attendre plus de 12 siècles que des historiens fassent justice en réparant une erreur entretenue par l’Église. Après Dagobert, les rois fainéants et Clovis laborieusement, l’histoire de France prit corps. C’est ainsi que Jeanne d’Arc fera son entrée après la guerre perdue de la France contre Bismarck en 1870. Il est nécessaire de revisiter les mythes en créant pour les besoins de la cause.

Nicolas Sarkozy en créant un ministre de l’Identité nationale ouvre un boulevard à l’extrême droite qui se croit légitime maintenant que pouvoir reprend ses idées. Arnaud Montebourg, a estimé que la lepénisation du discours de Nicolas Sarkozy est en marche. Monsieur Sarkozy fils d’un hongrois qui aurait été légionnaire à Bel Abbes dans les années quarante d’après le Premier ministre turc surfe sur les peurs des Français. L’Europe vire carrément à droite avec, pour la première fois, une poussée de l’extrême droite deux fois plus forte que l’extrême gauche. On l’aura compris, les temps seront durs pour les bronzés qui ont une autre spiritualité que celle qui berce d’une façon invisible le temporel et le spirituel des Français de souche, naturellement à l’ombre des lois de la République censée être laïque et équidistante des spiritualités». (1)

François Mitterrand ministre de la Justice en 1956, autorise la torture

Dans sa carrière sulfureuse l’homme qui a signé la mise à mort par guillotine 45 chahid algériens sur les 200 morts : «Guère porté à l’autocritique, François Mitterrand a confié ses regrets à son biographe Jean Lacouture, Dans le cadre de la loi des «pouvoirs spéciaux», il prit alors un décret transférant l’essentiel des pouvoirs judiciaires à l’armée. Une décision qui permet aujourd’hui à Jacques Attali d’affirmer que Mitterrand a «créé les conditions légales de la torture». Le ministre de la Justice ne l’ignore pas. Le 2 avril 1957, François Mitterrand reconnaît devant les députés de la commission des lois «l’existence de sévices et de détention arbitraire». Quelques jours plus tard, lors d’une escale à Alger, il rencontre le secrétaire général de Préfecture, Paul Teitgen, qui vient d’établir une liste de 3024 disparus Mitterrand ne bouge pas. Jean Lacouture le décrit «dans son grand bureau de garde des Sceaux où il ne semble se préoccuper que de ne pas briser ou freiner sa carrière»». (2)

La torture en Algérie entre tabou, occultation et mémoire

Malgré de nombreux films et des enquêtes, la prise de conscience n’apparaît vraiment que dans les années 1970. Pendant la guerre elle-même la censure tente de frapper directement certaines dénonciations précises de la torture, comme l’ouvrage d’Henri Alleg «La Question», paru en mars 1958 (Minuit). Passée l’amnistie du 24 juillet 1968, l’atmosphère des années 1970 joue le rôle de déclencheur pour la mémoire de la guerre d’Algérie, comme pour celle de Vichy dans ses aspects les plus noirs. L’opinion publique a-t-elle pour autant pris la mesure de ce qu’a été, jusqu’en 1962, le laxisme de la justice et des politiques envers une pratique que les historiens ne cantonnent plus aux «dévoiements minoritaires» de quelques parachutistes ? En novembre 2000, un appel signé par douze intellectuels – dont les historiens Pierre Vidal-Naquet et Jean-Pierre Vernant – demande à Jacques Chirac et Lionel Jospin de condamner enfin ces actes au nom de l’État français. (3)

Archéologie du fonds de commerce l’extrême droite

Le fonds de commerce de JM Le Pen a été repris par Marine Le Pen qui, a l’ambition de gouverner la France est prête à s’associer avec le diable. En l’occurrence le sionisme imposé par le CRIF à tout les juifs qui loin s’en faut, ne sont pas tous sionistes et fans de la politique d’Israël. Dans «Le Pen et la torture. Alger 1957, l’histoire contre l’oubli» qui sort le 19 janvier, l’historien Fabrice Riceputi reconstitue, documents, cartographie et témoignages à l’appui, un fait supposé avéré pour la mémoire collective, Jean-Marie Le Pen a commis des actes de torture en Algérie : «Paris, 1960. Le député Jean-Marie Le Pen se rend à une réunion d’anciens combattants, entouré de membres de son parti, le Front national des combattants L’ère coloniale incarne en effet aux yeux de l’extrême droite française l’âge d’or perdu du suprémacisme blanc». (4)

«La guerre raciste à «l’immigration» et aux «immigrés», la diabolisation de l’islam et des musulmans, celle des migrants exilés, la théorie complotiste et raciste du «grand remplacement», thèmes qui triomphent aujourd’hui en France bien au-delà de l’extrême droite, sont l’héritage direct de ce passé. Un héritage dont Le Pen et le Front national furent les principaux passeurs dans les années 1970 et 1980. On pointe à juste titre le collaborationnisme ou le nazisme de certains de ses fondateurs, est presque toujours ignorée. Du reste, certains criminels notoires de l’OAS, fondateurs du Front national, sont régulièrement honorés publiquement par des élus d’extrême droite. Pour exemple, fin 2022, Louis Aliot, maire RN de Perpignan, décide de créer une esplanade Pierre-Sergent, une figure majeure de l’OAS».[4]

«Et l’Élysée lui-même ne craint pas de flatter ce courant lors de «gestes» mémoriels symboliques en direction des pieds-noirs, notamment en éludant les exactions sanglantes de l’OAS et sa lourde responsabilité dans le déroulement tragique de la fin de la guerre En France, avoir trempé dans les guerres coloniales et leur cortège de crimes contre l’humanité n’est généralement pas jugé infamant. Car ce passé colonialiste est peu ou prou partagé avec le FN/RN par les autres courants politiques, à droite, mais aussi à gauche. C’est tout particulièrement le cas pour le courant socialiste, qui, au temps de la SFIO – celle des Guy Mollet, Robert Lacoste ou François Mitterrand -, fut un responsable majeur de la terreur coloniale et n’a jamais voulu faire l’inventaire de ce passé coupable».[4]

«Admettre que «l’épopée» coloniale française fut, des siècles durant, un système de domination raciste et brutal aurait en effet constitué une scandaleuse atteinte à une histoire patriotique nécessairement immaculée. Et une insupportable concession faite au «communautarisme», autrement dit à la population française issue de l’immigration coloniale et postcoloniale, soupçonnée de «séparatisme», un terme significativement emprunté au vocabulaire colonial. Devenue littéralement doctrine d’État sous Nicolas Sarkozy, l’anti-repentance coloniale l’est toujours, quoique plus discrètement. Ainsi, toutes les initiatives mémorielles d’Emmanuel Macron relatives à la colonisation et à la guerre coloniale d’Algérie sont soigneusement précédées d’une protestation de non-repentance de l’Élysée, gage de bonnes intentions donné à une opinion de plus en plus gagnée par le nationalisme et les racismes».[4]

La dédiabolisation de la torture par les pouvoirs successifs

La première faute concernant la torture est l’absolution donnée par le général de Gaulle à tous les tueurs par sa fameuse loi qui permet de «blanchir les assassins». La question fondamentale à laquelle il ne faut surtout pas répondre est celle-ci : au regard des valeurs proclamées par la République française, le combat pour l’indépendance de l’Algérie était-il juste et la guerre menée par la France pour l’écraser condamnable ? À la négation et à l’occultation pures et simples des crimes commis en Algérie, battues en brèche par de solides travaux historiques, a succédé l’excuse dite «des deux côtés». Comble de l’indécence, ceci est assorti d’une injonction faite aux Algériens et Algériennes de bien vouloir oublier leur «trauma colonial», de se «réconcilier» et de tourner la page coloniale de leur histoire dans les meilleurs délais. C’est à ce prix, celui d’un déni d’une vérité historique douloureuse mais têtue, que la légendaire bonne conscience coloniale française peut se perpétuer. Et que le lepénisme peut se trouver «dédiabolisé». Quant à la torture, aujourd’hui qualifiée en droit international de crime contre l’humanité, l’héritière de Jean-Marie Le Pen peut impunément en faire l’apologie, jugeant qu’aujourd’hui comme hier elle serait un «mal nécessaire». (5)

«La gégène dans les gènes»

Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, avait estimé devant la presse qu’«elle a réagi avec ce qu’elle est. La gégène, c’est dans les gènes des Le Pen. Pour elle, c’est normal, très normal défendre, partageant, pour Bruno Le Roux, des traits de caractères commun avec son père», estiment les magistrats. Il s’agit selon les juges d’une «appréhension subjective et métaphorique», la «gégène» – argot militaire désignant «un générateur électrique portatif qui fut utilisé comme instrument de torture au moyen de l’électricité» – étant pour Bruno Le Roux «l’allégorie de la torture, du courant idéologique dans lequel est supposée s’inscrire Marine Le Pen». Le tribunal a ainsi relaxé Bruno Le Roux». (6)

La colonisation sauvage est consubstantielle due l’ADN de l’extrême droit de cette proportion que ceux qui en sont imbus ont comme bréviaire le discours de Jules Ferry à l’assemblée Il y a un devoir pour les races supérieurs d’aider les races inférieures. Pourtant le même J.M. Le Pen a tenu un discours à l’Assemblée Française le 28 janvier 1958 en totale contradiction avec le programme du FN fondé 14 ans plus tard : «Je prétends qu’il y a dans la masse musulmane une profonde aspiration à faire partie d’une entité nationale et à participer en tant que citoyens égaux à une nation. Cette nation, je l’affirme, peut être la France. La solution adoptée alors aurait le double mérite de satisfaire les aspirations nationales des musulmans et de concorder avec l’intérêt de la France».[6]

«Ce qu’il faut dire aux Algériens, si nous voulons en faire des Français, ce n’est pas qu’ils ont besoin de la France, mais que la France a besoin d’eux, c’est qu’ils ne sont pas un fardeau. Ils seront, au contraire, la partie dynamique et le sang jeune d’une nation française dans laquelle nous les aurons intégrés. J’affirme que, dans la religion musulmane, rien ne s’oppose au point de vue moral à faire du croyant ou du pratiquant musulman un citoyen français complet. Bien au contraire. Ses préceptes sont les mêmes que ceux de la religion chrétienne. D’autre part, je ne crois pas qu’il existe plus de race algérienne qu’il n’existe de race française. «faire des Algériens des Français égaux en droits et devoirs», la France a besoin de l’Algérie, peut-être plus que l’Algérie n’a besoin de la France».[6]

Le Pen a assumé jusqu’au bout ses convictions antisémites

Contrairement à sa fille JM Le Pen n’a jamais marchandé ses convictions premières Comme l’écrit Ivanne Trippenbach : «Le cofondateur du Front national, mort le 7 janvier, a assumé jusqu’au bout ses sorties racistes, homophobes et antisémites, ainsi que sa participation à la bataille d’Alger sous les ordres du général Massu.

Depuis sa mort de nombreuses personnalités lui ont rendu hommage. «Un combattant» pour le Premier ministre, François Bayrou. (…) Le Pen n’a jamais cessé d’être Le Pen ; pas question, à ses yeux, d’entrer dans le moule de la normalisation tant souhaitée par sa fille Marine. Des entretiens réguliers, du Monde enregistrés avec son accord, qui montrent Jean-Marie Le Pen tel qu’il a toujours été : homophobe, raciste, antisémite. L’ancien para du 1er régiment étranger de parachutistes (REP) de la Légion étrangère avait reconnu, en novembre 1962 dans le journal Combat, avoir «torturé parce qu’il fallait le faire». Des témoignages de victimes recueillis au début des années 1980 par Le Canard enchaîné et Libération, puis, en 2002, une enquête accablante du Monde dévoilant l’existence d’un poignard gravé au nom «J.-M. Le Pen, 1er REP», laissé sur les lieux de l’assassinat d’Ahmed Moulay, torturé par les parachutistes en 1957». (7)

La «conversion imposée» : De la lepénisation à la sionisation des esprits

«Autant JM Le Pen par ses positions tranchées concernant les sionistes sait qu’il lui sera impossible d’être président malgré sa deuxième place en 2002. Nous avons vu alors le ban et l’arrière ban du CRIF mobiliser au-delà de son camp pour barrer la route à JM Le Pen. Tel n’est pas le cas de Marine Le Pen dont l’ambition dévorante est d’arriver à la magistrature suprême. Les positions tranchées de JM Le Pen nuisent à sa fille qui veut porter le Front national au pouvoir. Ainsi, d’abord lors d’un entretien sur BFM-TV, puis dans les colonnes de Rivarol, hebdomadaire antisémite et pétainiste, JM Le Pen réitère ses propos de 1987 sur les chambres à gaz, «point de détail de la seconde guerre mondiale». Pour Marine Le Pen, c’est la provocation de trop. La sanction ne se fait pas attendre. Jean-Marie Le Pen est suspendu de ses fonctions. Les deux Le Pen ne s’adresseront plus la parole. Un boulevard s’ouvre devant le FN la normalisation c’est-à-dire l’aplatventrisme du FN puis du RN annonce la sionisation progressive de l’extrême droite». (8)

«La scène aurait été impensable écrit Alain Gresh il n’y a pas si longtemps : des députés et des partisans de l’extrême droite, pour certains compagnons de route du Groupe union défense (GUD), défilant aux côtés de groupes extrémistes juifs comme la Ligue de défense juive (LDJ) et le Bétar, dans la «marche contre l’antisémitisme» du 12 novembre à Paris. Au même moment, une partie de la gauche, qui a accepté de servir de caution à cette manifestation, se faisait huer. En quelques semaines, les autorités françaises, aidées par nombre de forces politiques et de médias, ont levé le dernier obstacle à la «normalisation» de l’extrême droite dans l’espace politique, en tolérant, voire en se félicitant de la participation du Rassemblement national (RN) et de Reconquête à la marche du 12 novembre contre l’antisémitisme. La haine des juifs n’est donc plus liée aux héritiers du Front national – parti cofondé par un ancien Waffen SS – qui continuent à affirmer que Jean-Marie Le Pen n’est pas antisémite».[8]

«La classe dirigeante israélienne ne fait en réalité que perpétuer ainsi une tradition qui remonte au temps des pères fondateurs du sionisme : trouver dans les antisémites européens des alliés à leur entreprise, et qui se prolonge à la faveur de la «convergence coloniale». Ainsi, l’ennemi intérieur est là, hier juif, aujourd’hui musulman. Gagné lui aussi par la rhétorique électoraliste de l’extrême droite, le gouvernement français a décidé de faire de la lutte contre l’immigration sa «grande cause», et tente désespérément d’obtenir le soutien des Républicains que rien ne sépare, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, du Rassemblement national. «Aujourd’hui, il y a une volonté d’accord», a déclaré à ce propos la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. Depuis son arrivée à la présidence, Macron a transformé – ou plutôt poursuivi la transformation – de la laïcité de 1905 en laïcité punitive contre les musulman·es. Il a agité le spectre du séparatisme en faisant tout pour que les musulman·es français·es ne se sentent pas chez eux sur notre territoire. Si les actes antisémites ont été, à juste titre, dénoncés, aucune parole publique ne s’est élevée contre le déferlement de propos ouvertement arabophobes et islamophobes, voire les incitations au meurtre et à la violence, sur les chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux, y compris contre des journalistes musulman·es. La stigmatisation permanente d’une partie de nos concitoyen·nes et des immigré·es, en plus du musellement de toute voix critique à l’encontre de Tel-Aviv n’auront qu’un seul effet : nourrir une colère qui se transformera en haine, et viendra s’abattre aveuglément dans les rues de nos villes».[8]

La France qui s’immisce dans les affaires des autres devrait balayer devant sa porte

La parabole du Christ est de la poutre et de la paille est là pour rappeler encore une fois à la France qui s’ingère dans les affaires des pays sur lesquels elle croit à tort détenir un magister ; de faire son aggiornamento et se réveiller d’un sommeil trompeur de la puissance qui compte ; il est prévu qu’en France que la France ne comptera plus parmi les 10 puissances importantes du monde. Le cri du cœur de Bertrand Delanoë de 2021 ou il dénonce le manque de repères la démagogie et le populisme en mode de gestion de l’État, n’a pas perdu une ride Nous lisons : «(…) notre pays semble à nouveau privé de repères, attiré vers les abîmes du renoncement. En février, un rapport du médiateur de la République décrivait une société «fracturée» et dominée par un état d’esprit «mêlant angoisse et rancœur, prêt à se déverser dans les pires exutoires. La France semble arriver à un moment où tout ce qui avait forgé son pacte républicain serait en phase de liquidation. Et notre pays paraît se réfugier dans le repli, comme s’il se détournait de tout ce que l’Histoire lui a légué de plus fécond : l’esprit d’ouverture et la force de la tolérance. Ce qui s’érode aujourd’hui, c’est l’idée même qu’une nation puisse être d’abord une expérience commune. L’expression insidieuse de cet égoïsme triomphant, c’est cette forme collective de l’individualisme qu’on appelle communautarisme». (9)

Abordant le racisme et l’identité nationale imposée par Sarkozy émigré de la deuxième génération il écrit «Comment en sommes-nous arrivés là ? La vérité est qu’un certain discours s’est répandu, signant un armistice insupportable sur l’essentiel : notre héritage, nos idéaux, notre avenir. Ce discours a atteint son point culminant avec le débat nauséabond sur «l’identité nationale». Alors se sont libérés tous les effluves du rejet qui nourrit l’envie et la haine. Il y a d’ailleurs quelque chose de désespérant dans ce mode de gouvernance fondé sur la mise sous tension permanente du corps social et l’exploitation des antagonismes. La France d’aujourd’hui est un pays où une composante de la population est sans cesse évoquée à travers des étiquettes humiliantes, assimilée à la délinquance, à la polygamie ou à la fraude aux allocations familiales».[9]

«En un mot, poursuit Bertrand Delanoë c’est un pays que l’on dépouille de ses propres valeurs. Ne revenons pas ici sur ce qui a rythmé l’actualité récente et mis en lumière une République pas vraiment «exemplaire». Soulignons en revanche ce qui se dessine en arrière-plan : une véritable décadence de l’esprit public. Oui, le démantèlement de nos services publics ne se borne pas à transformer les fonctionnaires en variables d’ajustement d’une politique de court terme, il porte atteinte à l’universalité même de l’école, de la santé, de la sécurité, voire de l’information. Dès lors, comment s’étonner, devant ce spectacle d’un système dur avec les humbles et complice avec les puissants, que la France, selon un récent sondage de l’IFOP, soit le pays d’Europe où le sentiment d’injustice sociale est le plus prononcé ? Au cours des sept dernières années, les 0,01% de Français les plus riches ont vu leur revenu croître dix fois plus vite que celui du reste de la population. Pourtant, la réforme en cours sur les retraites cible, une fois encore, les modestes, les carrières longues et souvent épuisantes. S’installe le sentiment d’une société devenue amorale, dans laquelle la défiance est finalement le sentiment le mieux partagé».[9]

Abordant la situation budgétaire, qui a encore empiré en 2025 à 3300 milliards de dollars ! il écrit : «il faut dire la vérité. Et d’abord sur la dramatique situation budgétaire de la France, après qu’un gouvernement ayant acté la «faillite» de nos finances publiques s’est évertué à les dilapider. La vérité, donc : dans notre pays, l’État vit six mois de l’année au crédit des générations futures. Gouverner consistera à rechercher des marges, en assumant des priorités claires. Nous ne pourrons pas tout, mais tout ce que nous pouvons devra être accompli. Ne cherchons pas à accréditer l’idée d’un miracle ni celle d’une absurde infaillibilité. Concentrons-nous en revanche sur les piliers d’un projet crédible, la solidarité, l’éducation, l’innovation et la croissance écologique. Revendiquons-le : les notions de justice sociale ou de performance de nos services publics dessinent des réponses modernes qui nécessitent des moyens, des instruments ainsi qu’une organisation. Sur chacun de ces engagements, nous devrons rendre des comptes aux Français, tant ils sont las des promesses sans lendemain. Il faudra rétablir un État impartial, garant de la séparation des pouvoirs et de l’unité nationale. Le défi de demain est social et économique, il est tout autant démocratique et éthique. Dès à présent, gardons-nous de répondre au populisme par la démagogie, fût-elle tonitruante».[9]

Ce qu’a écrit Bertrand Delanoë par de plus d’une fausse certitude, la France des Lumières, il y a de quoi écrire des thèses sur ce que furent les lumières des pays coloniaux ! Ce fut de fait un siècle des ténèbres, pour tous les damnés de la Terre qui relèvent enfin la tête et qui de par leur réelle indépendance ont réduit les pays coloniaux à leur réelle surface maintenant que les matières premières des pays en développement ne sont plus bradées.

Les «Justes» qui ont aidé l’Algérie

À l’autre bout du curseur, les Français qui ont mis en danger leur vie pour une cause qu’ils déclarent liée à la liberté et à la dignité humaine. Je veux citer sans être exhaustif Franz Fanon, Maurice Lebane, Daniel Timsit, Fernand Yveton qui sera guillotiné pour la bonne cause. Le témoignage de Francis Jeanson pour nous convaincre que la France c’est aussi la défense pour des causes justes «Je voudrais que tu retiennes que mes camarades et moi n’avons fait que notre devoir, car nous sommes l’autre face de la France. Nous sommes l’honneur de la France» Francis Jeanson s’adressant au président Abdelaziz Bouteflika – (juin 2000) C’est par cette phrase que le philosophe Francis Jeanson «le porteur de valises» a défini son rôle lors de l’aide qu’il a apportée à la Révolution algérienne : il n’a fait que son devoir et il n’en rougit pas, il se démarque des «autres» de tous les «nostalgériques» qui, au mieux, ont protesté mollement, notamment à propos de la torture, au pire, l’ont approuvée comme l’a fait à titre d’exemple avec une charité toute chrétienne, le cardinal Saliège pour qui, «la terreur doit changer de camp». (10,11)

Le peuple algérien a payé du tiers de sa population l’aventure coloniale française, puis payé un siècle après du sixième de la population l’entêtement et l’acharnement français à se maintenir en Algérie. Le jugement sans concession de Victor Hugo est pour nous un repère : «Achille Leroy de Saint-Arnaud avait les états de service d’un chacal». Les états de service macabres inépuisables de Saint Arnaud font dire à Nourredine Bennabi que rien ne distingue les faits d’armes de Saint-Arnaud des militaires allemands avec cependant, une invention qui sera perfectionnée à Dachau : les enfumades et les techniques d’emmurement version initiale des fours crématoires. À cette époque il n’y avait pas et il n’y a toujours pas de tribunaux de Nuremberg pour juger les assassins à l’instar de la shoah de ces crimes de masse laissant ainsi, les pleurs et l’agonie des enfants des grottes du Dahra sans justice

Pierre Bourdieu ancien professeur au Collège de France ami l’Algérie, parlant des massacres du 17 octobre 1961 eut ses mots justes qui devaient être étendus aux milliers de massacres en tout genre dont s’enorgueillit la France de fait en perdition morale, et qui refuse de reconnaitre ses crimes comme toute nation civilisée.

Cette poussée d’adrénaline de l’extrême droite en France qui gangrène le corps social français est en fait manœuvré par les sionistes français pour qui Israël est un horizon indépassable malgré ses crimes. Une série de décrets de lois taillés à la dimension des desiderata des sionistes qui prétendent parler au nom de tous les juifs de France, ce qui est faux. Nous devons raison garder et être très prudents en face de ces provocations.

Conclusion

Enfin on ne peut passer sous silence l’apport culturel de l’Algérie. L’Algérie eut aussi sa part, souvent la plus terrible, dans le rayonnement de la France, à la fois pour défendre ses frontières, développer son économie et participer par l’enseignement du français au rayonnement culturel de la France qui peine à résister. Ce sont des légions d’Algériens brillants qui ont porté haut et fort la langue française. Cependant et au nom du devoir d’inventaire qui devrait être fait tôt ou tard pour commencer à apurer le contentieux mémoriel, la France ne peut ignorer qu’une grande partie des pièces archéologiques qui sont la mémoire de l’Algérie sont quelque part dans tous les musées de France. Elle continue à enrichir la France par le tourisme et curieusement il est défendu aux Algériens d’aller contempler les pièces archéologiques butins de 132 ans de mise en coupe réglée sans oublier les têtes de cinq cents algériens stockés dans des boites en carton ce qui est la marque d’un déshonneur assumé au regard des slogans des Droits de l’Homme dont la France se gargarise et dont on constate avec le temps que cette logorrhée est creuse mais sonore.

Enfin le body shopping (l’émigration choisie) revient cher au pays. Pratiquement chaque année ce sont des milliers de diplômés de haut niveau qui sont aspirés sans contrepartie. Par contre la chasse aux sans-papiers algériens est totalement déconnectée du problème global. Il serait normal que le dossier concernant cette hémorragie de la sève algérienne soit ouvert pour y trouver une juste solution.[7]

Après la colère viendra forcément le temps de l’apaisement. Une fois cette mise au point faite, doit-on une fois de plus encaisser, passer à autre chose ou se mettre au travail autrement que par des rodomontades ? L’Algérie devra faire son aggiornamento en excluant tout sentimentalisme. Il nous faut ré-talonner nos relations avec les partenaires dans une égale dignité sans condescendance ou quelque relent de race supérieure. On ne peut pas objectivement avec la France faire comme s’il ne s’est rien passé. Le passé ne peut pas passer quand un nombre de considérants fondamentaux ne sont pas réévalués. À chaque échéance électorale en France, le fonds de commerce de tous les nostalgériques est convoqué. Et Naturellement, les revanchards qui attisent les haines ont les coudées franches. Il est scandaleux que des pyromanes dictent la norme en matière de relations d’État à État.

À bien des égards, le ressentiment et non la haine que nous éprouvons sont des répliques d’un tremblement de terre qui a eu lieu le 5 juillet 1830. Notre société, qui a été profondément déstructurée, n’a pas pu participer en son temps au mouvement de l’Histoire. Qui sait si nous n’aurions pas évolué d’une façon plus positive, si nous n’avions pas subi une colonisation sanguinaire qui est un crime contre l’humanité. Il est immoral que la France considère qu’elle a soldé ses comptes en 1962. De ce fait, la vraie dette de la France est entière et ce ne sont pas des actions cosmétiques qui nous permettront de regarder ensemble dans la même direction. L’Algérie est une pièce importante dans cette Méditerranée de tous les dangers et qui a un grand besoin de stabilité. La France devrait avoir cela en tête et opposer le peuple à son armée est un mauvais calcul. Seul un respect réciproque permettra d’amener la confiance.

L’Algérie n’est pas adversaire du peuple de France besogneux qui sue sang et eau pour boucler ses fins de mois. L’adversaire est l’extrême droite, des nostalgériques de l’Empire boostés par un sionisme qui veulent à tout prix voir l’Algérie mettre un genou à terre. Nous devons plus que jamais être vigilants avant tout continuer redoubler d’effort notamment en mettant en œuvre système éducatif performant qui nous permettra d’entrer dans les BRICS par la grande porte. Ce quinquennat sera celui du développement du Sud qui permettra à l’Algérie de changer d’échelle car c’est de là que l’Algérie deviendra véritablement un pays émergent qui compte.

Notes:

  1. https://www.lexpressiondz.com/15/03/2006/l-analyse-du-professeur-chitour/la-france-a-la-quete-de-son-identite-ou-la-lepenisation-des-esprits
  2. Jean -Dominique Merchet, Libération, 08/05/2001
  3. Nicolas Weill, Le Monde, 07/05/2001
  4. https://orientxxi.info/extreme-droite-quand-la-colonisation-rachete-la-collaboration
  5. AFP, J. 24/05/2018 à 17:44
  6. https://www.radiofrance.fr/13h54-c-est-la-france-du-mercredi-08-janvier-2025
  7. Ivanne Trippenbach https://www.lemonde.fr/2025/01/10/je-le-fais-sous-les-ordres-de-mon-capitaine-les-dernieres-confessions-de-jean-marie-le-pen-sur-la-torture-pendant-la-guerre-d-algerie
  8. https://orientxxi.info/antisemitisme-l-extreme-droite-blanchie-par-son-soutien-a-israel
  9. Bertrand Delanoë https://www.lemonde.fr/2010/07/05/la-france-un-pays-depouille-de-ses-valeurs
  10. F. Jeanson, «La seule façon dêtre contre». Le Nouvel Obs. n°2085, 21 octobre 2004
  11. Dominique Vidal, «Ces «traîtres» qui sauvèrent l’honneur de la France». Le Monde diplomatique, septembre 2000

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