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Mardi, 21 Janv. 2025

Le sionisme: dernier foyer colonial de l’impérialisme occidental

Auteur : Khider Mesloub | Editeur : Walt | Mardi, 18 Mai 2021 - 03h26

« Dans tout le monde colonisé, la véritable souveraineté des peuples indigènes est crainte par ceux qui ne peuvent jamais vraiment complètement masquer le fait et le crime, qu’ils vivent sur des terres volées ».

L’histoire fourmille de récits confectionnés pour les besoins de la cause. Souvent d’une cause perdue d’avance, tant sa justification tout comme sa légitimité est historiquement infondée. Les récits mythiques, souvent élaborés pour imposer une histoire rapiécée et épicée de contrevérités, emplissent les livres d’histoire.

Malencontreusement, souvent, les mythes s’incrustent comme des mites dans les mémoires collectives. Or, tout comme il est difficile de se débarrasser des mites qui colonisent une maison, il est malaisé de se défaire des mythes qui polluent l’histoire. Certains mythes ont la vie dure. Ils s’imposent comme vérité historique malgré la flagrance de leur caractère mensonger.

Il est vrai que, comme le disait le ministre de la Propagande du régime nazi, Goebbels, « un mensonge, à force d’être répété, finit par devenir vérité ». Et le mensonge une fois enfoncé dans la mémoire collective, il acquiert force de loi : il n’hésite pas à recourir à la loi de la force pour se perpétuer.

L’histoire est ainsi truffée de ces impostures érigées en vérité. Et de vérités longtemps réduites à des impostures, avant de triompher historiquement. Galilée était fausseté aux yeux des pouvoirs absolutistes royal et ecclésiastique, avant de devenir certitude scientifique aux yeux du savoir universel. « Et pourtant elle tourne », avait-il lancé à ces détracteurs du tribunal de l’inquisition adepte fanatique de la théorie géocentrique. Incontestablement, la terre tourne. Tout comme la roue de l’histoire tourne, son mouvement rivé vers l’avant, poursuivant son inflexible ascension, en dépit des forces obscures rétrogrades qui tentent de freiner sa progression, détourner sa voie, dévoyer son orientation, dérailler sa trajectoire. Ces forces obscures fanatiquement résolus de nous persuader de la justesse et de la véracité de leurs ténébreux dogmes archaïques, destinés à gouverner éternellement l’esprit de l’humanité contre la volonté des sciences qui ont pourtant triomphé de l’obscurantisme.

La falsification de l’histoire est vieille comme le monde. De nos jours, beaucoup de pays se drapent dans le manteau de l’imposture. De la posture historique frauduleuse. La fraude historique est l’œuvre de pays aux mœurs de voyous. Ils refusent de s’acquitter honnêtement de leurs devoirs de vérité au trésor public de l’Histoire. Ils préfèrent user d’escroquerie historique pour détrousser, avec effraction, le passé, afin de tresser, en totale infraction, des couronnes à leur gloire usurpée présente. Les faussaires de l’histoire agissent en toute impunité pour usurper la mémoire collective, enrôler les annales, piller le passé. Plus gravement, annexer un pays au nom d’une histoire frauduleusement fabriquée dans les ateliers des annales fallacieux de la mythologie. Pour légitimer leur dictature. Pour justifier leur projet de création d’un État, imposer leur récit national bâti par la force des baïonnettes, griffonné en lettres maculées de sang des peuples lésés et abusés.

Il en est ainsi d’Israël, ce pays voyou qui a commis le pire hold-up de l’Histoire en accaparant la terre de Palestine. Vol (viol) perpétré au nom d’une mythologie talmudique érigée en vérité historique. En effet, cet État artificiel (sacrificiel du peuple palestinien), construit de toutes pièces (historiquement rapiécées), à l’aide de lambeaux d’individus hétérogènes ramassés dans les ghettos de multiples pays, s’est offert avec l’argent de ses souteneurs un mythique peuple bigarré qui n’a de commun que la religion judaïque.

Aujourd’hui, tous les historiens honnêtes et consciencieux s’accordent sur cette vérité historique : comme l’a démontré Marc Ferro, Il n’y a pas de « race juive », les juifs étant issus de diverses aires géographiques et culturelles. D’une part, les juifs d’Europe descendent des Khazars, tribus établies dans le Caucase, converties tardivement (vers le IXème siècle) au judaïsme. Ces juifs caucasiens, absolument pas sémites, ont fondé un empire prospère, vers lequel plusieurs juifs de Mésopotamie et de Byzance ont massivement afflué. Cet empire s’est effondré au XIIIe siècle, sous l’invasion des Mongols et de l’épidémie de la peste noire. Au lendemain de la disparition de l’empire khazar, les juifs khazars se sont disséminés dans toute l’Europe centrale, notamment en Pologne, en Hongrie, en Allemagne. D’autre part, les juifs sépharades. À cet égard, contrairement à la propagande sioniste pour qui ces juifs descendent directement de la Palestine après la destruction du Second Temple de Jérusalem, les Sépharades sont des berbères convertis au judaïsme, comme l’a écrit l’historien français Marc Ferro dans son livre « Les tabous de l’histoire ». De même, cet historien a démontré que les juifs espagnols étaient d’origine berbère et non issus de la diaspora « de la Judée ». Ainsi, il n’existe ni de « peuple juif » ni, à plus forte raison, de « race juive ». C’est un mythe forgé par le sionisme.

En revanche, dans l’historiographie d’avant le sionisme (aujourd’hui totalement éradiquée des annales historiques, et pour cause), il était communément admis que les Palestiniens étaient dans leur majorité descendants de ce « peuple juif » melting-pot. L’origine juive des Palestiniens était reconnue par tous les spécialistes de l’époque d’avant l’apparition du sionisme faussaire. À l’appui de cette vérité historique, il est établi que les Romains, contrairement à la mystification sioniste propagatrice de la théorie de la diaspora juive native de la Judée, n’ont jamais procédé à une politique d’expulsion des populations orientales, notamment celles établies en Palestine majoritairement de confession juive (ou chrétienne).

À l’exclusion de certains indigènes réduits en esclavage, les habitants de Judée se sont maintenus sur leur territoire, au-delà de la période de la destruction du Second Temple. On n’a relevé ni exode, ni, corrélativement, communauté juive diasporique. Au cours des siècles suivants, une partie de la population de cette région s’est convertie au christianisme, l’autre partie (ou la même), dans sa majorité, s’est postérieurement ralliée à l’Islam à compter du VIIe siècle. Aussi, peut-on avancer, sans contredit, que la majorité des Palestiniens sont les descendants des habitants de l’antique Judée. D’un point de vue « purement ethnique », pour employer une terminologie sioniste très friande de concepts racialistes, en vérité les Palestiniens contemporains sont les authentiques descendants directs des « populations juives » de l’époque antique, christianisées ou islamisées.

La singularité du sionisme est d’être raciste, violent et expansionniste. Raciste pour son institutionnalisation de l’hérédité raciale comme critère d’appartenance exclusive à la « nation juive ». Violent car cette nation juive, déterminée essentiellement par les liens du sang, est née par la violence (illustrée en 1948 par les massacres de Palestiniens par les milices sionistes, la destruction de leurs villages, l’expulsion des habitants de leurs foyers et terres). Stratégie d’intimidation et de terreur poursuivie depuis 1948 jusqu’à nos jours, aussi bien à l’égard de la population palestinienne que des habitants des pays voisins (Liban, Syrie), régulièrement assassinés, bombardés, expulsés. Expansionniste car cette violence vise à étendre sans limite la domination territoriale d’Israël.

Contrairement au colonialisme « classique » qui vise à exploiter la population autochtone, le colonialisme sioniste a toujours eu pour dessein de déplacer et d’expulser la population indigène. Sa politique coloniale ne repose pas seulement sur l’occupation territoriale, mais la dépossession. Elle vise à « judaïser/désarabiser » la Palestine, notamment par le remodelage sioniste de l’histoire, de la géographie urbaine et de la topographie.

Par ailleurs, à l’instar du mouvement afrikaner, le sionisme repose sur une logique raciste. En effet, il se fonde sur la séparation entre groupes ethniques. Cette politique ségrégationniste s’illustre par la bantoustanisation de la Cisjordanie et de Gaza et par la racialisation des Palestiniens, autrement dit la relégation sociale des arabes israéliens, comme cela se pratiquait à l’époque de l’apartheid sud-africain. Aujourd’hui, l’entité sioniste, pour asseoir sa domination et perpétuer son abomination, s’est dotée d’une pseudo-démocratie pour s’attirer l’admiration.

L’idéologie dominante occidentale soutient qu’Israël est la seule démocratie au Moyen-Orient. Le seul État de droit. C’est absolument faux. Israël n’est pas un État de droit. C’est le seul État au monde où la Constitution ne fixe pas les limites du territoire. Ce qui est conforme au projet sioniste d’expansion inexhaustible. En outre, l’État israélien est raciste, étant donné qu’il est stipulé qu’Israël est l’État des juifs, impliquant que les autres habitants sont des sous citoyens, sous hommes. En vérité, Israël repose sur la spoliation de la terre palestinienne et le nettoyage ethnique des Palestiniens. Aussi Israël est l’antithèse d’une démocratie. Certes il existe un parlement, des médias libres (mais au service du sionisme). Mais dès lors que cet État est fondé sur le vol de la terre, c’est donc une démocratie réservée aux seuls voleurs sionistes pour gérer leurs business, préserver leur domination coloniale, pérenniser leur entreprise de rapines territoriales. Avec de tels critères à géométrie variable, l’Allemagne nazie peut être considérée également comme une démocratie ?

Nul doute, l’État théocratique israélien, à l’histoire blindée de mythes, se voit obligé d’être en guerre permanente pour maintenir et pérenniser sa factice union nationale, faute de quoi il sombrerait par privation d’alimentation belliqueuse. Israël ne se nourrit que de guerres récurrentes et écœurantes. La paix lui est impossible. D’où cette impérative nécessité belliqueuse de transmuer le pays en caserne à ciel ouvert où chaque israélien endosse l’uniforme militaire à vie, où la Polémologie a supplanté l’apprentissage de la Thora.

Sans conteste, l’entité sioniste est consciente de son illégitimité historique, de sa frauduleuse existence. Aussi Israël est-il atteint d’un syndrome singulier, caractérisé par la pathologie guerrière, l’affrontement permanent. Israël est doublement condamné à vivre sur le pied de guerre et les provocations bellicistes répétées. Pour des raisons à la fois exogènes et endogènes. Exogènes : car il est entouré de pays ennemis qui n’accepteront jamais son existence (nous parlons des populations arabes et non de leurs respectifs États fantoches ralliés au sionisme). Ces pays ne font qu’aiguiser leurs armes pour hâter la destruction d’Israël. Endogènes : car sa population juive hétéroclite maintient sa factice cohésion « nationale » que sous le feu de la guerre permanente. Aussi, dans l’hypothèse d’une résolution d’instauration de la paix, plus qu’improbable, l’équilibre fragile interne s’effriterait-il aussitôt. Inévitablement, les dissensions intrinsèques entre les différentes communautés juives hétérogènes éclateraient au grand jour. Car cette prison dorée de « peuple élu » concentre des habitants-geôliers qui n’ont rien de commun, sinon la religion hébraïque, mais surtout leur doctrine raciste : le sionisme.

Pour autant, cette colonie de peuplement est guettée par le dépeuplement colonial. Incontestablement, en créant leur État colonial en Palestine en 1948, les juifs sionistes ont creusé leur tombe. Israël est devenu l’endroit le plus dangereux pour les juifs.

Que symbolise la constitution de cet État sioniste sinon la dernière création du Grand Ghetto juif mondial instauré sur une terre dépourvue durant des siècles de tout « foyer juif ». Une terre habitée des siècles durant par des Palestiniens de toutes confessions.

Comme l’a écrit en 1972 le militant israélien antisioniste, Arie Bober, membre d’un collectif intitulé The Other Israel : « Loin d’offrir un refuge pour les juifs persécutés du monde, l’État sioniste mène les nouveaux immigrants comme les anciens colons vers un nouvel holocauste en les mobilisant dans une entreprise coloniale et une armée contre-révolutionnaire contre la lutte des masses arabes pour la libération nationale et l’émancipation sociale ».

Pour mieux mesurer la dimension coloniale de ce pays artificiellement créé par les puissances impérialistes (y compris l’URSS) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il est important de rappeler que la fondation du sionisme a pris forme dans le contexte de la phase aiguë de l’impérialisme, du colonialisme. Le sionisme naît au lendemain de la conférence de Berlin sur le partage de l’Afrique. En pleine période de conquêtes coloniales. En pleine phase de l’émergence des mouvements racistes (le livre d’Arthur de Gobineau « Essai sur l’inégalité des races humaines » venait d’être publié), du développement du darwinisme social, puis plus tard dans un contexte d’éclosion du fascisme, du nazisme, des irrédentismes.

Et les juifs européens, majoritairement ashkénazes, imprégnés de ces idéologies nauséabondes, ne feront qu’emboîter le pas à leurs compatriotes européens (catholiques et protestants connus pour leur racisme congénital à l’endroit des peuples de couleur, incarné par leurs entreprises esclavagistes et leur domination coloniale sur l’ensemble de la planète) dans leur œuvre de conquête coloniale sioniste. Pour quel motif le projet sioniste n’avait-il pas vu le jour au XVIIIe siècle, ni au XIVe ni au VIIe siècle ? Car il n’avait aucun fondement historique. Ni une légitimité sociologique. Il correspond à cette période du capitalisme colonial. Il s’inscrit donc dans cette phase de l’impérialisme triomphant du XIXe et XXe siècles.

Mais aussi, du problème de l’immigration. Paradoxalement toujours d’actualité. En effet, l’appui apporté par les pays à forte population juive au programme sioniste de création d’un foyer juif, ne s’explique pas autrement que par le projet politique judéophobe de ces pays de régler radicalement la question de la « présence » indésirable juive, concrètement par leur expulsion massive vers un territoire éloigné des frontières européennes.

Paradoxalement, l’idéologie sioniste émerge au lendemain de la création du vocable « antisémitisme », concept élaboré en 1880 par Wilhelm Marr, pour caractériser un discours antijuif. Tout s’est passé comme si le concept d’antisémitisme avait été fabriqué pour servir d’alibi et de « caution morale » à la nouvelle entreprise sioniste, aux fins de convaincre les juifs d’Europe de partir coloniser la Palestine.

En fait, le terme péjoratif antisémitisme s’inscrit dans le prolongement du vocable antonymique, mélioratif, sémite, inventé, lui, en 1781 par l’orientaliste allemand August Ludwig Schlözer. Dans le contexte de la création des nations et de l’épanouissement du nationalisme, l’invention de ce terme « sémite » renvoyait à la notion de race, très en vogue à l’époque. Cependant, les Juifs ne constituent nullement une race. À la vérité, le terme sémite, initialement, avait une connotation purement linguistique. En effet, le terme sémite (construit à partir du nom de Sem, fils de Noé) visait à englober toutes les langues apparentées à l’origine commune : l’hébreu, araméen, l’arabe, etc.

Plus tard, le terme sémite, purement linguistique, prendra une connotation « racialiste ». Le terme ne désignera plus l’ensemble des langues sémites, mais l’ensemble des peuples sémites de la péninsule arabique, de la Mésopotamie, de la Syrie, de la Palestine. Ainsi, à l’origine, que ce soit dans sa dimension linguistique ou raciale, le terme « sémite » désignait l’ensemble des populations orientales, autrement dit plusieurs peuples sémites, en majorité arabes, et non pas un seul peuple sémite (juif). L’assignation des juifs européens, pourtant descendants des khazars, au rameau sémitique avait pour dessein de les exclure du tronc civilisationnel européen. Par cette assimilation au rameau « ethnique » sémitique, les judéophobes européens pouvaient, à bon compte, désormais considérer les juifs européens comme des étrangers, des non-européens, justifiant leur bannissement de leur « pays d’accueil », leur extermination, leur expulsion vers leur « terre natale », la Palestine (appuyant ainsi le projet embryonnaire sioniste), même au prix de la spoliation des Palestiniens de leur terre.

Le soutien apporté par les pays favorables à la création de l’État sioniste n’avait pas d’autre motivation que raciste. Cet appui n’était absolument pas mû par des considérations humanitaires. Mais par leur volonté de purifier leurs pays respectifs de leurs concitoyens indésirables de confession juive, de tout temps ostracisés, proscrits, victimes de pogroms. L’antisémitisme est le frère siamois du sionisme. La preuve par ces citations du fondateur du sionisme, Théodore Herz : « Les antisémites ont été nos amis les plus fidèles, les pays antisémites sauront être nos alliés ». « Lorsque notre organisation sera connue à travers le monde, les forces antisémites lui feront de la publicité dans les gouvernements, dans les meetings, dans les journaux ».

Pour accréditer l’idéologie sioniste, avec la complicité des gouvernants des pays européens accueillant des résidents de confession juive, les premiers représentants du mouvement sioniste s’attachèrent à répandre leur propagande selon laquelle les Juifs seraient inassimilables dans les sociétés européennes. Aussi, doivent-ils constituer leur propre État-nation en Palestine (Eretz Israel). Bien avant l’émergence du sionisme, des dirigeants politiques européens, notamment Ernest Laharanne, secrétaire de Napoléon III, Lord Palmerston, premier ministre du Royaume-Uni, plaidaient pour la « restauration » de la présence juive en Palestine pour défendre les intérêts de la civilisation européenne. Le fondateur du sionisme, le journaliste autrichien Theodore Herzl, s’inscrit dans le même mouvement idéologique de la mission civilisatrice européenne. Il écrit en 1896 que « nous formerions là-bas (en Palestine) un élément d’un mur contre l’Asie, ainsi que l’avant-poste de la civilisation contre la barbarie ».

***

Vague d’arrestations arbitraires parmi les Palestiniens d’Israël

Ce rapport a été rédigé par des avocats et juristes palestiniens israéliens sur le terrain. En quelques jours, plus de 700 Palestiniens citoyens d’Israël ont été arrêtés, dont des dizaines de mineurs. Des arrestations arbitraires dont le seul but est de terroriser les Palestiniens pour les dissuader de manifester.

Haïfa, mai 2021 – Durant la première semaine de ce soulèvement unitaire palestinien, les militants des droits humains en Israël ont enregistré des cas de violence extrême et des violations flagrantes des droits humains perpétrées par les forces israéliennes, qu’il s’agisse de la police, des unités spéciales, de la police aux frontières (Magav), de la police secrète ou des mista’arivim, sans parler de la répression légale menée par les juges et les procureurs.

Parallèlement aux centaines d’arrestations qui ont eu lieu à Jérusalem et en Cisjordanie, plus de 700 arrestations ont été enregistrées dans les territoires de l’intérieur entre le 9 et le 14 mai, dont des dizaines d’enfants. Il apparaît clairement que ces opérations avaient pour but de terroriser les Palestiniens afin de les dissuader d’aller manifester et de descendre dans la rue. Elles visaient également à les empêcher de défendre leurs familles et leurs maisons, leurs quartiers et leurs villes, face aux agressions des milices sionistes. En procédant à ces arrestations, les forces de l’ordre et la justice israélienne ont légitimé l’action de ces milices qui ont agressé les Palestiniens, tiré sur eux, incendié et vandalisé leurs propriétés.

Ce rapport s’appuie sur les déclarations des avocats qui exercent dans les territoires occupés de 1948. Il rend compte des schémas d’arrestation similaires que l’on retrouve dans toutes les villes et tous les villages palestiniens.

Des arrestations arbitraires

Une des premières caractéristiques de ces opérations est leur dimension arbitraire. La police a ainsi procédé à des arrestations massives durant les manifestations. Elle n’a pas épargné de simples passants qui se trouvaient par hasard dans le périmètre des protestations. Ces interpellations se sont également poursuivies dans les quartiers alentour, même après la fin des manifestations.Les forces de l’ordre ont aussi mis en place des barrages dans des zones où il n’y avait plus de contestation. Elles ont stoppé les voitures conduites par des jeunes, procédé à des fouilles et arrêté les personnes à bord des véhicules.

La police s’est introduite dans plusieurs maisons qui se trouvent dans les zones des manifestations. Elle a agressé les habitants et procédé à des arrestations. Des raids policiers ont également eu lieu dans les commerces, les restaurants ou les cafés qui ont accueilli les blessés des manifestations. Ces lieux ont été vandalisés et les blessés arrêtés.

Pas de témoin

Des dizaines de personnes qui ont filmé les violences policières contre les manifestants – notamment durant les arrestations, marquées par une extrême brutalité – ont été à leur tour agressées et arrêtées par la police. D’autres ont été menacées par les armes et ont subi des tirs de balles en caoutchouc et de bombes sonores.

Les forces de police ont refusé de transférer à l’hôpital des dizaines de blessés interpellés, malgré les recommandations et l’insistance des équipes médicales présentes dans les manifestations. La police a en effet insisté dans de nombreux cas pour que les soins ne soient délivrés qu’après les interrogatoires. Des avocats ont contesté cette décision et ont refusé de représenter leurs clients jusqu’à ce que ces derniers soient hospitalisés. La réponse de la police a été de retarder les interrogatoires et de garder les personnes en détention pendant des heures – parfois même jusqu’à 9 heures –, alors que certains blessés devaient être pris en charge en urgence, notamment ceux qui avaient été atteints aux yeux.

Des violences physiques ont eu lieu pendant la détention ou lors des transferts vers les centres de rétention : jambes et bras fracturés, blessures au dos, au cou, aux yeux, au visage, à la tête… Les agents de la police israélienne ont en effet matraqué et frappé avec les crosses de leurs fusils les personnes interpellées. Ils ont écrasé leurs têtes et leurs cous sous leurs bottes pendant plusieurs minutes, et cogné leurs têtes contre le sol, les murs ou les portières des fourgons de police. En plus des violences physiques, des violences morales ont été exercées en connaissance de cause contre des personnes souffrant de maladies mentales, provoquant des crises qui ont nécessité leur transfert à l’hôpital en urgence.

Les unités anti-émeutes ou yasam étaient présentes à l’intérieur des centres de rétention où les détenus étaient entassés dans des cellules minuscules, sans eau, sans nourriture, ni accès aux sanitaires. Des agents des unités spéciales ont utilisé leurs téléphones portables pour prendre les détenus en photo, en toute illégalité. Un habitant de Nazareth affirme avoir été enfermé avec d’autres prisonniers dans une cellule où ils devaient garder la tête baissée, afin de ne pas pouvoir identifier les policiers qui venaient les battre. Dans son témoignage, il affirme que le sol de la cellule était à la fin recouvert de leur sang.

Menaces de mort contre des mineurs

Les mineurs ne sont pas en reste. Arrêtés par les mista’arivim, les yeux bandés, les visages cagoulés, ils ont été transférés pendant des heures d’une voiture à l’autre et menacés de mort.

Des violations récurrentes des droits des enfants ont été rapportées, qu’il s’agisse là aussi de violence physique ou psychologique. Ces derniers ont été privés de leurs droits les plus élémentaires, comme la présence d’un avocat, l’utilisation de leur langue maternelle lors des interrogatoires ou l’accompagnement d’un parent, alors que ces droits sont prévus par la loi. La plupart de ces interrogatoires ont été menés à l’aube, et les policiers ont tenté de piéger les enfants afin de leur extorquer des aveux.

Les forces de sécurité ont également fabriqué de fausses preuves contre les manifestants. Après avoir procédé aux arrestations, des agents ramassaient au hasard des pierres, des bouteilles ou des bâtons en prétendant qu’elles étaient entre les mains des personnes interpellées. Ces derniers étaient par ailleurs entassés les uns sur les autres dans des fourgons non aérés. Ceux qui étaient transportés dans des voitures de police ont été battus.

Agressions contre les avocats

La police a œuvré à empêcher le travail des avocats. Ces derniers, bénévoles, étaient là pour représenter les détenus collectivement et rappeler leurs droits, notamment l’accès aux soins. Dans de nombreux cas, la police a chassé les avocats à l’entrée des centres de rétention, afin de les empêcher de connaître le nombre ou les noms des personnes arrêtées. À Nazareth, deux avocats ont été arrêtés. À Om Al-Fahm, le commissariat de police avait fermé ses portes et ne répondait plus aux appels téléphoniques, empêchant la moindre information de filtrer concernant les détenus, et leur interdisant de consulter un avocat. Plus généralement, la police a tenté d’épuiser les avocats pour entraver leur travail, en retardant les interrogatoires jusqu’à l’aube et les obligeant à attendre de longues heures avant de pouvoir conseiller les détenus.

Étant donné le nombre d’arrestations arbitraires, la police a décidé de libérer des détenus sans les faire passer devant un tribunal, mais en leur imposant toutefois des conditions visant à les empêcher de prendre part aux manifestations. Ainsi, certains ont été libérés, mais assignés à résidence des jours durant, tandis que d’autres étaient éloignés de leur lieu de résidence. D’autres encore ont dû s’engager à ne pas prendre part aux manifestations. Or, toutes ces conditions sont illégales et sans aucun fondement juridique. Bien que les détenus libérés aient fait appel de ces décisions, les tribunaux israéliens ont volontairement tardé à rendre leur décision, ne se penchant sur ces cas qu’après la fin des périodes d’assignation à domicile ou d’éloignement.

Une justice à la botte

Pour ceux qui sont passés devant les tribunaux, les procureurs ont à leur tour émis des accusations fallacieuses, évoquant entre autres l’incitation à la haine et prétendant que les manifestants ont appelé à la « mort des juifs », pour faire croire au caractère raciste ou antisémite de la contestation. D’autres chefs d’accusation tout aussi mensongers ont été invoqués, comme l’usage d’explosifs ou les crimes racistes, à grand renfort de lois antiterroristes.

Lors des procès visant à prolonger les périodes de détention, les avocats ont pu constater le rôle central joué par une justice qui obéit à l’appareil politique et qui a fait fi des droits humains les plus élémentaires. Ainsi dans le Néguev, où un avocat témoigne d’un juge invoquant des « ordres venus d’en haut ». Par ailleurs, les juges israéliens ont presque systématiquement ignoré les agressions subies par les détenus, même lorsque les traces de ces violences physiques étaient clairement visibles. Ordonnant le prolongement des détentions, ils ont refusé de prendre en considération toutes les exactions commises par les forces de sécurité, comme le refus de la présence d’un avocat ou la violation des droits des mineurs, en plus de l’humiliation que faisaient subir les procureurs aux avocats des accusés, à l’intérieur même de la salle du procès. De même, les juges n’ont pas reconnu aux détenus leur droit de manifester, pourtant garanti par la loi.

Les magistrats ont insisté pour proposer des marchés aux accusés, bien que ces propositions nient les droits des détenus. En cas de refus, la sentence leur en faisait payer le prix. Cette logique de chantage commence dès le commissariat, où les policiers menacent les avocats de demander une période de prolongation de détention plus importante si jamais ces derniers refusent leurs propositions. Enfin, dans la plupart des cas où le tribunal autorise la libération du détenu, le procureur fait appel, la décision du premier juge est cassée et la période de détention prolongée. A contrario, l’écrasante majorité des appels de la défense ont été refusés.

Il est clair que ces méthodes visent à terroriser la jeunesse palestinienne et à la dissuader de prendre part aux manifestations. L’objectif est de vider la rue en procédant à des arrestations à domicile et à des éloignements, ainsi que de dissuader la population palestinienne de se défendre et de protéger ses maisons, ses biens, ses villages et ses villes. Les équipes d’avocats sont décidés à continuer à représenter tous les détenus palestiniens durant ce soulèvement courageux, et à défendre leur droit de lutter pour la liberté.

Source : Orient XXI - Traduit par Sarra Grira


- Source : Les 7 du Québec

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