COVI-PASS : les dérives possibles de ce genre de passeport santé en cours de développement
Nous vous avions parlé du COVI-PASS, un passeport de santé numérique en cours de déploiement, dans un article du 2 juillet 2020. Nous avons contacté l’entreprise Circle Pass Enterprises Ltd pour en savoir plus.
- Un passeport dépassant initialement le cadre de la santé
A l’époque, ce passeport de santé créé par Circle Pass Enterprises Ltd était présenté comme étant « propulsé par la technologie révolutionnaire et brevetée VCode® et VPlatform® qui a été développée par la firme de cybersécurité britannique plusieurs fois primée, VST Enterprises. » Il était censé pouvoir à la fois afficher les résultats de nos tests COVID-19 téléchargés dessus par des professionnels de la santé, et « stocker n’importe quoi, des détails d’identité, en cas d’informations d’urgence, de dossiers de santé, de méthodes de paiement, de numéros d’immatriculation de voiture, de détails de carte de visite, de liens sur les réseaux sociaux et bien plus encore à partir du même code. » Au moment de l’appel courant juillet, alors qu’Adam Palmer nous a expliqué qu’ils n’étaient qu’une petite entreprise, il était annoncé sur Linkedin qu’ils avaient reçu des commandes pour près de 80 millions de laissez-passer de santé répartis dans plus de 20 pays ». En France ? Oui. Mais dans une clinique seulement à cette époque-là.
Le site de COVI-PASS maintenant
- Les dérives et failles de cet outil
Mais malgré sa sympathie, nous exprimons à Adam Palmer nos craintes quant aux dérives que pourraient initier ceux qui mettront en place cette technologie au sein de leur pays ou établissement. Nous lui nous demandons s’il peut s’assurer que les pays ou entreprises qui feront appel à cette technologie respecteront les libertés fondamentales de leurs citoyens ou employés ainsi que l’intimité de leurs données, que les tests ne sont pas toujours fiables, qu’on peut très bien avoir été négatif deux semaines avant notre départ en avion et avoir contracté la maladie la veille du départ, que ça pourrait donner l’idée d’utiliser un tel système pour d’autres maladies, il nous répond que rien n’est parfait et que chacun fait du mieux qu’il peut face au COVID-19. Qu’il ne peut pas maîtriser les intentions de chaque utilisation de cet outil. Que si cet outil devenait trop liberticide, ça serait aux gens de se rebeller en faisant grève par exemple. Que c’est aux gens d’être responsables et de se faire tester juste avant leur voyage. Qu’il est impossible de hacker les données, car elles sont protégées par un système utilisé par des militaires. Qu’il ne travaille avec des pays non-démocratiques. Qu’il s’investit depuis des années dans des œuvres humanitaires et que ça lui porterait préjudice de faire des affaires avec des pays dictatoriaux comme la Chine par exemple, car les gens qui lui avaient fait confiance jusqu’alors se détourneraient de lui. En tout cas pour lui, les moyens financiers ne doivent pas être un frein au déploiement de la technologie, même dans les pays pauvres.
- COVI-PASS et Bill Gates
Cette philantropie n’est pas sans nous rappeler les méthodes de Bill Gates. Mais Adam est formel : « Nous n’avons aucun partenariat avec la fondation Bill & Melinda Gates » déclare Adam le 4 août sur Linkedn. Si nous n’avons pas eu le temps ni les moyens de pousser l’enquête pour savoir de quels associés l’entreprise est entourée, nous avons appris que d’autres compagnies travaillent sur des passeports de santé numériques. Peut-être beaucoup moins transparentes et enclines à répondre que Circle Pass Enterprises Ltd et prêtes à tout au nom du business. Par exemple, il serait intéressant de savoir avec qui travaille VST ENTERPRISES aujourd’hui.
- Un discours qui se veut rassurant, mais qui peut être terrifiant
Si Adam Palmer se voulait rassurant en disant qu’avec le COVI-PASS, nos données sont inviolables, on peut se demander si ça sera le cas avec d’autres compagnies, et ce qui sera fait de nos libertés si on devait se mettre à présenter un laisser-passer pour pouvoir entrer quelque part. Aujourd’hui, ce genre d’outils sera utilisé officiellement pour éviter la propagation du COVID-19. Et demain ? Faudra-t-il présenter un certificat numérique de vaccination pour être libres de circuler ? Et pourquoi on s’attelle autant à la tâche pour mettre en place de telles technologies, comme s’il était écrit dans le marbre et qu’on voulait nous implanter dès aujourd’hui dans le cerveau que d’autres vagues épidémiques allaient arriver…
- Source : Nexus