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Mercredi, 27 Nov. 2024

Référendum ADP : un million qui pèse lourd

Auteur : Laure Equy, Franck Bouaziz | Editeur : Walt | Mercredi, 13 Nov. 2019 - 21h54

Tout n'est pas perdu, encore quelques mois pour voter.

Lancé en juin, le RIP portant sur la privatisation d’Aéroports de Paris devrait atteindre un nombre à sept chiffres vers la fin de l’année. Si réunir 4,7 millions de signatures semble compliqué, des parlementaires veulent se servir de cette barre symbolique pour faire pression sur le gouvernement.

Un coup de collier avant le million. Cinq mois pile après le lancement de la collecte de signatures de citoyens en faveur d’un référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP), les parlementaires à la manœuvre mettent les bouchées doubles pour franchir ce palier. Avec 924 000 soutiens enregistrés le 6 novembre, le dernier pointage leur a donné du baume au cœur. «C’est énorme», s’est enthousiasmé mardi Olivier Faure. Et ce malgré un «gouvernement qui a tout fait pour que l’information ne circule pas», a pointé le premier secrétaire du PS, qui participait à une conférence de presse au Sénat avec des socialistes, des communistes, des écologistes et des insoumis.

Depuis que les oppositions ont uni leurs forces, de la gauche jusqu’à quelques élus LR, pour enclencher un référendum d’initiative partagée (RIP) contre un article du projet de loi Pacte (sur les entreprises) portant sur la privatisation d’ADP, le gouvernement a fait ce qu’il a pu pour les décourager. Furieux de cet habile coup monté au printemps dans le plus grand secret des deux Chambres, Matignon avait tenté de faire capoter l’initiative approuvée par 248 parlementaires en écrivant au Conseil constitutionnel. Le gouvernement dénonçait un détournement de l’esprit du RIP pour jouer le match retour du débat législatif. En vain. Puis le ministère de l’Intérieur, chargé de collecter les paraphes citoyens, a traîné des pieds avant de recevoir les oppositions pour répondre à leurs questions sur les réglages pratiques de cet exercice encore jamais tenté. C’est ensuite le formulaire, à remplir sur un site multipliant embûches et plantages, qui a concentré les griefs des pro-RIP.

Spots radio

Depuis cinq mois, les ministres et la majorité se font de même très discrets pour éviter que la mayonnaise ne prenne. De quoi agacer les opposants à la privatisation d’ADP qui dénoncent un deux poids-deux mesures. «La campagne pour la privatisation de la Française des jeux a été très bien faite», compare le président du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner, tandis que le sénateur (PS) Rachid Temal rappelle «le budget de communication de 12 millions d’euros pour le grand débat national».

Qu’à cela ne tienne, les initiateurs du RIP comptent intensifier leur campagne avec les moyens du bord. Ils feront diffuser des spots radio sur le réseau France Bleu et France Info, financés par les 248 députés et sénateurs signataires de la proposition de loi à l’origine de la procédure de RIP. Et certains comptent aller, le 19 novembre, à la rencontre des maires qui tiennent leur congrès annuel à Paris. Les parlementaires de droite favorables au RIP - minoritaires dans leur camp - joueront-ils le jeu ? Leur absence à la conférence de presse a été remarquée. «Nous sommes partis rassemblés, nous arriverons rassemblés», assure Eliane Assassi, présidente du groupe CRCE (à majorité communiste) au Sénat, qui en veut pour preuve les réunions, chaque mardi, du collectif avec les élus LR.

Baisser le seuil

Mais la marche est haute jusqu’au référendum et l’objectif des 4,7 millions de signatures (10 % du corps électoral) encore difficilement atteignable dans les quatre mois de campagne restants. Les oppositions espèrent en revanche franchir le million d’ici à la fin de l’année ou début 2020. L’étape revêt une importance symbolique, au-delà du chiffre rond. Fin avril, Macron a souhaité que soient assouplies les règles du RIP, réputé pour avoir été créé dans le but de n’être jamais utilisé. L’idée était, dans une future réforme de la Constitution - aujourd’hui au point mort - de baisser le seuil de signatures citoyennes… à un million. «Le chef de l’Etat considère lui-même qu’à partir d’un million le seuil de crédibilité politique est franchi», plaide le sénateur communiste Pierre Laurent. «Il nous semblerait alors justifié que le Président accepte la mise en œuvre de ce RIP», abonde Assassi. Les parlementaires comptent demander un rendez-vous à l’Elysée.

Soutenir le RIP portant sur la privatisation d’Aéroports de Paris - Référendum d'initiative partagée : ADP

Retrouvez sur Libération.fr le compteur de CheckNews portant sur le nombre de signatures.

Photo d'illustration: Conférence de presse, au Sénat mardi, d’élus opposés à la privatisation d’ADP. Photo Denis Allard pour Libération


- Source : Libération

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