La Grèce devient un trou noir pour ses créanciers
La zone euro prépare un troisième programme d’aide anticrise à la Grèce se chiffrant à plus de 50 milliards d’euros. Selon des sources proches de Bruxelles, le programme pourrait être approuvé à la réunion de l’Eurogroupe dès septembre. Il n’est pas exclu qu’à part de nouvelles injections financières Athènes verra s’effacer partiellement sa dette d’Etat à hauteur de 4 ou 5 %. Les analystes considèrent que sans une nouvelle aide la Grèce ne pourra pas éviter le défaut de paiement.
A défaut d’avoir effacé les dettes d’Athènes, il sera inutile de parler du salut de la Grèce, remarque Ilya Sizov, chef du département de la gestion des actifs et de l’étude des marchés du « Centre boursier de Moscou ».
« Le thème de l’effacement de la dette est dans l’air. La Deutsche Bank elle aussi a évoqué récemment la nécessité d’un nouveau financement. Et de là à l’effacement de la dette il n’ya pas loin. A mon regard, l’économie grecque connaît une situation désastreuse. Elle n’est pas compétitive. Et la présence de la Grèce dans la zone euro l’achève tout simplement. Les dettes ne pourront probablement pas être remboursées, et pour cette raison on ne saurait se passer d’un nouvel effacement de la dette. »
Or le gouvernement du pays espère améliorer la situation cette année et obtenir un surplus du budget. Ainsi, dans le premier semestre de l’année en cours, au lieu d’un déficit de 3 milliards d’euros, il a réussi à obtenir un surplus préliminaire de 2,5 milliards d’euros. Même s’ils sont modestes, des résultats positifs ont été enregistrés, note Vladislav Bélov, en charge de la section des pays et des régions à l’Institut de l’Europe auprès de l’Académie russe des sciences.
« La croissance économique en Grèce n’est envisageable qu’à un moyen terme. De graves problèmes affectent la structure de son économie. Les réformes imposées à la Grèce n’ont pas d’effet à court terme au regard de la croissance économique. En pleine restructuration la croissance économique semble plutôt impossible. De ce fait, il faut regarder non pas de combien chutera le PIB, mais ce que le gouvernement a réalisé dans l’économie de la Grèce pour augmenter sa compétitivité dans des secteurs concrets. »
Le montant préliminaire d’aide de 50 milliards d’euros sera, peut-être, revu à la baisse : la Grèce n’a pas besoin de tant d’argent pour le moment. Or dès à présent de nombreux experts mettent en doute l’efficacité du nouveau programme. A leur avis, Athènes doit quitter la zone euro et assainir indépendamment son économie. Autrement le pays risque de devenir un trou noir pour les créanciers.