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Mercredi, 27 Nov. 2024

Jean-Claude Trichet : la finance contre la démocratie

Auteur : Ambroise de Rancourt | Editeur : Walt | Mardi, 30 Oct. 2018 - 14h57

Jean-Claude Trichet ou la faillite du Cercle de la Raison

Il y a quelque chose de savoureux, mais aussi de passionnant, dans le fait d’entendre l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, défendre son bilan à la tête de cette institution capitale de l’Union européenne, qu’il a dirigée entre 2003 et 2011, après dix ans passés à la tête de la Banque de France. Passionnant, à plusieurs titres : M. Trichet, passé par l’école des Mines de Nancy puis par l’Ecole nationale d’administration, a en effet été aux commandes du navire amiral, lors de la survenue des deux évènements essentiels de l’histoire de la jeune Union économique et monétaire qu’ont été l’instauration de l’euro fiduciaire, au 1er janvier 2002, puis la crise financière mondiale qui a secoué la planète à partir de 2007, mettant en sérieux péril la monnaie unique européenne au cours des années suivantes. Savoureux, parce que la façon dont M. Trichet défend son bilan, se refusant obstinément à reconnaître le début du commencement d’une erreur au cours de son mandat, illustre à merveille cet orgueil si français consistant à brandir ses diplômes d’abord, les objectifs chiffrés qu’on aurait atteints ensuite, pour se dédouaner de toute responsabilité humaine et morale.

L’attitude de M. Trichet rappelle à certains égards cette phrase de l’économiste libéral – à vrai dire, l’une des dernières incarnations de ce que l’on nomme le capitalisme rhénan – Charles Gave : “Comment voulez-vous qu’un haut fonctionnaire se remette en cause, alors que ces gens-là sont premiers de leur classe depuis tout petits ?” Pour caricaturale qu’elle soit, cette idée n’en possède pas moins une certaine part de vérité ; il suffit d’observer la façon dont François Hollande lui-même ou Pierre Moscovici, pour ne citer que deux exemples récents, sont tellement incapables de remettre en cause leur infaillibilité que le premier prépare son retour en politique au mépris de ses échecs et du rejet massif dont il fait l’objet par l’opinion, pendant que le second met en garde l’Europe entière contre la montée d’un fascisme italien soi-disant apparu ex nihilo, sans daigner évoquer l’éventuelle responsabilité des traités, institutions et choix politiques européens dans ce scénario chaotique de réveil populiste. Ces trois personnes ont ceci de commun : elles n’ont, selon elles-mêmes, pas failli une seconde ; ce sont au choix les peuples, l’opinion, ou tout simplement les autres, qui n’ont pas été capables de les comprendre. La belle affaire.

Une banque centrale pourquoi faire ?

S’agissant de M. Trichet, il faut replacer brièvement son mandat dans le contexte de naissance de la BCE, et faire un peu d’économie. Dans les faits, une banque centrale peut être considérée comme la source monétaire ultime : en premier lieu, le niveau auquel elle place ses taux directeurs contribue, parmi d’autres facteurs, à fixer le coût de l’argent, c’est-à-dire le prix que vont devoir payer les banques commerciales pour accéder à ce que l’on appelle de façon courante la “monnaie banque centrale”. Ces banques commerciales sont ensuite chargées d’octroyer des prêts aux entreprises et aux particuliers à des taux qui seront fonction de celui qui aura été fixé par la banque centrale. Plus ce dernier est bas, plus la banque commerciale pourra, à son tour, prêter à un taux faible aux acteurs économiques, contribuant ainsi à l’expansion du crédit. Dans un tel système, si le banquier central constate une inflation dangereuse du crédit, qui peut notamment se manifester par l’apparition de bulles (“bulle internet” dans les années 1990, “bulle immobilière” dans les années 2000), il est censé relever ses taux pour couper court à une situation dont le brutal retournement pourrait avoir de dramatiques conséquences. A l’inverse, s’il craint un assèchement de l’économie du fait de l’impossibilité d’accéder au crédit, il doit baisser ses taux pour permettre à l’argent d’irriguer correctement les différents acteurs : banques commerciales, entreprises, consommateurs.

La crise de 2007-2008 est, à ce titre, exemplaire : bénéficiant des taux directeurs extrêmement faibles de la Fed (banque centrale des États-Unis) pendant les années 2000, les banques commerciales américaines entreprennent de prêter massivement aux ménages américains, y compris peu solvables, n’hésitant pas dans les années précédant la crise à maquiller les profils d’emprunteurs en réalité fragiles, pour pouvoir continuer à les inonder de crédits, notamment immobiliers. Face à cette situation de bulle, en 2006, la Fed relève brutalement son principal taux directeur, qui passe alors de 1% à 5% : des millions d’emprunteurs se révèlent alors incapables de payer des mensualités devenues subitement bien supérieures à ce qui était prévu lors de la souscription de leur crédit, puisque cette augmentation des taux directeurs est répercutée sur les taux de leurs propres emprunts. En effet, aux Etats-Unis, ce sont des crédits à taux variable qui étaient traditionnellement accordés aux ménages fragiles : les désormais célèbres subprimes. Lorsque ces ménages ne peuvent plus payer, s’enclenche un jeu de dominos : les banques leur ayant prêté, puis les diverses institutions financières auxquelles elles avaient revendu les titres de dettes de ces ménages sous formes de produits financiers dérivés subitement dépourvus de toute valeur puisque les titulaires des emprunts ne sont plus solvables, se trouvent alors menacés de faillite si la banque centrale, ou l’Etat, n’interviennent pas, notamment en leur fournissant de l’argent frais.

Jean-Claude Trichet, moine obtus de la stabilité des prix

C’est ici que nous retrouvons Jean-Claude Trichet, qui est placé dès 2008 face à une tâche délicate : piloter un navire à peine sorti du chantier, la zone euro, se trouvant confronté derechef à un ouragan de première catégorie. Et alors qu’outre-Atlantique, la Fed procède immédiatement àneuf baisses de taux, échelonnées entre l’été 2007 et l’automne 2008, ayant immédiatement compris qu’elle faisait face à un assèchement drastique des conditions de crédit, M. Trichet choisit, à rebours de toute logique économique, d’augmenter les taux directeurs de la BCE. Pourquoi une décision aussi absurde en apparence ? La réponse est à la fois dans les traités européens, et dans le logiciel intellectuel présidant aux décisions de Jean-Claude Trichet. En effet, selon l’art.119-2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), le principal mandat de la BCE est de viser à la stabilité des prix. Dans une Europe traumatisée par l’hyperinflation incontrôlable des années 1970, l’inflation a acquis le statut d’ennemi public numéro un ; et si l’on remonte le fil de l’Histoire, elle rappelle également à nos voisins allemands l’apocalypse inflationniste des années 1920, née du recours massif à la planche à billets de la République de Weimar pour payer les gigantesques réparations de guerre décidées lors de la signature du Traité de Versailles. De ces épisodes est née une doctrine, dont l’Allemagne et les Etats-Unis ont été les pionniers : une banque centrale doit être totalement indépendante du pouvoir politique, notamment pour éviter à ce dernier toute tentation de financer des dépenses publiques immodérées, ou de rembourser sa dette, en contraignant son banquier central à imprimer des billets dont la valeur diminuera d’autant, déclenchant des poussées inflationnistes nuisibles à l’ensemble de l’économie. D’où le théorème suivant, installé depuis les années 1990 : la banque centrale doit non seulement être indépendante, mais ajuster ses taux directeurs selon le taux d’inflation souhaité.

En bon petit soldat, M. Trichet a donc décidé de se conformer à l’objectif européen : de la stabilité des prix avant toute chose, au mépris des circonstances. Malgré la crise, qui s’annonçait gigantesque, il a choisi de garder les yeux rivés sur son objectif initial. Il est d’ailleurs tout à fait frappant de constater qu’aucune interview, ou presque, de l’ancien président de la BCE n’échappe à ce rappel, fait par lui-même : sa mission de maintien de la stabilité des prix a été “impeccable” (sic). On lui avait demandé une inflation proche de 2%, et légèrement inférieure ? “L’inflation moyenne au cours de mon mandat a été de 2,03%”, affirme, avec un léger sourire de satisfaction, l’ex-banquier central. Les résultats de cette gestion “impeccable” ne se sont pas fait attendre : en réalité, ils ont aggravé une situation déjà explosive. Dès après le relèvement des taux de la BCE, en juillet 2008, passant de 4% à 4,25% (contre 1% aux Etats-Unis !), l’Irlande entre en récession, suivie par l’Espagne, l’Islande et le Royaume-Uni, dont la croissance se trouve réduite à la portion congrue. Les faillites bancaires se précipitent en Europe. Face à cette situation, en octobre, la BCE diminue son taux directeur, mais de 0,25 point seulement, bien en-deçà de ce qui eût été nécessaire. De la stabilité avant toute chose. Ce n’est que huit mois plus tard, une éternité dans un tel contexte, que M. Trichet estime devoir ramener ce taux à 1%, et seulement en mai 2010, sous la pression de banques commerciales européennes exsangues, qu’il accepte d’autoriser les banques centrales européennes (Banque de France, Bundesbank…) à racheter des dettes publiques des Etats de la zone euro à ces dernières, afin de leur permettre d’accéder à de l’argent frais qui leur permettra de rembourser leurs propres dettes, mais aussi d’accorder des prêts aux acteurs dans une économie déjà menacée par la récession. De la stabilité avant toute chose. On avait demandé à M. Trichet de garantir une inflation voisine des 2% ? Il va s’y employer. C’est un fabuleux exemple de primat de la carte sur le territoire : l’individu se conformant aux religieuses prescriptions du traité sacré, préférant la satisfaction primaire procurée par le fait de cocher les cases du formulaire à un exercice sain et salutaire de son sens de l’observation, sinon de son esprit critique.

Se tromper, se tromper et encore se tromper

Plus grave encore, la crise financière, en Europe, s’est doublée dès novembre 2009 d’une crise des dettes publiques amorcée avec l’annonce par Georges Papandréou, nouveau chef du gouvernement grec, d’un déficit public de près de 13%, soit le double du chiffre officiel. A cela s’ajoutait la découverte d’un maquillage constant des déficits publics par l’Etat grec depuis la fin des années 1990, avec la bienveillante collaboration de Goldman Sachs qui quittait le navire en 2005 après avoir empoché, au passage, la coquette somme de 5,1 milliards d’euros pour services rendus. Le but de la manœuvre grecque ? Satisfaire aux saints critères posés par le Pacte de stabilité et de croissance, comportant la fameuse règle des 3%, une règle dont le respect était censé permettre à la Grèce d’être admise au sein de la zone euro. Et ce malgré de sévères inquiétudes, pudiquement évacuées à l’époque au nom de la nécessité d’un élargissement rapide de l’Union économique et monétaire, sur la capacité de son économie à supporter une brutale réévaluation de sa monnaie. M. Trichet s’est alors mué en une impitoyable courroie de transmission des désirs des pays d’Europe du Nord, au premier rang desquels l’Allemagne : il fallait punir la Grèce. Timothy Geithner, secrétaire du Trésor américain de 2009 à 2013, a relaté dans un ouvrage assassin (Stress Test, 2015) l’obstination du président de la BCE à maintenir une logique punitive, assise sur des motifs purement moraux – quitte à toucher du doigt l’absurdité économique. En effet, en maintenant la tête du gouvernement grec sous l’eau (“ils voulaient leur distribuer des coups de batte de baseball”, selon le mot de Geithner), l’UE envoyait en réalité un signal très négatif aux marchés, à savoir que tout ne serait pas fait pour sauver la zone euro. Pour les investisseurs, les conséquences étaient limpides : il leur faudrait à tout prix éviter de prêter le moindre sou aux Etats européens en difficulté, puisque l’Union elle-même laissait entendre qu’elle préférait laisser s’enchaîner les défauts de paiement publics plutôt que de contribuer à leur sauvetage. Qui voudrait prêter à une entreprise dont les garants annoncent à grand cris qu’ils refuseront d’assumer ses pertes ? Cette attitude revenait tout simplement à priver les Etats moribonds d’accès aux marchés financiers. Il faudra le remplacement de Jean-Claude Trichet, en novembre 2011, par Mario Draghi, pour que l’avenir de la zone euro soit officiellement garanti par le nouveau président de la BCE en juillet 2012, par une formule devenue célèbre (“nous sauverons l’euro, quel que soit le prix à payer”). Mais jusqu’aux dernières secondes de son mandat, M. Trichet n’aura reconnu aucune erreur de jugement : sa gestion, a-t-il répété, passablement en colère lors de l’une de ses dernières conférences de presse en septembre 2011, a été “impeccable”. Le fait que sa politique, caractérisée par un formidable mélange d’inertie et de dogmatisme, ait été jugée contre-productive par des personnalités aussi respectées que Timothy Geithner ou l’économiste Paul Krugman, qui avait brillamment prédit dès 1993 les dysfonctionnements à venir de la zone euro, ne semble pas avoir atteint M. Trichet. Le fait d’avoir accompagné, à la tête de la BCE, la mise en oeuvre d’une politique punitive vis-à-vis de la Grèce au mépris de l’intérêt économique plus large de la zone euro ne semble pas hanter l’ancien inspecteur des finances.

Quand Monsieur Homais donne des leçons

Dans une récente intervention médiatique, Jean-Claude Trichet s’est même offert un réquisitoire en règle contre le budget présenté par le gouvernement italien et refusé, comme on sait, par la Commission : selon lui, le gouvernement italien “joue avec le feu”. Interrogé par David Jacquot, journaliste peu enclin à lancer des appels à la collectivisation des moyens de production, sur le “mandat souverain” donné au gouvernement italien par le peuple, M. Trichet se fait même narquois. “Qu’est-ce que vous voulez dire par “mandat souverain” ? (Le journaliste : ils ont été élus !).Mais vous savez, ce gouvernement a aussi été élu pour gérer au mieux son propre pays, et pour donner le meilleur pour son propre peuple”. En bon français, les décisions populaires pèsent peu de chose face à la “crédibilité de la signature” d’un pays. Comme si, en déconnectant les banques centrales de l’autorité politique au cours des dernières décennies pour les raisons évoquées plus haut, les prédécesseurs intellectuels des gouvernants européens actuels, parmi lesquels M. Trichet, n’avaient pas été capables d’imaginer que les Etats souverains allaient de facto se trouver placés dans une situation de dépendance absolue vis-à-vis de marchés financiers devenus leurs prêteurs hégémoniques, ces derniers modulant les taux auxquels ils acceptent de leur accorder des prêts en fonction du jugement qu’ils portent sur leurs politiques publiques, hors de toute légitimité démocratique.

Ainsi, imaginons un Etat européen endetté, comme la France ou l’Italie, décidant aujourd’hui de lancer un plan massif de transition énergétique, financé par de la dette, mais amorti à échéance de dix ans par une réduction drastique de ses importations d’hydrocarbures : le budget de cet Etat sera immanquablement rejeté par la Commission, au nom des différents traités européens (PSC, mais aussi TSCG de 2011) ; le taux auquel cet Etat emprunte chaque jour explosera – celui de l’emprunt italien à 10 ans a doublé au cours de ces six derniers mois, pour atteindre aujourd’hui 3,4% ! – et sa dette, mécaniquement, sera condamnée à augmenter par un effet “boule de neige”. Car les intérêts des prêteurs ne sont pas ceux des gouvernants : ils cherchent des rendements immédiats et des garanties de remboursement, là où l’Etat est censé rechercher la réalisation de l’intérêt général à long terme, quitte à alourdir momentanément la dette publique – faut-il rappeler que la dette de l’Etat français a augmenté de 50% en dix ans, notamment du fait de l’explosion des dépenses sociales entraînée par l’incurie du monde financier ayant provoqué la crise de 2008 ? Or, les “marchés” font et défont les rois : ce sont leurs critères, leurs exigences, leurs objectifs de rendement qui dictent leur conduite à des Etats qui, sans la confiance des marchés, ne peuvent plus aujourd’hui fonctionner. Quelle ironie, lorsqu’on sait que ce sont les Etats qui financent les conséquences des banqueroutes mais également qui assurent, via les titres de dettes qu’ils émettent, la présence d’actifs financiers solides et prisés par les investisseurs. La boucle est bouclée.

Dans ce gigantesque jeu de dupes, où les marchés sont juge et partie, les perdants sont tout désignés : ce sont les Etats et les peuples. Les marchés ont besoin des Etats pour garantir leur fonctionnement ; ils ont besoin des titres de dette publique pour disposer d’actifs sûrs qui leur servent de valeurs-refuges et alimentent fonds de pensions et assurances-vie, recherchant des placements stables ; ils ont besoin de l’intervention publique pour prendre leurs pertes en cas de malheur, mais aussi pour indemniser les dizaines de millions de chômeurs dont chaque crise financière accouche (une simple observation des vagues d’augmentation des déficits publics suivant chaque crise financière, depuis trente ans, permet de s’en convaincre). Mais ils n’ont de cesse, malgré cela, d’appeler les Etats, en modulant les taux auxquels ils acceptent de les financer selon l’appréciation qu’ils font de leurs politiques publiques, à ignorer les choix populaires, choix qui ont la fâcheuse habitude de répondre à des besoins socio-économiques qui ne sont absolument pas les leurs. Et au sein de ce jeu, les Pierre Moscovici, les Jean-Claude Trichet – ou Juncker, les Emmanuel Macron, ont choisi leur camp en même temps qu’ils ont désigné leur ennemi : le suffrage universel, et les institutions démocratiques qui l’accompagnent. Cette vassalisation des Etats et des décisions souveraines par les intérêts économiques, bien loin de constituer un phénomène neuf, n’en a pas moins pris une dimension extrêmement préoccupante depuis trois décennies, qui voit aujourd’hui les chefs d’Etats eux-mêmes reprendre les éléments de langage de la sphère financière.

Perseverare diabolicum

En définitive, et c’est en cela que la façon dont Jean-Claude Trichet balaie l’idée même de la légitimité du peuple italien est si frappante, la question n’est sans doute pas de savoir si l’on aime ou pas ce gouvernement italien, si l’on approuve son programme : la question, comme l’a rappelé cette semaine Jean-Luc Mélenchon dans un élan de lucidité en appelant à soutenir la position italienne face à la Commission, est plutôt de savoir si les choix populaires doivent continuer à primer sur la cupidité. Sans doute faudra-t-il attendre la prochaine crise financière, une crise que des montagnes de dettes d’une ampleur largement supérieure à celles de 2008 nous préparent en ce moment même, pour espérer voir le politique choisir clairement le camp de l’intérêt public, un intérêt dont la défense commande parfois de couper court à des exigences financières incapables de se projeter au-delà d’un horizon temporel désespérément court. Alors, on peut rêver, peut-être quelques décideurs du cercle de la raison se laisseront-ils aller, et avec eux M. Trichet, à reconnaître qu’ils se sont constamment trompés au cours des trois dernières décennies, en chérissant amoureusement les causes financières dont ils déplorent si bruyamment les effets dans les urnes.


- Source : Vu du Droit

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