22,1 milliards d’euros pour Bernard Arnault et 14 euros de plus pour ses salariés…
La fortune de Monsieur Arnault
58 milliards d’euros. C’est un volume de richesses supérieur au produit intérieur brut (PIB) du Luxembourg ou du Guatemala. C’est le montant estimé de la fortune personnelle de Bernard Arnault. Le PDG de LVMH a bâti sa fortune en acquérant des grandes marques du luxe : Louis Vuitton, Céline, Dior, Guerlain, Givenchy ou encore les champagnes Dom Pérignon et Veuve Clicquot. Aujourd’hui, sa fortune est supérieure au chiffre d’affaire réalisé par LVMH en 2017 – 42,6 milliards d’euros, pour un résultat net de 5,1 milliards.
Une affaire de famille
Après l’OPA menée en 2017, le groupe familial Arnault détient 94,22% du capital de la holding Christian Dior SE, qui contrôle LVMH. Toujours en 2017, le groupe a versé 2,5 milliards de dividendes à ses actionnaires, dont près d’un milliard destiné directement à la famille Arnault. Pour leurs fonctions d’administration au sein du groupe, Delphine Arnault et Antoine Arnault ont chacun reçu plus d’un million d’euros de rémunération.
Chez les Arnault, la richesse se partage donc en famille. Et les salariés, ils en profitent aussi ? Pas exactement.
Dans le cadre des plans d’épargne d’entreprise, les salariés détiennent moins de 0,1 % du capital de LVMH. Ce qui fait moins de deux millions d’euros de dividendes à se partager entre les 145 000 « collaborateurs ». Soit environ 14 euros par personne sur les 2,5 milliards de dividendes versés aux actionnaires.
Ecarts de salaires
Qu’en est-il des salaires ? En tant que PDG, Bernard Arnault a perçu en 2016 une rémunération de 11 millions d’euros. Deux ans plus tôt, l’ONG Clean clothes campaign avait réalisé une enquête dans les ateliers de confection de la mode de luxe dans la région italienne de la Vénétie. Louis Vuitton y a un atelier de fabrication de chaussures. Les enquêteurs en ont conclu que les salaires des ouvriers et ouvrières oscillaient entre 1000 et 1200 euros par mois.
La même année, en 2014, les salariés des Ateliers d’Armançon, important sous-traitant de la maroquinerie de luxe situé en Bourgogne, avaient mené une grève pour obtenir une augmentation des salaires. En 2018, les salaires proposés sont toujours de 9,88 bruts de l’heure, pas un euro de plus que le Smic horaire. Les sacs en cuirs Hermès et Vuitton qui sortent de ces ateliers sont vendus des dizaines, parfois des centaines de milliers d’euros.
Les salariés, après 30 ans d’ancienneté, perçoivent 2000 euros nets par mois. Lorsqu’ils négocient leur salaires, ils s’entendent répondre que « C’est déjà beaucoup », témoigne une employée d’une des marques de LVMH. Bernard Arnault, lui, a augmenté sa propre rémunération d’1,5 million d’euros en quatre ans. Sa seule fortune personnelle pourrait couvrir l’équivalent de 10 années de salaire et de cotisations pour les 145 247 employés et intérimaires travaillant pour LVMH.
Ne pas en perdre une goutte
La famille Arnault n’est pas la seule à profiter du succès du luxe français. Kering est, après LVMH, la deuxième entreprise mondiale dans ce secteur. Elle détient des marques comme Gucci, Yves Saint Laurent, Boucheron, Alexander McQueen et Puma. En 2017, 580 millions d’euros de dividendes ont été versés à ses actionnaires, dont 232 millions sont allés à la holding Artémis-Financière Pinault.
François Pinault, avec ses 20 milliards d’euros, est la 7ème plus grosse fortune française. Son groupe a exfiltré 2,5 milliards d’euros d’impôts depuis 2002, selon Mediapart. Le site d’information précise que cet impôt non-payé grâce à des filiales basées en Hollande, au Luxembourg et en Suisse l’a été « pour l’essentiel au préjudice de l’Italie, mais aussi de la France et du Royaume-Uni ».
Cette année, Bernard Arnault a été couronné 4ème homme le plus riche de la planète par le magazine Forbes. Avec François Pinault, il est le milliardaire qui s’est le plus enrichi depuis janvier, et le plus vite. La chaîne économique Bloomberg indique qu’ils ont ajouté 22,3 milliards d’euros à leur fortune.
Photo d'illustration : GEORGES GOBET / AFP
- Source : La Relève et La Peste