Que sait-on du Petro, nouvelle monnaie virtuelle du Venezuela?
Le Président vénézuélien Nicolas Maduro a récemment annoncé la création du Petro, cryptomonnaie basée sur les réserves de pétrole du pays. Interviewés par Sputnik, les experts ont des avis divergents sur les perspectives de cette initiative. Les uns doutent de son succès, d’autres en espèrent une certaine indépendance financière du pays.
Le Venezuela aura toujours les produits sur lesquels repose le Pétro, ce qui lui donnerait cette indépendance financière que le bolivar ne lui a pas procurée car il dépend du dollar, a notamment estimé dans un entretien accordé à Sputnik l’économiste Tony Boza, animateur d’un programme à la chaîne de télévision d’État.
«Le Petro reçoit un actif non matériel qui sera garanti par le pétrole, l’or et les diamants», a indiqué l’interlocuteur de l’agence.
En effet, selon des spécialistes, les immenses réserves pétrolières — les plus importantes de la planète — et gazières du Venezuela, ainsi que ses gisements d’or et de diamants, sont des garanties plus que suffisantes pour la création du Petro.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Henkel Garcia, directeur d’une agence d’analyse économique, a estimé pour sa part que l’idée du Pétro, telle qu’elle avait été exposée par le gouvernement vénézuélien, était «plutôt contradictoire et confuse».
«On ne comprend toujours pas quel sera le rôle de l’État et de la Banque centrale», a-t-il expliqué.
Caracas espère que cette nouvelle monnaie virtuelle permettra d’avancer vers de nouvelles formes de financement international et de contourner les sanctions des États-Unis, qui interdisent à leurs citoyens et entreprises d’acheter des obligations du Venezuela et de son groupe pétrolier d’État PDVSA.
Les experts constatent que cette initiative survient sans doute au pire moment pour le Venezuela, ruiné par la chute des cours du brut et cherchant à renégocier sa dette extérieure, estimée autour de 150 milliards de dollars. Qui plus est, l’hyperinflation y est attendue à plus de 2.300% en 2018.
Dans le même temps, le ministre vénézuélien des Télécommunications et de l’Information Jorge Rodriguez souligne que le Petro permettra «l’échange» d’argent et de biens «sans la médiation d’aucune institution financière».
Somme toute, nombre de spécialistes sont sceptiques, soulignant que les profonds déséquilibres économiques du pays minent toute confiance dans le Petro qui, pour être implanté, devrait s’accompagner d’un plan de réformes. Ils rappellent que le bolivar est également soutenu par les réserves pétrolières mais il n’a aucune force aujourd’hui.
Quoi qu’il en soit, tous sont unanimes pour reconnaître qu’il est difficile pour le moment de dire quel serait le cours du Petro. Les optimistes font cependant remarquer que toutes les monnaies virtuelles ont connu «des hausses et des baisses, mais une seule tendance», la montée.
- Source : Sputnik (Russie)