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"Le dollar s’effondrera en 2014": Entretien avec Alexandre Aïvazov

Auteur : Hugo Natowicz via Agence de Presse Russe | Editeur : Stanislas | Mercredi, 24 Juill. 2013 - 18h25

Bonjour M. Aïvazov ! Pourriez-vous brièvement exposer aux lecteurs votre méthode d’analyse de la situation économique et financière ? Sur quelles théories se fonde-t-elle ?

L’épine dorsale du Système périodique du développement capitaliste mondial du milieu du XVIIIe siècle à la moitié du XXIe siècle que j’ai élaboré est constituée par la théorie des grands cycles de Kondratiev, la théorie du développement par l’innovation de Schumpeter, et par la théorie du chaos de Prigogine.

Dans mon Système, j’ai réussi à intégrer en un seul et même ensemble des cycles différents, les cycles courts de Kitchin (3-5 ans) et de Juglar (8-11 ans), les cycles moyens de Kouznetsov (20-25 ans), avec les cycles longs de Kondratiev (40-60 ans), les cycles de formation des structures technologiques (ST) de Glaziev, M. Hirooka et K. Peres et les cycles séculaires d’Arrighi, Pantine et Badalyan et Krivorotov. Il s’est avéré non seulement que tous ces cycles sont connectés, mais qu’ils se complètent et se conditionnent mutuellement. En outre, je m’appuie dans mes recherches sur des classiques de la pensée économique, comme Adam Smith, Karl Marx, Keynes et bien d’autres.

Quelles grandes tendances se dégagent de cette approche ?

J’ai remarqué une chose intéressante : depuis les XVIIe-XVIIIe siècles, deux conceptions majeures du développement s’affrontent. La première a été initiée par les physiocrates français dans la formule « laissez faire, laissez passer », appelant à la liberté d’entreprise, et rejetant l’implication du gouvernement dans la vie économique de la société. Plus tard, cela a donné la « main invisible du marché » d’Adam Smith, la loi de Say, etc., jusqu’au néolibéralisme moderne.

L’autre conception, formulée dans la théorie du mercantilisme, non seulement autorisait, mais exigeait l’intervention du gouvernement dans la vie économique, d’abord sous forme de protectionnisme (protection du capital national contre la concurrence étrangère), puis de participation directe de l’État dans la vie économique par redistribution des ressources financières à travers le budget de l’État, et en régulant l’ensemble de la vie économique, conformément à la théorie de Keynes.

Ces deux paradigmes se succèdent lors de la transition entre les phases montante et descendante de chaque grand cycle de Kondratiev. Le néolibéralisme a détrôné dans les années 1980 le modèle de développement keynésien, et le néolibéralisme sera à son tour remplacé durant la décennie actuelle par le post-keynésianisme, fondé sur la participation déterminante de l’État dans la vie économique de la société, jusque dans la planification, comme au Japon ou en Chine.

Dans quelle mesure les actions des gouvernements et des Banques centrales peuvent influer sur l’économie mondiale si celle-ci est déterminée par des cycles ?

Tout dépend des cycles dont on parle. Si vous parlez des petits cycles de Kitchin, l’injection massive de liquidités dans l’économie et les programmes étatiques de stimulation de la demande (prime à la casse, etc.) ont permis dès la fin 2009 de surmonter la crise de ce cycle. Dans ce cas, les gouvernements et les banques centrales ont joué un rôle décisif.

Mais ce cycle dure 3 à 5 ans, et en 2012-2013, les économies occidentales sont de nouveau entrées dans la phase descendante de ce cycle, et les gouvernements et les banques centrales sont depuis à court d’idées. Dans le cadre des cycles de Juglar, l’économie occidentale n’est jamais sortie de la crise depuis 2008, comme le montre le chômage élevé, la faible utilisation des capacités de production, le renouvellement larvé du capital fixe. Si l’on observe les cycles moyens de Kouznetsov, là aussi les économies développées restent dans un état de dépression : la demande de logement est faible, les prix sont encore bas par rapport à la période d’avant-crise, la construction est en berne.

Concernant les cycles de Kondratiev, la transition de la phase descendante à la phase montante suivante, étape à laquelle nous nous trouvons, est le terreau de formation des innovations de base de la « VIe structure technique » : nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information, énergie alternative, ingénierie génétique, qui ne seront pas opérationnelles avant 2020.

En contexte de crise, l’Occident adopte-t-il les bonnes décisions compte tenu des cycles ?

Concernant la marge de manœuvre des États pour influer sur l’économie en contexte de changement de cycle, celle-ci est très mince. Les gouvernements ne peuvent qu’atténuer ou intensifier des processus revêtant un caractère objectif, mais les crises provoquent une inflexion des politiques menées, il est vrai pas toujours dans le bon sens.

Pour mémoire : la transition du IIIe au IVe cycle de Kondratiev a porté Roosevelt au pouvoir aux USA, et Hitler en Allemagne. La transition du IVe au Ve cycle dans les années 1979-80 a porté Thatcher au pouvoir en Grande-Bretagne et Reagan aux États-Unis, qui ont totalement modifié la politique économique menée avant eux.

Le problème est qu’en phase descendante des cycles, les gouvernements mènent généralement une politique « pro-crise » qui ne fait qu’aggraver la situation. C’est ce qui se passe actuellement en Europe et aux USA.

La crise de l’euro a repris de plus belle après une accalmie, notamment en raison de la dette de pays comme le Portugal. L’euro pourra-t-il surmonter cette crise ?

L’euro survivra, mais l’Europe aura besoin d’une intervention chirurgicale. Certains pays devront être exclus de la zone euro, les autres traverseront des années difficiles. Mais je suis convaincu qu’après cette intervention, ce bloc n’en sera que plus fort. Bien sûr, il fallait tout de suite faire une « ablation » de la tumeur, et ils ont décidé de réaliser une « chimiothérapie » (émission de crédit). On ne note pas d’amélioration pour le moment, la maladie a été mise en veilleuse pour un temps.

En outre, l’UE traverse une crise de croissance, une monnaie commune existe mais il n’y a pas d’union budgétaire et fiscale. Il aurait fallu introduire avec l’euro des règles communes en matière d’impôts et de dépense des budgets publics. Le problème est que la zone euro a été formée lors de la phase montante du cycle de Kondratiev, alors que l’économie était florissante. Dès qu’on est passé en phase baissière, les problèmes sont apparus de plus belle. Il faut les résoudre, pas les remettre à plus tard.

Quand l’économie sortira-t-elle de la crise actuelle, qui a débuté en 2008 avec l’éclatement de la bulle des « subprimes » ?

L’économie se récupèrera, mais cela n’arrivera pas avant 2019-2020. Il faut bien comprendre la nature de la crise actuelle. Le fait est que depuis la révolution néolibérale des années 1980, quand Thatcher et Reagan ont brutalement réduit les impôts sur les riches, étranglé leurs syndicats et créé les conditions pour la baisse des salaires des travailleurs, le monde a brusquement mis le cap sur la sphère financière, les riches n’investissant plus dans la consommation, mais dans les spéculations financières.

Regardez, actuellement, même les grandes corporations obtiennent jusqu’à la moitié de leur chiffre d’affaires non pas en produisant des biens, mais par le biais de spéculations sur les marchés, alors qu’il y a 30 ans ce chiffre était de 15 %. Dans le même temps, le salaire réel aux États-Unis, si l’on déduit l’inflation, est resté au niveau de 1968.

Une question s’impose : à quoi était due la hausse du niveau de vie de l’Américain lambda avant la crise ? La réponse est simple : au crédit. Les ménages, les villes et les autorités régionales vivent à crédit, tout comme les gouvernements des États. L’ensemble du monde occidental vit à crédit : cela signifie qu’il ne vit pas en conformité avec ses revenus, aux dépens d’autres pays qui ne consomment pas autant qu’ils le pourraient, et n’empruntent pas.

Va-t-on assister à un rééquilibrage violent ?

Oui, le temps du rééquilibrage est venu. En Europe, personne n’est prêt à accepter une réduction violente de son niveau de vie, et il le faudra pourtant, de 25-30 % au moins. Seule la crise le pourra, ce n’est qu’au terme de cette dernière qu’arrivera une restauration de l’équilibre mondial, gravement malmené depuis 30 ans.

De nombreux médias financés par l’oligarchie financière mettent l’accent sur des pays secondaires, comme la Grèce ou le Portugal, mais ce qui arrive aux États-Unis est bien pire. Il n’y a qu’une seule différence entre Washington et Athènes : le premier peut imprimer de l’argent, le second pas. Les Américains comme les Grecs vivent au-dessus de leurs moyens, créant moins de biens qu’ils n’en consomment, mais les premiers compensent la différence avec des « morceaux de papier vert » sans valeur, tout comme les colonisateurs de jadis achetaient de vraies ressources avec des morceaux de verre. Le monde entier accepte ces « morceaux de verre » pour fournir des biens véritables. Toute violation de l’équilibre mènera tôt ou tard à une crise, vouée à restaurer l’ordre violé.

Les USA impriment tous les mois 85 milliards de dollars. Les marchés sont suspendus aux annonces de la FED sur la poursuite ou l’arrêt du programme d’« assouplissement quantitatif ». Le pays peut-il arrêter d’imprimer du dollar ?

Les marchés financiers se comportent comme des toxicomanes de longue date : tout rappel du fait que le toxicomane peut ne pas recevoir sa nouvelle dose le rend hystérique. C’est pareil avec les États-Unis pour l’impression de dollar, qui est leur drogue. Un toxicomane peut-il vivre une vie longue et heureuse ? La réponse à cette question aide à comprendre ce qui attend les États-Unis ces prochaines années.

Ce n’est pas un hasard si Ben Bernanke quitte son poste en janvier 2014, alors qu’il pourrait rester pour un nouveau mandat. Il ne veut pas être le bouc émissaire de la politique qu’il a menée, il veut sauter d’un train qui roule vers l’abîme, il comprend les conséquences de sa politique.

Quelle est l’étape suivante pour les États-Unis ?

Le dollar pourrait résister s’il ne jouait pas le rôle de monnaie mondiale. Ce qui sape le dollar, c’est qu’il supporte le fardeau d’un gigantesque volume d’obligations du monde entier. Personne ne peut le sauver. Les USA vivront des temps très durs, similaires à la Grande Dépression.

Mais les Américains ont prévu une issue de sortie. Le plus probable est qu’ils feront défaut sur leur dette, se renfermeront sur le NAFTA (qui intègrera la Grande-Bretagne), mettront en place une nouvelle devise, l’Amero, sur lequel un accord a été trouvé avec le Canada et le Mexique dès 2007, puis ils panseront leurs plaies.

Le potentiel économique des USA est très important : ils ont des ressources, ils n’auront pas trop de mal à reconstituer leur potentiel de production, ils ont du personnel qualifié, leur niveau d’innovation est le plus élevé au monde, ils sont leaders dans l’assimilation de la structure technique du VIe cycle de Kondratiev.

Il est vrai, on assistera à l’effondrement des liens technologiques et productifs liés à l’Europe, l’Asie et l’Amérique latine, les marchés financiers américains dégringoleront, leurs obligations redeviendront de simples bouts de papiers, les retraites de millions d’Américains seront dépréciées, le niveau de consommation et de vie des États-Unis va chuter, et toutes les bases militaires américaines à l’étranger seront fermées. Mais les USA surmonteront ces temps difficiles et après 2020 ils commenceront à rapidement redynamiser leur économie. Toutefois, ils ne seront plus l’unique leader de l’économie mondiale. Ils ne seront qu’un leader régional parmi d’autres.

Je n’envie pas ceux qui détiendront des dollars ou des obligations du trésor américain, mais personne ne forcera les États-Unis à rembourser leur dette par la force, car ils ont l’armée la plus puissante du monde.

Va-t-on faire face à de l’hyperinflation ?

La politique américaine ne peut pas causer d’hyperinflation tant que le dollar joue le rôle de devise mondiale, car l’émission de cette monnaie est « disséminée » en une fine couche sur l’ensemble de l’économie mondiale. Les États-Unis diffusent leur inflation à l’ensemble du monde, en premier lieu aux pays émergents, qui ont une inflation d’au moins 5 %, même si grâce à divers artifices techniques ils parviennent à jeter de la poudre aux yeux du monde entier.

En outre, une grande partie des dollars est absorbée par les marchés financiers, où ils viennent gonfler différentes bulles. La spéculation massive se produit précisément sur la base de cette masse monétaire excédentaire. C’est pourquoi les acteurs des marchés réclament la poursuite de l’assouplissement quantitatif. Mais prochainement, les marchés vont s’effondrer comme un château de cartes. C’est inévitable.

L’once d’or a chuté à 1 200 dollars. De nombreux experts ont déclaré, dans le sillage de Paul Krugman, que c’était la fin de la « bulle de l’or ». Que pensez-vous de cette analyse ?

Il faut immédiatement préciser de quel or nous parlons. Si nous parlons de l’or physique réel, qui depuis 5 000 ans sert d’équivalent universel, la demande pour ce dernier a fortement augmenté dernièrement. Les banques centrales et les particuliers ont nettement augmenté l’achat d’or physique. Mais sur les marchés des métaux, où l’on échange de l’or virtuel, c’est-à-dire des contrats à terme sur l’or, on a observé une brusque chute des prix sur cet or virtuel. 95 % du marché de l’or mondial, ce sont des contrats à terme sur les bourses, seuls 5 % étant constitué d’or physique.

L’or est un étalon de mesure de valeur, un équivalent universel. Un mètre ou un kilo peuvent-ils perdre en dimension ou en poids ? C’est pareil pour l’or, c’est un étalon de mesure sans lequel les indicateurs économiques seraient appréciés comme dans un miroir déformant. Théoriquement parlant, nous inversons tout quand nous disons qu’une once d’or vaut 1 200 dollars, il faudrait dire qu’un dollar côte 1/1 200e d’once d’or. En réalité ce n’est pas l’or qui monte ou descend en valeur, c’est le pouvoir d’achat du dollar par rapport à l’or qui monte ou baisse.

Pourquoi le dollar américain a-t-il commencé à jouer après la guerre le rôle de devise mondiale ? Parce que le dollar était « aussi bon que l’or », il était adossé à 70 % à l’or. En 1971, il a fallu déconnecter le dollar de l’or et laisser le métal jaune « flotter librement » par rapport aux autres devises et biens. Mais l’or reste l’étalon de valeur. Dès que des crises et des bouleversements se font sentir sur les marchés, beaucoup accourent vers le « havre de paix de l’or ».

Actuellement, certains acteurs du marché des « futures » ont intérêt à faire baisser le prix de l’or, certainement en vue de l’achat massif de métal bon marché avant sa hausse en flèche. Ils l’ont fait baisser au maximum pour pouvoir gagner à l’avenir des sommes énormes, car dès août-septembre, la question du plafond de la dette US se reposera, avec la possibilité d’un défaut technique. Et pendant qu’Obama bataillera avec le Congrès, les prix de l’or vont à nouveau percer tous les maximums historiques (des pics de 2 500-3 000 USD l’once sont tout à fait plausibles). Cela devrait se produire au cours de cette année.

Le cours de l’or a été multiplié par 7 depuis 2001, et ces derniers mois, il a été divisé par 1,5. Difficile de parler de fin de la « bulle de l’or », quand ce métal reste 4,5 fois plus cher qu’il y a douze ans !

Vous prévoyez le krach du dollar pour 2014. Les événements actuels confortent-ils cette opinion ?

Le krach du dollar peut arriver à n’importe quel moment, car toutes les conditions sont réunies. Certes, le gouvernement américain et la FED ont une réserve de solidité leur permettant de reculer l’échéance en menant une politique raisonnable (ce dont je doute fort). Mais le krach est inévitable. Selon mes estimations, cela aura lieu en 2014, dans le meilleur des cas en 2015, mais pas plus tard.

Comme l’écrit Boulgakov dans Le Maître et Marguerite : « Annouchka a déjà renversé l’huile » (qui provoquera la mort d’un personnage, Berlioz, ndlr). Des événements X ou Y ne peuvent qu’accélérer ou légèrement reculer les processus en cours, mais pas les arrêter, tout comme nous ne pouvons pas éviter la mort. Le processus naturel de vieillissement du modèle capitaliste américain mène inexorablement à la mort de ce modèle, et la crise permettra de reconstruire l’économie conformément aux nouvelles exigences mondiales.

Face aux bouleversements qui les attendent, que peuvent faire les gens pour protéger leurs économies ?

Le « gourou » des marchés spéculatifs Jim Rogers (un ancien proche de Soros), que je respecte beaucoup, émet depuis longtemps les mêmes mises en garde que moi. Il conseille pour conserver ses économies de les placer dans l’or ou dans les denrées, mais aucun cas dans des actions, des obligations, ou des titres de dette. Tout ceci sera fortement dévalué pendant la crise, et les valeurs stables telles que l’or se maintiendront. Les gens auront en outre toujours besoin de manger.

Il est curieux de constater que le spéculateur Jim Rogers conseille aux traders et experts financiers de fuir Wall Street à toutes jambes : en novembre 2010, il a appelé les étudiants à renoncer à faire carrière à Wall Street ou à la City, car ces prochaines années, vivre à la ferme rapportera plus que Wall Street. Il a en outre confirmé la théorie de Braudel et Arrighi : « Si vous étiez intelligent en 1807 vous auriez déménagé à Londres, si vous l’étiez en 1907 vous seriez parti à New York, et si vous êtes malin en 2007, déménagez en Asie. »

La guerre peut-elle résoudre les problèmes de dette de l’Occident ?

L’histoire montre de manière convaincante que les leaders mondiaux de différentes époques ont cherché à résoudre leurs problèmes au moyen de la guerre. Napoléon a cherché grâce aux guerres à unifier l’Europe continentale contre la Grande-Bretagne et ainsi à résoudre les problèmes économiques de la France, en faisant du pays le leader du cycle hollandais d’accumulation du capital. Mais il a perdu et cédé la palme du leadership à la Grande-Bretagne, qui cent ans plus tard a elle aussi cherché à assurer sa position en déclenchant la Première Guerre mondiale.

À la différence de Napoléon, le pays a gagné la guerre, mais il est devenu débiteur net, et a cédé le leadership mondial aux États-Unis. Ces derniers cherchent, cent ans plus tard, à déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient, près des frontières de leurs concurrents potentiels : Chine, Russie et Inde. Mais ils ne font qu’aggraver leur situation économique et plongent le pays dans la crise. Il faut étudier les leçons de l’histoire pour ne pas tomber sans cesse dans les mêmes pièges. Et ne pas chercher de solution simple à des problèmes complexes. Elles n’existent pas !

À quoi ressemblera le monde d’après-crise ?

La particularité de la période actuelle est que selon les cycles d’accumulation de capital (Braudel, Arrighi), il s’y produira un transfert du cycle américain vers le cycle asiatique, dont les leaders sont actuellement la Chine et le Japon. Des pays dont les économies sont basées sur le modèle postkeynésien reposant sur les principes de collectivisme et de solidarité, aux antipodes de l’individualisme et de la concurrence intrinsèques au modèle anglo-saxon. C’est un changement important qui s’accompagnera de bouleversements dans l’économie mondiale.

Grossièrement, notre économie mondialisée actuelle va se scinder en plusieurs méga-régions, à l’instar de l’UE. On assiste d’ores et déjà à la formation de pôles économiques comme le NAFTA (USA, Mexique, Canada et qui devrait intégrer à terme la Grande-Bretagne), la Chine avec l’ASEAN, les pays d’Amérique latine, la Communauté économique eurasiatique.

Chaque méga-région aura sa devise de base, ses instituts, ses lois et ses règles en matière de relations interétatiques, compte tenu des spécificités culturelles, nationales, religieuses et civilisationnelles des États membres. Ces méga-régions vont tisser entre elles de nouvelles relations au niveau mondial.

D’ici 2020, le monde aura un visage radicalement différent de celui qu’on lui connaît aujourd’hui.

 

Propos recueillis par Hugo Natowicz


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