L'entourloupe du grand marché transatlantique
Il est maintenant établi que les 2 « pères fondateurs » de l’Europe étaient inspirés et financés par la CIA. Dès l’origine, dans une logique impérialiste, le but est de réaliser une union transatlantique sous domination US. Pour certains, il s’agissait de faire face à l’autre empire, l’URSS. Pour d’autres, il s’agit d’éliminer la concurrence en contrôlant les institutions stratégiques, les normes et règlements.
Depuis 2012, l’idée d’un « grand marché transatlantique » prend forme avec la constitution d’un « Groupe de haut niveau » piloté par le commissaire européen au Commerce et son confrère américain. Un projet en est sorti, baptisé « Accord de partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » par Obama, Barroso et Van Rompuy le 13 février 2013. Tous ces projets et documents sont relayés par le très puissant institut euro-américain, le « Transatlantic Policy Network » (TPN). Bénéficiant de l’appui financier d’une multitude de multinationales (Boeing, Microsoft, Nestlé…) et d’une myriade de think tanks (Chatham House, CFR, Bruegel…), le TPN est dirigé par le député anglais au parlement européen, James Elles.
La raison de cette accélération se trouve dans la crise, qui enfonce l’Europe dans la récession et freine la reprise aux USA. L’appauvrissement des classes moyennes européennes est à la fois inéluctable et pour le moment suffisamment progressif pour éviter l’explosion sociale. Le projet part du constat que les échanges UE-USA constituent la moitié des échanges internationaux et s’équilibrent à peu près, alors que les deux marchés sont soumis à la concurrence des marchandises venues des pays émergents. L’idée est de créer une barrière aux importations sur les frontières de la zone UE-USA pour favoriser le développement des échanges intérieurs.
Cette intégration USA/UE permettra d’accorder des droits sans précédent aux entreprises, leur permettant de poursuivre des gouvernements pour des législations ou réglementations qui interfèreraient avec leurs profits, (on pense à l’extraction des gaz de schiste ou l’utilisation d’OGM entre autre). Il s’agit de « fluidifier » les échanges internes, ce qui permettrait, selon la commission européenne, d’augmenter de 28 % les exportations de l’UE vers les USA. Cela se traduirait par, tenez-vous bien, 547 euros d’augmentation de revenu par an pour une famille de 4 personnes ! Et entraînerait, bien sûr, une reprise de l’emploi… Mais on sait ce que valent ces prévisions de « spécialistes ». Et il est probable qu’un tel accord poussera à un alignement par le bas de diverses législations, sur les normes de qualité, sur les normes sanitaires, ou les « exceptions culturelles ». Ce type d’accord vise à libéraliser la circulation des marchandises, c’est-à-dire des biens, des services, des travailleurs, des capitaux et des capacités d’investissement, et à éliminer toutes les entraves au commerce et au bizness. Nos droits, notre niveau de vie vont reculer partout : seuls les superprofits des multinationales en bénéficieront.
On ne peut plus ignorer que la construction européenne n’est rien d’autre qu’un moyen de domination au service du libéralisme et du système capitaliste. Ce n’est pas de la paranoïa. Ce n’est pas exagéré. C’est au contraire de plus en plus irréfutable. L’établissement d’une dictature plus ou moins douce est en cours en Europe. Les libertés individuelles se réduisent comme peau de chagrin sous prétexte de luttes contre le terrorisme, la fraude fiscale, la corruption, la drogue, la pédophilie… et même l’écologie. Les opposants idéologiques les plus actifs sont éliminés en travestissant leur propos, en les marginalisant ou en les ridiculisant. Des pseudos experts et spécialistes se chargent de ringardiser leur discours sur les télévisions en faisant semblant d’analyser leurs propositions dans le but de les discréditer.
La fusion transatlantique par le libre-échange marquerait l’achèvement du processus de colonisation des pays du sous-continent européen par les USA, leurs banques et leurs multinationales. C’est donc pour cela que nos gouvernants tenaient tant à faire passer coûte que coûte leur trahison de Lisbonne, pour mieux livrer tous les pays membres de l’UE d’un bloc à la domination US et les soustraire ainsi à l’influence de la Russie. De plus, ce bloc incohérent en raison des divergences et incompatibilités entre ses membres devenait plus facilement manipulable.
Pour s’en sortir, il faut sortir de l’UE, de l’euro, et bien sûr de l’Otan, car ces institutions supranationales enchainent les travailleurs et imposent le totalitarisme capitaliste. Il est plus que temps qu’à gauche on prenne la mesure de la réalité, en abandonnant l’illusion que cette Europe peut encore se transformer. L’Europe est peut-être la bonne échelle pour créer une Europe sociale, démocratique et pacifique, mais force est de constater que ce premier essai n’est absolument pas concluant. Rien n’empêche ensuite de recommencer une nouvelle expérience, mais sur de nouvelles bases.