De gros, gros, gros nuages sur AREVA, EDF et le nucléaire
EDF et AREVA, grandes entreprises et fiertés nationales, la référence pour le nucléaire… L’analyse de l’économie n’est pas mon secteur, mais ça ne m’empêche pas de me renseigner, et de poser quelques questions, surtout quand le constat est un gouffre pour l’argent public. Parce que, comme disait Coluche, c’est nous qu’on paie.
AREVA en quasi-faillite
AREVA, créé pour devenir leader mondial, est en quasi-faillite grâce à l’excellente gestion d’Anne Lauvergeon. La survie passe par un plan de renflouement qui va coûter 5 milliards € à l’État.
Olivier Fric, businessman et époux d’Anne Lauvergeon, a été mis en examen pour délit d’initié et blanchiment pour avoir bénéficié d’informations privilégiées sur le rachat par AREVA en 2007, de la société minière canadienne UraMin pour 1,8 milliard d’euros, un actif qui s’est effondré en quatre ans, les faits ayant été révélés par un cinglant rapport de la Cour des Comptes. Vous entendrez parler du scandale UraMin.
EDF bien malade
La semaine dernière, Thomas Piquemal, le directeur financier d’EDF, après avoir plusieurs fois alerté, a présenté sa démission. En cause, le projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point, sur la côte ouest de l’Angleterre, pour 23,3 milliards €. Oui, 23,3 milliards… Un montant jugé démentiel, alors que l’EPR finlandais d’AREVA est une impasse ruineuse, et que l’EPR de Flamanville d’EDF a tout du chantier non maîtrisé, avec une échéance peut-être en 2018. De fait, aucun autre groupe ne veut s’engager sur cet investissement aux cotés d’EDF. Le gouvernement pousse, car il ne veut pas entendre parler d’une renonciation à un an des élections, alors que cette renonciation signifierait l’incapacité d’EDF à financer les EPR, vantés comme les investissements du futur. Les syndicats, comme Piquemal, s’opposent à cet investissement qui, en cas d’échec, serait fatal pour l’entreprise.
Début mars, Hollande et Cameron avaient réaffirmé leur soutien au projet d’Hinkley Point : « EDF prépare actuellement tous les éléments nécessaires pour l’annonce de la décision finale d’investissement dans un avenir proche, avec le soutien entier du gouvernement français », Emmanuel Macron soulignant qu’il s’agissait d’un « très bon investissement ».
Bing ! Hier, Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF a annoncé que le projet était repoussé… Le début de la grande marche arrière qui sera l’enterrement de la filiale EPR ?
Et comme si cela ne suffisait pas, EDF a annoncé que pour faire face financièrement, elle devait engager une augmentation de capital de 4 milliards €, dont 3 pour l’État, actionnaire à 85%. Il faut donc trouver 3 milliards !
EDF découvre qu’elle doit se recentrer sur son activité traditionnelle, avec la nécessité de financer la maintenance des 58 réacteurs nucléaires français, soit entre 50 à 70 milliards € sur dix ans.
À part ça tout va bien et la filière nucléaire est toujours une fierté nationale.
- Source : 20minutes