Scandale Olympique : Claire Michel, triathlète belge, hospitalisée après une baignade dans la Seine infectée par E.coli
Claire Michel, triathlète belge, est hospitalisée après avoir contracté une infection à E.coli suite à une baignade dans la Seine. Malgré les avertissements sur la qualité de l'eau, le Comité Olympique a mis en danger la santé des athlètes.
La gestion des compétitions sportives par le Comité Olympique a encore une fois montré son visage impitoyable. Selon le quotidien belge De Standaard, Claire Michel, triathlète de renom, a été hospitalisée après avoir nagé dans les eaux douteuses de la Seine, poussant l’équipe belge à se retirer du triathlon mixte de lundi.
L’athlète, alitée depuis quatre jours, souffre d’une infection due à la bactérie E.coli, connue pour causer de sévères troubles gastriques. Cette infection semble directement liée à sa baignade dans la Seine la semaine dernière. La question brûlante est de savoir comment une telle négligence a pu se produire, malgré les avertissements évidents concernant la qualité de l’eau.
Na wedstrijd in vervuilde Seine: triatlete Claire Michel in ziekenhuis, Belgisch team moet opgeven voor gemengde triatlon https://t.co/7nBcHpyifR pic.twitter.com/WYMscECKZx
— Nieuwsblad Sport (@nieuwsbladsport) August 4, 2024
Il est presque ironique de rappeler que la course dans la Seine avait déjà été reportée en raison de la mauvaise qualité de l’eau. De plus, les deux séances d’entraînement prévues dans le fleuve parisien avaient été annulées à cause de la pollution. Mais, apparemment, ces signaux d’alarme n’ont pas suffi à dissuader le Comité Olympique de mettre en péril la santé des athlètes.
Avec une précision chirurgicale, les organisateurs ont réussi à ignorer tous les indicateurs de danger. Que sont quelques bactéries face au prestige d’une compétition internationale ? La santé des athlètes ? Un détail insignifiant à balayer sous le tapis de l’honneur olympique.
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Exclusif: les organisateurs ne connaissaient pas l’état de la Seine lors du triathlon
Les autorités municipales parisiennes ne connaissaient pas le niveau de contamination de la Seine lors des épreuves de triathlon disputées mercredi matin, a appris Le Journal.
«Les résultats des dernières analyses d’eau reçus [...] ont été jugés conformes», a annoncé le comité organisateur des Jeux de Paris quelques heures avant l’épreuve, mercredi.
Les athlètes ont ainsi pu se jeter dans la Seine pour ce triathlon disputé sur un site à faire rêver. Les 2,1G$ investis publiquement pour assainir l’eau de la Seine et y présenter des épreuves olympiques prennent un peu plus de sens, finalement.
Mais la réalité, c’est qu’au moment de la course, le niveau de contamination était inconnu, m’a confirmé une source impliquée avec la Ville de Paris après que je lui ai présenté les informations qui suivent.
Le comité organisateur a expliqué s’être basé sur des analyses d’eau reçues à 3h20.
Le problème, c’est qu’il a plu de 4h à 8h, entre leur décision et le début de l’épreuve.
De grosses variations
La contamination de la Seine varie principalement en raison des pluies. C’est simple. Quand il mouille, les eaux usées et contaminées aboutissent dans le fleuve. Et quand il fait beau, le soleil tue les bactéries. Ainsi, la Seine peut être pas si pire pour la baignade et être carrément dangereuse pour la sécurité trois heures plus tard.
Photo AFP
Par exemple, le triathlon aurait pu se tenir si c’était le 11 juillet. Mais le 12 juillet, la Seine est 15 fois plus contaminée que la norme maximale pour se baigner au Québec. Ce sont les chiffres officiels de la mairie de Paris.
Les organisateurs ont indiqué, mercredi matin, que le niveau d’E. coli se situait entre 488 et 770 (UFC) pour 100 ml d’eau. Au Québec, la limite pour se baigner, c’est 200. À Paris, 1000 était la limite maximale pour tenir l’épreuve. L’eau est ainsi conforme.
Mais il était impossible de connaître avec précision cette donnée en raison des averses. Dès qu’il pleut, les tests deviennent caducs. Et les tests homologués pour mesurer le niveau de contamination nécessitent au moins 48 heures en vertu de la directive européenne sur les eaux de baignade, m’a expliqué jeudi matin Lionel Cheynus, porte-parole de la fondation Surfrider, qui surveille la qualité des plans d’eau pour la baignade dans le monde.
Fluidion, une petite entreprise française, a développé une nouvelle technologie pour tenter de suivre en direct la qualité de l’eau de la Seine. On constate que les résultats de leurs tests sont bien différents de ceux annoncés par le comité organisateur.
Non sécuritaire?
Durant le triathlon, la contamination a varié entre 516 et 867, selon leurs analyses. En incluant les agrégats de particules (bactéries attachées à des particules fécales ou à des sédiments), le niveau de contamination varie entre 1518 et 3538. Cette donnée, qui inclut les agrégats de bactéries, n'est pas incluse dans d'autres méthodes d'analyse.
Ces agrégats de bactéries, contenant une «large quantité de E. coli et potentiellement d'autres pathogènes, étaient présents dans l'eau et ont fait monter le niveau de E. coli pour la méthode du calcul incluant les agrégats de bactéries à un seuil supérieur, de façon significative, au niveau acceptable», peut-on lire sur le site internet de Fluidion sur la page «Paris 2024- Qualité de l'eau de la Seine» qui provient de l'initiative Olympics Open Data de Fluidion.
«La qualité de l’eau était potentiellement non sécuritaire durant le triathlon», mentionne également l'entreprise.
Photo AFP
«Le risque est beaucoup plus grand» que ce qui a été annoncé, croit l'entreprise à la lumière de ses tests.
«Nous ne souhaitons pas que les athlètes soient malades après avoir été exposés à l'eau de la Seine [...] Bravo aux athlètes pour leur merveilleuse compétition».
Jeudi après-midi, le comité organisateur a indiqué avoir reçu des résultats des prélèvements qui nécessitaient 24h pour être connus. L'eau de la Seine était «très bonne», à leur avis.
Le niveau de contamination a varié de 192 à 308, selon leurs données, ce qui détonne avec d'autres analyses.
L’association Surfrider, qui avait sonné l’alarme en avril dernier sur la qualité de l’eau de la Seine, s’est dite « étonnée» que le triathlon ait eu lieu. Son porte-parole, Lionel Cheynus, avait recommandé de ne pas tenir l’épreuve en cas d’averses dans la nuit avant l’épreuve.
Eau de Paris, l’organisme municipal qui gère tout ce qui concerne l’eau à Paris, a refusé de répondre à nos questions, nous orientant vers la mairie.
Le cabinet de la mairesse, Anne Hidalgo, n’a pas donné suite à nos questions.
Rappelons que depuis le 23 juillet, la mairie de Paris a cessé de publier quotidiennement sur son site internet le niveau de contamination de la Seine.
Source Jean-Nicolas Blanchet - Le Journal de Québec
- Source : Le Média en 4-4-2